Un rapport publié par la Victims of Communism Memorial Foundation (Fondation à la mémoire des victimes du communisme, VOC) présentent certains fichiers provenant des dossiers de la police du Xinjiang ayant fuités. Ces fichiers constituent des preuves « absolument choquantes » des abus et des brutalités continuels infligés à la population ouïghoure dans la région de l’extrême ouest de la Chine, selon Andrew Bremberg, président de la fondation et ancien ambassadeur des États‑Unis aux Nations unies.
Selon M. Bremberg, ces « fichiers de la police du Xinjiang », représentent un « énorme volume d’informations sans précédent dans leur genre ». Ils contiennent les données personnelles de centaines de milliers de personnes détenues. Les observateurs estiment que le régime chinois détient plus d’un million de Ouïghours et membres d’autres minorités ethniques musulmanes dans son réseau de camps de concentration du Xinjiang.
Les fichiers présentent « de nombreux détails incriminant le système de camps d’emprisonnement chinois en interne », a déclaré VOC dans un communiqué de presse le 23 mai, décrivant ensuite le contenu des fichiers de manière plus détaillée.
Ces documents, nous dit‑on, recèlent des milliers d’images de prisonniers ouïghours, des enfants, des hommes, des femmes âgées, ainsi que des photos de policiers et de gardiens en train de les menotter et de les enchaîner.
En plus des images de prisonniers aux mains des gardiens, les dossiers contiennent des directives et des ordres de haut niveau émanant de responsables du Parti communiste chinois (PCC) concernant leur répartition et la manière dont ils doivent être traités. Dans une des directives, Chen Quanguo, ancien secrétaire du Parti du Xinjiang ordonne à la police et aux fonctionnaires de traiter les membres de toutes ces minorités ethniques comme des criminels violents.
Les dossiers présentent également le discours d’un « fonctionnaire du gouvernement central » anonyme, selon lequel le dirigeant chinois Xi Jinping a donné l’ordre d’augmenter le financement et le nombre de gardes disponibles pour les prisons surpeuplées du Xinjiang et d’élargir le système d’internement dans la région.
Selon M. Bremberg, s’exprimant dans l’émission China Insider d’EpochTV, une grande partie de ce que les dossiers mettent en lumière correspond à ce que les observateurs savaient déjà, mais il est toujours choquant de voir ces images. Souvent, ce sont de très jeunes détenus ou des personnes d’un âge avancé.
Il cite, par exemple, le cliché d’une jeune fille photographiée (repérée) à 14 ans, puis emprisonnée un an plus tard.
« Ces photos étaient tout simplement choquantes et horribles à voir. Je dirais aussi [qu’il en va de même] pour certaines des autres photos montrant non seulement les personnes emprisonnées, mais aussi les forces de sécurité de ces centres d’internement et leur mode de fonctionnement. »
L’ancien ambassadeur se montre également très critique quant à la récente visite en Chine (du 23 au 28 mai) que vient de boucler la haute‑commissaire des Nations unies, Michelle Bachelet. Il s’agissait du premier voyage d’un tel responsable depuis 2005.
« La visite de la haute‑commissaire des Nations unies aux droits de l’homme en Chine est très troublante. Je me suis entretenu avec elle à de nombreuses reprises par le passé. Cela fait un moment que nous expliquons le rôle que son bureau peut jouer pour s’informer et lutter contre les violations des droits de l’homme au Xinjiang. Au final, cette fois, il est très décevant qu’elle ait choisi de s’y rendre d’une manière qui limitait sa capacité à avoir une certaine indépendance ou à mener une quelconque enquête. »
Selon M. Bremberg, ni Mme Bachelet ni le régime chinois n’ont jamais considéré sa visite comme une véritable enquête sur les abus commis contre les Ouighours. Pékin a mis à profit l’emploi du temps de la haute‑commissaire pour entraver toute investigation sérieuse. La pandémie en cours et le confinement de Shanghai et d’autres régions ont fait que Mme Bachelet a soigneusement été promenée à travers « un circuit fermé très étroitement contrôlé, sans que la presse puisse circuler ».
Face aux restrictions imposées par le régime lors de cette visite de Mme Bachelet, la réponse appropriée était de refuser d’y aller au motif que les conditions nécessaires pour mener une véritable investigation n’étaient pas réunies, estime M. Bremberg.
Au‑delà de ses simples réserves sur la prétendue enquête de Mme Bachelet, M. Bremberg s’avoue inquiet face au manque de transparence sur les relations qu’entretiennent le bureau des Nations unies et le PCC.
« Quel type de communication ont‑ils eue avec le gouvernement chinois ? Et quelle réponse ont‑ils eue ? On ne leur demande même pas de condamner la Chine ou de porter un jugement, mais juste d’être transparents. »
Selon M. Bremberg, c’est aux autres pays de s’engager et de dire à la Chine : « Pourquoi avez‑vous refusé de remplir les conditions demandées par le bureau [de Mme Bachelet] ? Mais en gardant tout cela secret, la haute‑commissaire ne permet pas aux États‑Unis ou aux pays européens, ou à d’autres gouvernements dans le monde, de soutenir réellement le travail de son bureau. »
En définitive, cette visite était une méprise, estime l’ancien ambassadeur et une enquête transparente sur les questions mises en lumière dans les dossiers de la police du Xinjiang est impossible dans de telles circonstances. Il a ensuite exprimé ses inquiétudes quant à la manière dont les responsables du PCC présenteront l’événement dans leurs déclarations publiques.
« Vous ne pouvez pas contrôler ce que les autres disent de vous. Mais il est très inquiétant d’envisager comment le gouvernement chinois va récupérer cette visite pour sa propagande et en faire un message national ou international. Et s’ils produisent des interprétations suggérant que sa visite était merveilleuse, elle a vraiment la responsabilité morale de répondre immédiatement et publiquement [de tout cela] et de dire quelles étaient les conditions [réelles] de ce voyage, ce qui était autorisé et ce qui ne l’était pas. »
En réponse à un courriel d’Epoch Times demandant si le voyage de Mme Bachelet au Xinjiang fera l’objet d’une enquête indépendante, le secrétaire général de l’ONU, António Guterres, a répondu que c’était « une condition indispensable ».
M. Bremberg est depuis longtemps investi pour que s’arrêtent les violations des droits de l’homme et à la répression en cours au Xinjiang.
« Nous savons de tout notre être qu’il y a eu 100 millions de victimes du communisme au cours du siècle dernier, sous différents régimes communistes. Et nous savons que la seule façon de mettre fin à toutes ces victimes est que les autres pays de la communauté internationale se lèvent et fassent pression sur ces régimes, comme le Parti communiste chinois aujourd’hui, et exigent qu’ils changent leur comportement. »
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