Les premières relations diplomatiques entre la France et la Chine datent d’il y a plus de trois siècles. À cette époque, la Chine vivait une période de paix, sous l’égide d’un empereur chinois appelé « Le Pacifique ». Les deux pays étaient à ce moment à l’apogée de leur histoire – avec Kangxi et Louis XIV –, et leur relation se traduisait par une ouverture dans les domaines des arts, de la culture et des sciences.
Plus de trois cents ans plus tard, cette amitié historique entre les deux pays reste toujours présente et palpable, mais le monde a changé. On n’échange plus de porcelaine de Chine, on vend des milliards d’euros de technologie. On ne parle plus de traités de mathématiques, on discute de contrats les yeux rivés sur le stylo.
Le contexte des deux pays a également changé. La Chine, autrefois pacifique, est un pays maintenant dirigé par une dictature militaire moderne, où les dissidents, journalistes, avocats, intellectuels, etc. sont emprisonnés et torturés. Parmi les trois pays les moins ouverts au monde (avec la Corée du Nord et l’Iran), elle n’autorise aucune liberté de croyance, ni aucune liberté de la presse. La France, autrefois si prompte à défendre les droits de l’homme, ferme maintenant les yeux pour quelques milliards d’euros de plus – et certains semblent trouver cela « normal ».
Mais on peut se consoler en se disant que le gouvernement français fait des affaires avec la « bonne faction » chinoise.
Car même si les atteintes aux libertés restent toujours nombreuses en Chine après l’arrivée au pouvoir de Xi Jinping, (955 cas d’activistes ou « défenseurs des droits de l’Homme » privés de leur liberté en 2014, selon l’ONG Chinese Human Rights Defenders), elles le sont quand même moins que sous le règne de son prédécesseur Jiang Zemin. Celui-ci avait en effet organisé un vaste réseau de répression au sein du peuple chinois et institutionnalisé des prélèvements d’organes à grande échelle sur les prisonniers de conscience du Falun Gong. Un réseau d’influence toujours actif au sein du gouvernement, mais qui est devenu la cible majeure de la campagne anti-corruption menée par Xi Jinping depuis 2012.
On avait pourtant assisté à un dérapage diplomatique il y a quelques mois, quand François Hollande avait reçu à l’Élysée, le fondateur d’Alibaba Jack Ma. L’entreprise du géant chinois avait parmi ses fonds, la société Boyu Capital appartenant au petit-fils de Jiang Zemin. Alibaba, du fait de ses relations avec l’ancienne faction rouge, avait perdu en février 28 milliards d’euros en deux jours, suite à l’intervention des autorités de régulation chinoise. Des grands groupes étrangers installés en Chine tels que Mercedes, Microsoft, JPMorgan Chase, etc. avaient subi de même les conséquences du nouvel ordre économique chinois du fait de leur collusion avec le régime de Jiang Zemin.
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20 milliards d’euros de contrats à la clé
La semaine dernière à Toulouse, le dérapage semblait mieux contrôlé avec la visite officielle du Premier ministre chinois Li Keqian. Accompagné par 200 chefs d’entreprises chinois, plusieurs secteurs de la coopération économique entre les deux pays ont été renforcés avec la signature d’une vingtaine de milliards de contrats avec des entreprises certifiées par la nouvelle faction au pouvoir.
53 accords ont été signés, dans les différents domaines de l’aéronautique (contrats de livraisons de 75 Airbus A330 pour une valeur de 16 milliards d’euros), du transport maritime (création d’un fonds d’investissement de 900 millions d’euros avec la CMA CGM), de l’énergie (contrats signés avec Engie, EDF, Areva, Alstom ou Suez environnement), de l’électronique (partenariats stratégiques de 500 millions avec Schneider Electric et 1,3 milliard d’euros avec Alcatel Lucent), des loisirs (installation par Pierre & Vacances de Centers Parcs en Chine et en Asie), etc.
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Dans ce contexte, un certain soulagement a pu se faire sentir dans les rangs français et la nouvelle déclaration d’amour à la Chine était sincère. Mais si la France a parlé de droits de l’homme, personne ne l’a entendu.
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