La formation d’un gouvernement en France s’est heurté ce mercredi à des tensions croissantes entre le Premier ministre Michel Barnier et le camp du président Emmanuel Macron qui exige une « clarification » sur sa place dans la future équipe et la ligne que compte suivre l’ancien commissaire européen.
Deux réunions reportées coup sur coup, la question d’éventuelles hausses d’impôt dans le viseur des partis, et un flou qui persiste deux semaines après sa nomination : alors qu’il a promis de nommer une équipe dans les prochains jours, Michel Barnier semble contraint de temporiser dans ses consultations.
Si le Premier ministre s’est rendu à l’Élysée dans la journée pour s’entretenir avec Emmanuel Macron, selon une source au sein de l’exécutif, une réunion avec des ténors macronistes d’Ensemble pour la République (EPR) prévue dans la matinée a été reportée sine die.
Une succession de réunions déprogrammées
Une rencontre avec des dirigeants de son propre parti Les Républicains (LR, droite), prévue dans la soirée, a également été déprogrammée. Pour LR, le motif du report n’a pas été fourni. Quant à la réunion avec les macronistes qui devaient être conduits par le patron des députés EPR Gabriel Attal, des raisons d’agenda ont officiellement été avancées.
Michel Barnier – ancien commissaire européen chargé le 5 septembre de former un gouvernement par M. Macron – a livré une déclaration à l’AFP dans laquelle il souligne qu’il « découvre » une « situation budgétaire très grave », visant directement l’ancienne équipe gouvernementale dirigée par M. Attal.
Le jeu de dupes pour rester au gouvernement
Michel Barnier se dit actuellement « très concentré sur la constitution prochaine d’un gouvernement d’équilibre » pour « traiter avec méthode et sérieux les défis » du pays. Avec les macronistes et LR, il n’aurait qu’une majorité relative.
Dans un message mardi soir, Gabriel Attal déplorait « ne pas avoir encore une visibilité claire sur la ligne politique – notamment sur d’éventuelles hausses d’impôts – et sur les grands équilibres gouvernementaux ». Autrement dit, la place réservée au camp présidentiel par rapport aux Républicains, le parti de M. Barnier.
Le nouveau Premier ministre aurait évoqué auprès de plusieurs interlocuteurs une hausse des prélèvements fiscaux. Son entourage a démenti mardi, affirmant qu’il ne s’agit que « de pures spéculations » et renvoyé à sa première interview télévisée dans laquelle il avait évoqué « la justice fiscale » sans davantage de précisions. « Nous sommes déjà le pays où la charge des impôts est la plus forte », a remarqué Michel Barnier mercredi dans sa déclaration à l’AFP.
Que faire, en cas de désaccord ?
Le ministre macroniste de l’Intérieur sortant Gérald Darmanin a jugé mercredi « hors de question » de participer dans un gouvernement qui augmenterait les impôts ou même de le « soutenir ». Alors que le Premier ministre renvoie ses interlocuteurs à sa déclaration de politique générale début octobre – y compris sur des sujets potentiellement clivants comme l’immigration -, « on ne va pas rentrer dans un gouvernement sans savoir ce qui va se passer », a-t-il remarqué. « Parce que si on n’est pas d’accord, qu’est ce qu’on fait? »
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