Pour la première fois de leur histoire, les États-Unis ont modifié leur stratégie nucléaire, qui sera désormais axée sur la montée en puissance de l’arsenal nucléaire chinois. Selon les informations du New York Times publiées mardi, le président Joe Biden aurait approuvé cette réorientation en mars dernier, dans un document intitulé « Nuclear Employment Guidance » (« Guide pour l’emploi dans le secteur nucléaire »), mis à jour tous les quatre ans, et, surtout, hautement classifié. Si bien qu’il n’existe aucune version dématérialisée : seul un nombre limité de copies papier sont confiées à une poignée de responsables américains.
Dans sa dernière version, le Pentagone estime que les stocks nucléaires chinois pourraient, au cours de la prochaine décennie, venir à rivaliser avec la taille et la diversité des arsenaux américains et russes. Aussi, les États-Unis devraient se préparer à d’éventuelles confrontations coordonnées avec la Chine, la Russie et la Corée du Nord.
La Chine dans le viseur atomique américain
« Le président a récemment émis des directives mises à jour sur l’emploi des armes nucléaires afin de tenir compte de nos multiples adversaires dotés de l’arme nucléaire », avait déclaré, plus tôt ce mois-ci, Vipin Narang, un stratège du Département de la défense des États-Unis, citant « en particulier » la Chine.
Toutefois, mercredi, Sean Savett, porte-parole de la Maison-Blanche, s’est montré auprès de Reuters plus pondéré en réagissant à la publication de l’article du New York Times : « Les directives publiées plus tôt cette année ne [constituent] pas une réponse à une entité, un pays ou une menace en particulier », a-t-il assuré.
Ces propos plus timorés découlent d’une réaction négative de la Chine à l’annonce de cette nouvelle, lors d’un point presse un peu plus tôt le même jour. « La Chine est sérieusement préoccupée par le rapport concerné. Comme nous l’avons vu ces dernières années, les États-Unis affirme que la Chine constitue une « menace nucléaire », utilisant cet argument comme un prétexte opportun pour échapper à leur obligation de désarmement nucléaire, accroître leur propre arsenal et viser une prédominance stratégique absolue », a martelé le porte-parole du ministère chinois des Affaires étrangères, Mao Ning.
Et de l’assurer : « La Chine maintient constamment ses capacités nucléaires au strict minimum nécessaire pour assurer sa sécurité nationale. Nous n’avons aucune intention de participer à une course aux armements avec d’autres nations. […] Les États-Unis sont la principale source de menaces nucléaires et de risques stratégiques à l’échelle mondiale. La Chine appelle les États-Unis à respecter leur obligation première en matière de désarmement en procédant à des réductions drastiques et significatives de leur arsenal nucléaire. »
Selon le think tank américain Heritage Foundation, la Chine serait toutefois bel et bien engagée dans une course à l’armement nucléaire, ayant annuellement fabriqué 100 nouvelles ogives atomiques au cours des trois dernières années. Durant les deux prochaines décennies, le Parti communiste pourrait développer un arsenal nucléaire plus grand et plus avancé que celui des États-Unis : c’est pourquoi « face aux ambitions mondiales de la Chine, les décideurs politiques devraient agir en tenant compte du fait que la Chine ne vise pas la parité, mais bien la supériorité nucléaire face aux États-Unis », écrit-il.
La menace nucléaire, thème de la présidentielle américaine
Le sujet d’une éventuelle guerre nucléaire s’invite désormais dans la présidentielle américaine. Si Kamala Harris n’a pas mentionné la question chinoise lors de son discours au dernier jour de la convention nationale du parti démocrate, à Chicago, le 22 août, ni même son colistier Tim Walz, dont les liens et les éloges envers la Chine sont régulièrement fustigés par le camp d’en face, Donald Trump et JD Vance en font un sujet central de campagne.
« Si nous ne faisons pas attention, Kamala Harris pourrait nous entrainer directement dans une guerre nucléaire », n’a pas hésité à affirmer le sénateur de l’Ohio lors d’un meeting en Caroline du Nord, le 21 août. Les Chinois « sont prêts à mentir, voler et tricher pour l’emporter. Ils ont menti sur le déclenchement du Covid-19, trichent et ignorent les règles du commerce, commettent des vols de propriété intellectuelle américaine. Kamala Harris laisse la Chine s’en tirer à chaque fois, avec l’aide de Tim, son complice pro-Chine. »
Donald Trump, dénonçant « la faiblesse » et « l’incompétence » de Joe Biden et de Kamala Harris, a de son côté partagé ses inquiétudes concernant un rapport du Pentagone qui met en question les chances de victoire des États-Unis en cas de guerre prolongée avec le régime chinois, étrillant par ailleurs l’épuisement de l’armement américain : « Vous savez pourquoi ! Parce que nous avons donné gratuitement nos munitions à l’Ukraine et d’autres pays ». Le candidat républicain a également annoncé attendre la démission de tous les hauts gradés militaires « responsables du désastre de l’Afghanistan », et ce « dès midi le jour de l’inauguration » : « Quand se produit un désastre aussi stupide que celui-ci, cela nous cause des problèmes. Vous n’imaginez pas l’impact que cela a eu sur notre réputation ».
Selon un rapport réalisé par le think tank américain Center for a New American Security (CNAS) et relayé ce 22 août par The Economist, les États-Unis, s’ils devaient intervenir dans quelques années pour défendre Taïwan contre une invasion, pourraient rapidement se retrouver à court d’armes conventionnelles et confrontés à l’utilisation d’armes nucléaires par une Chine désireuse « d’abréger la guerre en contraignant l’Amérique à la reddition » : ce scénario « est extrêmement plausible ».
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