ENTRETIEN – Le journaliste spécialiste des États-Unis, Gérald Olivier revient sur la seconde tentative d’assassinat dont a été victime l’ancien président américain.
Epoch Times : Deux mois après avoir été visé par un tireur en Pennsylvanie, le candidat républicain à la Maison-Blanche a été victime d’une deuxième tentative d’assassinat ce dimanche à West Palm Beach en Floride. Des coups de feu ont été entendus non loin de Donald Trump. Comment expliquez-vous cette succession d’attaques à l’égard d’un ancien président américain ?
Gérald Olivier : Cette succession d’attaques est liée à un effet de mimétisme. Parfois, les psychiatres parlent du passage à l’acte de certaines personnes qui peuvent être déséquilibrées et avoir des pulsions violentes – mais qui savent les retenir. Mais à partir du moment où elles sont passées à l’acte une fois, elles peuvent recommencer une deuxième et une troisième fois. Et quand quelqu’un donne l’exemple comme le jeune Matthew Crooks le 13 juillet, d’autres exaltés peuvent se sentir poussés à passer à l’acte et copient le précédent.
Maintenant, si on analyse plus précisément cette deuxième tentative d’assassinat, on note que l’individu en question était armé d’un fusil à lunette, et qu’il était venu pour tirer sur l’ex-président, même si, apparemment, il n’a pas eu le temps de le faire.
Cette deuxième tentative est tout aussi choquante que la première et peut être même plus. Je pense qu’elle met en lumière deux éléments.
Dans un premier temps, la diabolisation excessive de Donald Trump et l’utilisation systématique par les Démocrates d’un vocabulaire de nature à inciter certaines personnes à des actions violentes contre lui. Quand ils le comparent à un dictateur et affirment qu’il est une menace pour la démocratie américaine, il ne faut pas être surpris si certaines personnes influençables se sentent motivées pour « passer à l’acte », c’est-à-dire pour l’éliminer.
Souvenez-vous de Joe Biden qui, une semaine avant le 13 juillet disait qu’il fallait mettre Donald Trump au cœur de « la cible » ! Même s’il a regretté ce propos, a posteriori, c’est une forme d’incitation au meurtre. Le président démocrate peut s’estimer chanceux que l’assassinat ait échoué. Qu’en serait-il aujourd’hui de Joe Biden si le candidat républicain avait été tué ?
Dimanche dernier, quelques heures avant cette deuxième tentative d’assassinat, une élue démocrate du congrès était sur la chaîne MSNBC pour affirmer que Trump est une menace contre la démocratie et doit être éliminé… Ce type de rhétorique invite les Américains à se poser des questions sur les motivations de leurs élus qui participent d’une perte de crédibilité du politique et des institutions.
Dans un second temps, cette attaque révèle, comme la précédente, l’insuffisance des moyens mis à la disposition du Secret Service dans sa mission de protection de l’ancien président. Comment des officiers entraînés spécialement pour ce type de situation ont-ils pu le 13 juillet laisser un individu armé monter sur un toit à quelques centaines de mètres de Donald Trump ? Comment est-ce qu’elles ont pu attendre qu’il tire trois fois sur lui avant d’intervenir ? Cet individu aurait dû être interpellé en amont et mis hors d’état de nuire. Mais ça n’a pas été fait. Pourquoi ?
Le Secret Service est une administration placée sous la responsabilité du département de la sécurité intérieure, le DHS, dirigé par Alejandro Mayorkas. Le même ministère que celui chargé de sécuriser la frontière… À l’évidence ce service n’est pas en mesure d’assurer ses missions. La frontière est poreuse et les assassins en herbe sont laissés libres d’agir.
Le suspect, armé d’une AK-47, qui avait pris la fuite, a été arrêté dans un autre comté de Floride. Il s’agirait d’un homme de 58 ans nommé Ryan Wesley Routh. Selon diverses sources médiatiques, il serait un ancien électeur de Trump, devenu un soutien des Démocrates et un militant pro-Ukraine. Les chaînes CNN et CBS ont rapporté que M. Routh était un constructeur indépendant de logements à Hawaï. N’est-ce pas un profil atypique ?
C’est surtout un profil d’exalté. Le profil de quelqu’un qui n’a rien fait de sa vie, qui blâme le système pour ses échecs et qui cherche une cause et l’occasion d’être un héros. Le fait qu’il ait voté pour Trump en 2016 est moins important pour moi que le fait qu’il se définisse comme un défenseur de la démocratie partout dans le monde. Il a écrit que son vote de 2016 était une erreur. Qu’il pourrait être « assassiné » pour ce vote. Tout comme Trump. Ce Ryan Routh me fait penser à Lee Harvey Oswald, l’assassin de John F. Kennedy.
