Lundi 28 février, la Suisse a endossé « l’intégralité » des sanctions économiques très dures de l’Union européenne contre la Russie, tout en assurant préserver sa neutralité.
Le gouvernement fédéral « fait ce pas avec conviction, de manière réfléchie et sans équivoque », a insisté le président de la Confédération helvétique, Ignazio Cassis, lors d’un point de presse faisant suite à une réunion extraordinaire du gouvernement fédéral.
« La neutralité, ce n’est pas l’indifférence », avait dit M. Cassis dimanche pour préparer le terrain dans ce pays alpin très attaché à sa neutralité. Il a aussi proposé ses services pour trouver une sortie de crise.
L’Union européenne (UE), qui n’avait pas fait mystère de son déplaisir quand Berne a fait mine de temporiser la semaine dernière, s’est réjouie de la décision parce que sans la Suisse les mesures auraient été « moins efficaces ».
Le ministre italien des Affaires étrangères, Luigi Di Maio, y a vu « un signal important de la coordination étroite de la communauté internationale ». Autant de réactions qui en creux montrent la pression très forte à laquelle la Suisse était soumise pour se rallier.
Des oligarques russes ou ukrainiens interdits
Ueli Maurer, le ministre suisse des Finances, a souligné que les avoirs des personnalités et entités russes qui se trouvent sur la liste noire de l’UE « étaient gelés avec effet immédiat ».
Les sanctions financières contre le Président russe Vladimir Poutine, le Premier ministre Mikhail Michoustine et le ministre des Affaires étrangères Sergueï Lavrov sont mises en œuvre sans délai, précise encore un communiqué du Conseil fédéral.
Pour sa part, la ministre de la Justice, Karin Keller-Sutter, a indiqué que cinq oligarques russes ou ukrainiens « très proches de Vladimir Poutine » et avec des liens économiques forts avec la Suisse étaient « immédiatement interdits d’entrer en Suisse ».
Ces personnes visées – dont la Suisse ne veut pas rendre les noms publics mais qui sont sur la liste noire européenne – n’ont pas de permis de résidence en Suisse, mais d’importants « liens économiques, surtout dans la finance et le négoce de matières premières », a-t-elle ajouté.
Comme l’UE l’avait fait dès dimanche, la Suisse a aussi fermé son espace aérien à tous les vols en provenance de la Russie et à tous les mouvements aériens d’avions russes, y compris des avions privés, « à l’exception des vols effectués à des fins humanitaires, médicales ou diplomatiques », précise un communiqué.
La pression venait aussi de l’intérieur. La plupart des partis politiques, à l’exception du parti de droite radicale UDC, auquel appartient M. Maurer, réclamaient un geste plus fort.
Samedi entre 10.000 et 20.000 personnes, qui ont défilé pour soutenir le peuple ukrainien, ont réclamé aussi très vocalement des sanctions plus dures.
Le Conseil fédéral précise néanmoins que « la Suisse continuera d’examiner individuellement chaque nouveau paquet de sanctions édictées par l’UE ».
Pétrole et gaz russes
Si la Russie n’est que le 23e partenaire commercial de la Suisse, les banques du pays alpin comptent parmi les favorites des grosses fortunes pour placer leur argent.
Selon les statistiques de la Banque des règlements internationaux, les engagements des banques suisses à l’égard de clients russes se montaient à 23 milliards de dollars au troisième trimestre 2021, dont 21,4 milliards sous la forme de dépôts.
Des oligarques russes ont également des intérêts dans de grandes entreprises suisses.
De plus, 80% du négoce de pétrole et de gaz russes se fait en Suisse, selon les estimations citées par la presse helvétique. Le pays abrite de grandes sociétés de négoce des matières premières telles que Gunvor, Trafigura ou Glencore.
Des conséquences économiques pour la Suisse
Le ministre de l’Économie Guy Parmelin a reconnu que ces sanctions et la guerre n’allaient pas sans conséquences économiques pour la Suisse.
Ainsi, il a affirmé que la compagnie du gazoduc Nordstream 2 – son entrée en fonction est suspendue par mesure de rétorsion contre la Russie -, qui est basée dans le canton de Zoug, a licencié ses 142 employés. L’entreprise n’a pas dans l’immédiat donné suite à une demande de confirmation.
Comment pouvez-vous nous aider à vous tenir informés ?
Epoch Times est un média libre et indépendant, ne recevant aucune aide publique et n’appartenant à aucun parti politique ou groupe financier. Depuis notre création, nous faisons face à des attaques déloyales pour faire taire nos informations portant notamment sur les questions de droits de l'homme en Chine. C'est pourquoi, nous comptons sur votre soutien pour défendre notre journalisme indépendant et pour continuer, grâce à vous, à faire connaître la vérité.