Le lundi 13 décembre, la société belge InBev Belgium, titulaire de la marque de bière Leffe, a envoyé un courrier à Philippe Le Saux, propriétaire de la Brasserie artisanale du Leff située à Lanleff en Bretagne dans les Côtes-d’Armor, pour lui demander de changer son nom trop proche de Leffe. Cependant, pour le Breton, il est hors de question d’abdiquer.
L’affaire a fait le tour de Lanleff, une petite commune bretonne de 122 habitants. Courant décembre, Philippe Le Saux, 65 ans, natif de la commune et producteur de bière dans sa « Brasserie artisanale du Leff » installée près de la rivière du même nom, a reçu un courrier plutôt intimidant.
En effet, alors qu’il avait déposé sa marque « Leff » en octobre auprès de l’Institut national de la propriété industrielle (INPI), les avocats de l’entreprise AB InBev Belgium SRL, détenteur de la célèbre bière d’abbaye Leffe, ont fini par remarquer sa dénomination et ont décidé de lui envoyer un courrier pour lui demander de changer de nom, a rapporté Ouest-France.
« Le nom Leff pour une bière ressemble fort à notre marque protégée Leffe et il n’y a pas de différence entre les deux dans la prononciation […]. L’existence de deux bières Leff et Leffe créerait de la confusion chez les consommateurs et pourrait les induire en erreur », a indiqué le groupe dans un communiqué, en pointant également du doigt la typographie gothique choisie par Philippe Le Saux : « Il existe des similitudes visuelles avec notre marque Leffe et une référence évidente à notre bière d’abbaye ».
En résumé, la marque numéro 1 mondial souhaitait donc lui mettre la pression et régler le litige « à l’amiable » en demandant à changer ces références, sans quoi elle se réservait le droit de s’opposer à cette demande à l’INPI, a rapporté Actu.fr. Cependant, pour Philippe Le Saux, pas question de changer de nom, qui fait référence à sa rivière et sa vallée du Leff.
« Je ne ferai aucune démarche, je ne suis pas à leurs ordres ! J’attends qu’on m’attaque mais je suis dans mon droit. Qu’ils fassent leur bière chez eux, je fais ma bière chez moi. Ça pourrait faire peur, mais ici je suis chez moi, je suis honnête dans ce que je fais et je ne fais de mal à personne. Nous n’avons rien à voir, ce n’est pas le même produit, pas la même quantité. Et la typographie que j’utilise est libre de droits d’ailleurs. Je n’ai pas utilisé la leur qui est protégée », a déclaré Philippe Le Saux.
« Je trouverai un avocat s’il le faut ! Je défends ma commune et la vallée du Leff (…) J’aimerais un soutien de la région », a-t-il également partagé.
Philippe Le Saux a commencé avec rien il y a 5-6 ans : « J’ai fait ma première cuvée dans une machine à laver ». Par la suite, sa technique s’est affinée et ses bières plaisaient de plus en plus à ses copains, puis sa micro-brasserie a pris forme, « avec 3 cuves de fermentation et 3 cuves de brassage ».
« J’ai vraiment commencé il y a deux ans. L’été dernier j’ai fait 1500 bouteilles par exemple. Je fais deux bières différentes, brassées avec l’eau du Leff », a partagé Philipe Le Saux, qui est aujourd’hui en rupture de stock. « Je vend surtout ma bière à mes copains, sur les marchés où dans les petites caves des environs, comme la Buzuk Cozh ».
Point positif au coup de pression qu’il reçu : sa petite brasserie a été mise sous les projecteurs. Et depuis quelques jours, son téléphone n’arrête pas de sonner. « Je ne dors plus, je ne mange plus. J’ai des journalistes de toute la France, de la Belgique et même des Pays-Bas qui m’appellent ! (…) Il y a même un gars de Rotterdam qui m’a appelé pour acheter de la bière, et cher, il s’intéresse à ce que je fais », s’est enthousiasmé Philipe Le Saux, qui espère malgré tout ne pas avoir à s’engager dans des procédures par la suite.
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