Les chiens d’assistance peuvent être d’excellents compagnons pour les vétérans souffrant de blessures physiques et psychologiques. Une organisation a poussé le concept un peu plus loin en adoptant une approche « donnez au suivant », (ce qui signifie que le bénéficiaire d’une faveur rend une faveur au suivant en passant le relais). Par conséquent, chez Warrior Canine Connection, les anciens combattants s’aident eux-mêmes à guérir en dressant des chiens d’assistance, et aident d’autres anciens combattants en fournissant ces chiens à ceux qui en ont le plus besoin.
Rick Yount, le directeur exécutif de Warrior Canine Connection, basé au Maryland, travaille dans le domaine des services sociaux depuis plus de 30 ans. À Noël 1995, il a reçu en cadeau un chiot golden retriever. À l’époque, il travaillait avec des enfants dans le système de placement en famille d’accueil.
Un matin, alors qu’il se rendait au travail, le chiot l’a regardé dans les yeux et l’a fait culpabiliser pour qu’il l’emmène avec lui. Lorsqu’il est arrivé au travail, il a reçu un appel des Services de protection de l’enfance l’informant qu’un garçon de 11 ans devait être retiré de la maison de sa mère.
« Lorsque nous sommes arrivés dans cette maison, aucun de nous n’avait encore rencontré ce jeune garçon, et nous étions là pour l’enlever à sa mère et le placer dans une famille d’accueil dans un autre comté. Il allait donc vivre dans une famille qu’il n’avait jamais connue dans un autre comté, ce qui en soi était extrêmement traumatisant pour ce garçon. Il a immédiatement pleuré. Il pensait que sa vie était en train de s’effondrer », se souvient M. Yount.
Connexions canines
Pendant qu’il conduisait le garçon à la maison d’accueil, le silence a remplacé les sanglots. Il a regardé dans son rétroviseur et a vu son golden retriever de quatre mois avec sa tête sur les genoux du garçon. À ce moment, il a vu le réconfort que le chiot était capable de lui apporter et qu’il n’avait pas pu donner. C’est cette expérience qui l’a motivé à incorporer la thérapie assistée par les animaux dans son travail et, avec le temps, M. Yount a découvert à quel point la thérapie assistée par les animaux pouvait devenir efficace.
M. Yount a toujours été inspiré par l’esprit de guerrier et la fraternité qui existe entre les anciens combattants, et il a pensé que s’il pouvait combiner le pouvoir de la connexion humain-chien avec cet esprit de guerrier, cela serait très efficace dans le processus de guérison des anciens combattants qui luttent contre les traumatismes crâniens et le SSPT (syndrome de stress post-traumatique).
« Franchement, j’étais persuadé que personne d’autre qu’un ancien combattant ne pouvait prendre autant à cœur le dressage des chiens d’assistance pour les autres anciens combattants », a-t-il dit.
Après avoir développé l’idée dans le cadre d’un programme pilote à l’hôpital des anciens combattants de Palo Alto en 2008, appelé Paws for Purple Hearts, M. Yount a fondé Warrior Canine Connection en 2011.
À Warrior Canine Connection, les vétérans qui sont aux prises avec la LCT, (lésion cérébrale traumatique) et le SSPT doivent motiver le chien à apprendre les tâches requises pour devenir un chien d’assistance. L’entraînement d’un chien d’assistance exige également de la patience, ce qui aide les vétérans à réguler leurs émotions. Toutefois, pour ce faire, les vétérans doivent développer un lien avec le chien.
Par ailleurs, il existe une composante biologique qui suggère que la relation entre les humains et les animaux familiers tels que les chiens peut être bénéfique pour les vétérans souffrant de SSPT et de LCT.
Selon Megan Daley Olmert, directrice de la recherche chez Warrior Canine Connection, qui travaille dans le domaine de la biologie du lien humain-animal depuis plus de 30 ans, l’ocytocine joue un rôle crucial entre le lien social et le fonctionnement du cerveau.
« Nous savons maintenant que lorsque vous regardez votre chien, lorsque vous lui parlez de manière claire et positive, lorsque vous le caressez, lorsque vous le brossez, lorsque vous êtes impliqué de manière affectueuse et sociable avec votre chien, vous libérez de l’ocytocine », a expliqué Mme Olmert.
Formation
Le processus d’entraînement commence par les ordres de base et l’apprentissage du chien pour qu’il devienne facilement obéissant. Les tâches plus avancées que les vétérans apprennent à faire faire aux chiens comprennent la récupération d’objets, l’allumage des lumières, l’ouverture des portes, l’aide aux personnes pour monter et descendre les escaliers et la traction des fauteuils roulants. Les vétérans entraînent également les chiens à réagir aux signaux de stress tels que les cauchemars.
De plus, les vétérans développent des compétences en communication tout en entraînant les chiens. Ils apprennent à commander un chien d’une voix autoritaire, suivie d’un compliment aussitôt la tâche accomplie.
« Un vétéran qui vit une insensibilité émotionnelle doit tout à coup utiliser l’affect positif pour réussir à mener à bien cette mission de dressage du chien », a expliqué M. Yount.