Lee Harvey Oswald était un jeune homme paumé, un « loser » comme disent les Américains, qui n’avait cessé de rechercher une cause et l’occasion de devenir un héros – et qui en voulait au système. Il s’était engagé dans les Marines parce qu’il voulait servir son pays, devenir un héros. Il a été formé au tir par ces derniers avant d’être rejeté. Il est ensuite devenu dissident. Il est parti s’installer en URSS. Là-bas, les Soviétiques ne lui ont pas fait confiance. Il s’est retrouvé au Mexique et s’est engagé pour la cause cubaine. C’était un marginal, quelqu’un qui cherchait une cause et il a eu l’opportunité de devenir quelqu’un en tirant, par opportunisme sur Kennedy, étant donné qu’il habitait à Dallas où JFK était en déplacement.
Ryan Wesley Routh a un profil similaire. C’est un homme d’une cinquantaine d’années qui a toujours été engagé dans des causes diverses, principalement du côté démocrate, dans des causes de gauche, et qui a toujours vécu à la limite de la marginalité. Il a été interpellé des dizaines de fois, pour vol, détention d’armes, usage de drogues et autres. Il a eu des affrontements avec la police, il a été poursuivi en justice. Depuis 2022 il s’était engagé pour l’Ukraine, où il s’est rendu mais où il a été aussi rejeté.
On retrouve dans ses déclarations et le livre qu’il a écrit son caractère exalté. Et je pense que dans l’exaltation de la campagne, il a été poussé par les déclarations des uns et des autres au sujet de Donald Trump pour passer à l’acte. Il a remarqué que Trump joue régulièrement au golf non loin de chez lui et il est allé en repérage sur les lieux pour trouver un endroit caché d’où il pourrait essayer de le tuer.
Dimanche dernier, il a eu cette opportunité. Heureusement, les gens du Secret Service l’ont aperçu à temps et l’ont fait fuir. Pour moi, c’est un exalté qui a été poussé à passer à l’acte par les circonstances.
Joe Biden et Kamala Harris se sont réjouis que l’ancien président américain soit sain et sauf. Cette deuxième tentative d’assassinat est-elle un tournant dans la campagne présidentielle ?
Disons que c’est un énième tournant. Mais il y en a déjà eu tellement… Le véritable tournant de la campagne, c’est le renoncement forcé de Joe Biden et son remplacement imposé par Kamala Harris. On verra si ce tournant aura été un coup gagnant ou un coup inutile.
Les tentatives d’assassinat contre Donald Trump sont plus des péripéties de campagne qui illustrent le climat délétère de la campagne, voire une situation sociale explosive.
J’espère que le reste de la campagne va se dérouler sans incident ni violence, mais je suis convaincu que dans les jours qui suivront l’élection, quel que soit le résultat, et surtout si Trump l’emporte, il y aura des violences. Et on retombera dans le scénario de 2016 où des gens vous diront que Trump n’est pas légitime, ou bien dans le scénario de 2020 avec un Trump accusant l’autre camp de tricheries…
Dès lors, on pourra s’inquiéter du comportement des supporters d’un camp ou d’un autre.
Vous avez parlé du climat délétère. Ne faut-il pas craindre une troisième tentative d’assassinat en cas de réélection de Donald Trump ?
Une troisième tentative d’assassinat avant l’élection n’est pas à exclure. Le tabou a été brisé. Les copycats peuvent se multiplier.
Je voudrais insister sur un point majeur. Aux États-Unis, comme en France, la gauche contrôle la rue. Il faut bien en avoir conscience. On accuse Donald Trump d’être une menace contre la démocratie. Mais pour l’instant, ceux qui essayent de tuer l’un des candidats et donc d’interférer avec le processus démocratique, ce sont des gens de gauche. Le candidat qui est la cible des balles, c’est Donald Trump.
S’il l’emporte, le pire sera à craindre, tout de suite et pendant quatre ans sauf à ce que Trump lui-même parvienne à faire retomber la pression, ce qui sera très difficile car il aura tous les médias bien-pensants contre lui. Je rappelle par ailleurs qu’en 2020 la campagne présidentielle avait été marquée par des émeutes et que Kamala Harris elle-même avait encouragé les émeutiers.
Pendant la première présidence de Donald Trump des personnalités célèbres telles que Madonna ou Johnny Depp avaient appelé ouvertement à l’assassinat du président. Elle avait dit qu’elle rêvait de « faire sauter la Maison-Blanche ». Lui avait demandé quand un acteur « avait tué un président pour la dernière fois »… Robert de Niro s’était vanté de vouloir lui « mettre son poing dans la gueule »…
Tout cela reprendra si Trump est élu. Les groupes anarchistes liés à la mouvance antifa et les Black Lives Matter seront sur le pied de guerre prêts à semer le chaos. Je crains une situation chaotique si Donald Trump est élu le 5 novembre. Nous verrons alors si les Démocrates sont enclins à condamner et réprimer cette violence, comme ils ont condamné et réprimé les incidents du 6 janvier 2021.
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