Plusieurs dizaines de milliers de « gilets jaunes » ont de nouveau battu le pavé samedi pour leur acte 24, avant les cortèges du 1er-Mai, avec une « motivation intacte ».
Ce nouveau samedi illustrant la persistance d’un mouvement inédit, qui met à mal la capacité d’Emmanuel Macron à imposer ses réformes depuis plus de cinq mois, a été marqué par quelques tensions dans la capitale alsacienne, à Lille et Toulouse.
Le ministère de l’Intérieur a recensé 23.600 manifestants, contre 27.900 la semaine précédente. Selon le décompte des « gilets jaunes », ils étaient au moins 60.000.
A Paris, deux cortèges distincts ont réuni dans le calme plusieurs milliers de « gilets jaunes ». La préfecture de police de Paris a indiqué avoir procédé à 13.500 contrôles préventifs et à 14 interpellations.
Depuis le début du mouvement – né d’une colère contre la hausse des taxes avant de s’étendre à des revendications pour plus de pouvoir d’achat et de démocratie directe – 2.400 « gilets jaunes » et 1.700 membres des forces de l’ordre ont été blessés, selon Beauvau.
A un mois des élections européennes, les « gilets jaunes » entendaient donner un caractère « international » à la journée d’action avec une manifestation à Strasbourg, siège du parlement européen, où les forces de l’ordre ont barré la route du centre et des institutions européennes au cortège (2.000 « gilets jaunes » selon la préfecture). 42 personnes ont été interpellées et la préfecture a déploré de « nombreuses dégradations ».
Dans la foule, Pascal Harter, 58 ans, a estimé qu’il n’y avait « rien eu de concret » dans les annonces faites par le président jeudi. « Ça m’a remotivé », a-t-il expliqué à l’AFP. Pour ce pré-retraité, le chef de l’État s’en est tenu à du « bla-bla ».
Un sentiment largement partagé sur les réseaux sociaux entre « gilets jaunes », qui estiment que les mesures d’Emmanuel Macron – déployer « plus de fonctionnaires sur le terrain », baisser l’impôt sur le revenu, supprimer l’ENA ou réindexer sur l’inflation les pensions de retraites de moins de 2.000 euros – ne suffisent pas.
Loin d’éprouver un sentiment d’usure ou de lassitude, des manifestants ont assuré aux quatre coins du pays être « remontés » après le discours du chef de l’État. « Merci Macron ! », a résumé Nelly, une Francilienne de 70 ans, près du siège de BFMTV, lors d’une « marche sur les médias » à Paris pour réclamer un « traitement médiatique impartial » du mouvement.
« La logorrhée » du président, « c’est peanuts, de la poudre de perlimpinpin », a jugé Francine à Toulouse, où le cortège n’a pu accéder à la place du Capitole, interdite à toute manifestation. « Ça nous a donné du grain à moudre ».
Le grand débat « a coûté un pognon de dingue, on débloque des milliards pour Notre-Dame, mais les gens crèvent toujours dans la rue », a déploré à Lille Dominique, 62 ans, ancienne employée d’une clinique.
A Paris, sous le mot d’ordre « riposte générale », le cortège a totalisé 5.500 personnes, selon Beauvau.
« Gilet jaune » « depuis le début », Patricia, Parisienne de 65 ans, a manifesté car elle est « pour la convergence des luttes ». Avant le 1er-Mai, cette institutrice retraitée « souhaite que tous les syndicats, partis, mouvements contestataires soient dans la rue pour une fédération du peuple, pour la justice sociale et fiscale. »
« Macron t’es foutu, toutes les vieilles sont dans la rue », scandaient des « gilets jaunes » à Rennes (600 manifestants), « On est là, on est là, même si Macron ne veut pas, nous on est là! », entendait-on à Bordeaux ou à Toulouse, deux places fortes de la mobilisation.
« On est plus motivé que jamais ! », assurait aussi une femme de 51 ans à Marseille (1.000 manifestants selon la préfecture), venue « lutter contre l’oligarchie et les privilèges des riches ».
Certains avaient prévu de faire l’impasse ce samedi pour se concentrer sur les manifestations du 1er-Mai, qui s’annoncent tendues. Des appels à un mercredi « noir et jaune » ont été lancés ; « gilets jaunes » et black blocs appellent à transformer Paris en « capitale de l’émeute ».
avec AFP
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