Le dressage des chiens d’assistance exige également de les sortir en public, ce qui aide les anciens combattants qui luttent contre la solitude. Lorsqu’un ancien combattant emmène un chien dans un lieu public, les gens vont venir lui parler du chien.
« Ils découvrent après de nombreuses et nombreuses rencontres avec des inconnus qui s’approchent d’eux qu’un inconnu n’est pas synonyme de danger. En fait, tout ce que ces gens veulent faire, c’est parler du chien », a dit Mme Olmert.
Les vétérans enseignent également aux chiens d’assistance et à eux-mêmes que le monde est un endroit sûr. Par exemple, le chien doit apprendre à ne pas être effrayé par un bruit fort et, en fait, le vétéran devient moins craintif face aux bruits forts. Un vétéran qui a peut-être été traumatisé par des bruits forts comme des coups de feu ou à des explosions violentes en est de moins en moins affecté.
La vie de famille
Le dressage des chiens se répercute sur la vie des anciens combattants à la maison, car ils apprennent à être patient, à savoir communiquer, acquièrent le sentiment d’être utile et d’avoir un but.
« Lorsqu’ils rentrent chez eux et qu’ils ont un garçon de 13 ans à qui ils demandent de sortir la poubelle et qu’il ne le fait pas sur le champ, plutôt que d’en être vraiment contrarié et de s’énerver, cette patience qu’ils ont pratiquée avec le chien les aide à mieux appréhender les actes quotidiens de la vie de famille, simplement en faisant descendre la pression », a dit M. Yount.
Une fois que le garçon sort la poubelle, le vétéran félicite l’enfant, tout comme il félicite le chien d’assistance qu’il a entraîné, ce qui génère un renforcement efficace et positif.
L’un des anciens combattants avec lesquels M. Yount a travaillé était un instructeur d’exercice du Corps des Marines qui souffrait du SSPT. L’un de ses problèmes était qu’il était trop dur avec son fils de 3 ans, et sa femme avait déposé une demande de divorce en conséquence. Cependant, la patience et le ton bienveillant qu’il avait pratiqués avec le chien d’assistance qu’il entraînait l’ont aidé à établir un lien avec son fils et ont sauvé son mariage.
Dans un autre cas, M. Yount enseignait des compétences de parentalité à un groupe d’anciens combattants en se servant du dressage de chiens comme exemple. Un Navy SEAL, (un soldat de la principale force spéciale de la marine de guerre des États-Unis) de la classe partageait son expérience d’enfance en décrivant comment son père le frappait à coup de balles de baseball pour le faire tomber d’un arbre à coup s’il prenait plus de deux secondes à redescendre. Ainsi, effrayé, il avait appris à descendre de l’arbre très rapidement lorsque son père lui en intimait l’ordre.
C’est alors qu’en parlant, une broche est tombée du chapeau du marine. Le chien d’assistance que M. Yount avait amené a entendu la broche tomber. M. Yount a demandé au marine de tendre la main au chien, qui de lui-même, sans aucun ordre, a récupéré la broche et l’a déposée dans sa paume.
« Pensez-vous qu’il a fait ça parce qu’il a peur de ne pas le faire, ou parce qu’il voulait la rapporter ? » a-t-il demandé au marine. « Maintenant ma deuxième question est, voulez-vous que vos enfants fassent la bonne chose parce qu’ils ont peur de vous quand vous êtes là, ou voulez-vous qu’ils fassent la bonne chose d’eux mêmes parce que c’est la bonne chose à faire ? » Grâce à cette présentation, M. Yount a pu toucher le marine.
L’impact
Près de 5 000 anciens combattants ont participé au programme de Warrior Canine Connection et 70 chiens d’assistance ont été placés chez des anciens combattants qui en ont besoin. Un de ceux qui ont obtenu un chien d’assistance est David Rabb, un colonel de l’armée américaine à la retraite qui a servi en Irak et en Afghanistan.
M. Rabb a subi ce que l’on appelle un préjudice moral après avoir été victime d’un accident vasculaire cérébral en 2015. Il s’est senti trahi par les dirigeants de l’armée après qu’ils l’ont accusé d’avoir causé son propre accident vasculaire cérébral et, par conséquent, a développé d’importants problèmes de confiance, en particulier au sein de sa propre famille. Il a également lutté – et continue de lutter – contre l’hypervigilance en raison du syndrome de stress post-traumatique.
En 2007, alors qu’il se trouvait à l’hôpital d’Anciens Combattants à Palo Alto, il a rencontré M. Yount et a découvert le programme Paws for Purple Hearts. Après son retour d’Afghanistan, M. Rabb a repris contact avec lui et a pu obtenir un chien d’assistance nommé Gunny Quail de Warrior Canine Connection.
Gunny Quail a énormément aidé M. Rabb à surmonter ses blessures psychologiques. Lorsqu’il sort de chez lui, le labrador le fait se sentir en sécurité. S’il commence à ressentir des émotions, Gunny Quail peut le sentir et l’encourage, ce qui aide M. Rabb à gérer ses émotions. Pour lui, ce chien a changé sa vie.
« Gunny est une force tranquille. Il m’apporte la paix. Je suis en paix rien qu’en le regardant », a-t-il dit.
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