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Faire de l’apprentissage une «voie royale»

mai 21, 2015 13:47, Last Updated: septembre 6, 2015 9:07
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Ce mardi 12 MAI, Manuel Valls a réuni les partenaires sociaux, le ministre du Travail et les présidents de conseils régionaux. Objectif: compter 500.000 apprentis dans les entreprises françaises d’ici à 2017 – contre 300.000 actuellement. Beaucoup, comme Pierre Gattaz, patron du Medef, aimeraient faire de l’apprentissage une «voie royale». À cet effet, les mesures se suivent et s’accumulent depuis quelques années. Nicolas Sarkozy avait ainsi voté l’exonération de charges et la réforme de la taxe d’apprentissage. En 2013, François Hollande a offert une aide de 1.000 euros par apprenti et par an pour les TPE. Mais les résultats ne sont pas au rendez-vous : en fin 2014, on comptait 100.000 apprentis en moins dans notre pays.

Dans un rapport récent, l’institut Montaigne évoque l’apprentissage comme le «vaccin contre le chômage des jeunes».

Le think-tank économique français se base sur certains indices observés dans notre pays, mais surtout sur le modèle allemand, qui a su réussir en se dotant, d’après les auteurs du rapport, de «mécanismes objectifs».

Intégrer l’apprentissage dans l’enseignement professionnel

En France, l’un des premiers obstacles que l’on observe – et peut être le plus important, est l’intégration de l’apprentissage au sein du système éducatif. Depuis le collège unique, instauré en 1970, voie générale rime avec réussite et apprentissage avec échec scolaire. De plus, l’institut observe que dans notre pays, les apprentis sont soit peu qualifiés (42% niveau CAP), soit fortement qualifiés  (31 % hautes études).

En Allemagne, trois voies coexistent, combinant à différents degrés des enseignements généraux, professionnels et technologiques. De plus, 300 professions exigent une formation acquise par l’apprentissage.

«Vous rencontrez un vendeur de voiture, un mécanicien, un laborantin, un employé au guichet d’une banque: légalement vous savez qu’ils ont été apprentis», explique Bertrand Martinot, économiste de l’institut.

D’après lui, la voie professionnelle est toute désignée pour former des apprentis. Or, à ce jour, seuls 16% des bacheliers pro s’engagent dans l’apprentissage; quand bien même il apparaît que le risque de chômage est divisé par deux quand ils prennent ce choix. «C’est dans les lycées professionnels qu’il faut trouver le réservoir d’apprentis, en décrétant qu’un diplôme de Bac professionnel ne peut s’obtenir que par l’apprentissage», plaide Bertrand Martinot, citant encore qu’en Allemagne, «l’apprentissage est simplement « la » voie, la voie normale pour accéder aux métiers de niveaux Bac».

Plus d’apprentis dans les entreprises?

«Alors qu’en Allemagne, le système de l’apprentissage repose sur une remarquable stabilité des textes législatifs (loi fondatrice de 1969, révisée une seule fois, en 2005), en France, le cadre législatif est particulièrement instable», remarquent encore les auteurs du rapport. Une affirmation courante chez les chefs d’entreprises, pour qui embaucher un apprenti relève encore du défi. Seuls 3,5% d’entre eux s’y risquent, contre 20% outre-Rhin. L’organisation patronale CGPME déplore qu’une «confusion et une absence de lisibilité couplées à une baisse de l’activité économique, ont contribué à une chute du nombre des contrats d’apprentissage».

Aux nombreuses mesures formant un mille-feuille administratif s’ajoute la multiplicité des compétences partagées par différents acteurs (ministères de l’Éducation nationale et du Travail, régions, partenaires sociaux), ce qui rend encore plus difficile la coordination. L’institut Montaigne suggère, entre autres mesures, le transfert de la gestion de l’apprentissage aux régions, avec des dotations qui seraient fournies en fonction des efforts consentis par chaque région et des résultats obtenus – une idée qui va dans le sens de ce que propose l’Association des Régions de France. Les auteurs du rapport suggèrent finalement un pacte national pour l’apprentissage qui s’établirait sur cinq ans et comporterait des objectifs chiffrés et un financement, ainsi qu’une simplification juridique, qui favoriserait l’embauche des apprentis en entreprise.

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