Résumer Françoise Hardy, décédée à l’âge de 80 ans, à une idole des sixties ou à son couple-showbiz avec Jacques Dutronc ne suffit pas : voix délicate, mélancolie et allure androgyne en ont fait une icône pop, statut qu’elle réfutait.
Le succès de « Tous les garçons et les filles » (1962), alors qu’elle n’a que 18 ans, aurait pu l’enfermer dans la case « vedette yéyé ». Mais sa modernité – silhouette élancée et moue timide sous cheveux longs et frange – en fait immédiatement une égérie, immortalisée à l’international par le photographe-star William Klein pour le magazine Vogue.
« For Françoise Hardy/At the Seine’s edge/A giant shadow/Of Notre-Dame » lit-on sur la pochette d’« Another Side » de Bob Dylan, qui l’associe dès 1964 à la Seine et Notre Dame.
« Chanter est quelque chose qui ne m’est pas naturel »
Filet de voix évanescent, caractère réservé, élégance parisienne : c’est la signature Françoise Hardy, qui inspirera les créateurs en tout genre, de la musique à la mode. À son corps défendant : « Quand j’entends prononcer le mot d’icône à mon propos, je trouve cela ridicule », dira-t-elle au quotidien Libération.
« J’aimais Suicide, le Velvet Underground, mais j’aimais vraiment Françoise Hardy et c’était un truc de fou pour l’époque, presque une provocation de dire ça », explique en 2019 Étienne Daho à l’AFP, revenant sur ses années 1980.
Dire que l’intéressée a toujours eu du mal à s’assumer devant un micro. « Chanter est quelque chose qui ne m’est pas naturel », livre-t-elle dans le documentaire d’Arte, La discrète, titre idéal pour cette chanteuse fuyant le star-system.
Pourtant, dans le classement des 200 meilleurs chanteurs de tous les temps du magazine américain Rolling Stone en 2023, elle est l’unique représentante de la France.
Idéal féminin
Mais son héritage va au-delà du champ musical. Leyla Neri, directrice de la mode à l’école The New School Parsons Paris, expose ainsi à l’AFP en 2016 l’influence des « Françoise Hardy, Jane Birkin » sur les podiums, avec des mannequins qui « ont commencé à sourire beaucoup moins, à être plus androgynes, à marcher plus droit ».
Logique pour celle qui portait si bien André Courrèges ou Paco Rabanne. Mais incongru aux yeux de celle qui ne s’aimait pas. La faute à une grand-mère lui répétant qu’elle était « affreuse », « que jamais » elle ne plairait « à personne » (Libération). Les éloges ne manquaient pas pourtant.
« Quand Mick Jagger a dit que je représentais son idéal féminin, oh ! là, là… Cette phrase-là me sortait de mon image de jeune fille naïve au physique ingrat », commente-elle sur France Inter.
Les sixties en font donc une étoile. D’où venait-elle ? Elevée avec sa sœur à Paris par une mère seule, issue d’un milieu populaire, cette solitaire a forcé son destin, entre la première guitare demandée à 16 ans et un passage au Petit conservatoire de la chanson de Mireille.
« Je me passerais très bien de faire de la scène »
Elle poussera la porte de Vogue fin 1961 en se disant, peu confiante, qu’elle a plus de chances d’y être signée car elle ne trouve pas la maison de disque très regardante sur certains habillages sonores…
Les succès s’enchaîneront, écrits par elle ou d’autres comme Serge Gainsbourg (Comment te dire adieu). Avec toujours ce peu d’appétit pour la lumière. « Moi personnellement je me passerais très bien de faire de la scène » (France Culture).
Côté vie privée, on retient sa relation avec le photographe Jean-Marie Périer puis Jacques Dutronc, qui deviendra son mari et avec qui elle aura un fils, Thomas, lui-même chanteur.
Mais l’histoire avec l’homme de sa vie aura un goût amer. « Dès notre rencontre, Jacques a mis des distances entre nous ». C’est le thème de « Message personnel » (1973), tube écrit par Michel Berger. Avec Dutronc, ils vivront chacun à leur étage de leur immeuble parisien avant leur séparation. Mais une réelle complicité les unit, même si le chanteur a refait sa vie en Corse. « Jacques a été, est toujours, l’homme de ma vie et notre lien me semble indestructible », confesse-t-elle à l’AFP en 2021.
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