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Hausses d’impôts : « Il va être de plus en plus difficile de devenir riche en France », déclare Gabriel Robin

octobre 16, 2024 17:33, Last Updated: octobre 16, 2024 20:14
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ENTRETIEN – Le journaliste Gabriel Robin livre son regard sur le Budget 2025 et les premiers pas de Bruno Retailleau au ministère de l’Intérieur.

Epoch Times : La semaine dernière, Michel Barnier a présenté en Conseil des ministres le projet de loi de finances 2025 dans un contexte de déficit hors norme. Le chef du gouvernement souhaite réduire de 41,3 milliards d’euros les dépenses. Parmi les secteurs impactés par les coupes budgétaires, on trouve notamment la Sécurité sociale où 14,8 milliards d’euros d’économies devraient être réalisés, la Justice, mais aussi l’Éducation avec la suppression de 4000 postes d’enseignants. Comment analysez-vous ces baisses de la dépense publique ?

Gabriel Robin : La dette de la France a quasiment doublé entre 2011 et aujourd’hui : nous sommes passés de 1700 milliards à 3000 milliards d’euros ! Par ailleurs, l’écart entre les taux allemands et français ne cesse également de s’accroître. Nous empruntons aujourd’hui au même taux que les Grecs…

L’État devait donc agir pour ne pas se retrouver en situation de cessation de paiement et faire en sorte que les marchés financiers ne craignent plus la France.

Deux solutions s’ouvraient donc à nous : augmenter les recettes ou baisser les dépenses.

La première option me semble peu prudente. La France est déjà la championne du monde des impôts ! Au bout d’un moment, si les prélèvements continuent d’augmenter, les Français refuseront de les payer, quitteront le pays ou passeront de plus en plus par l’économie noire.

Ensuite, il y a cette solution de la baisse des dépenses. Pour ma part, je ne sais pas si le gouvernement s’attaque aux bonnes dépenses. Je constate simplement qu’il risque de se retrouver piégé et qu’il n’a pas de stratégie macroéconomique viable. C’est-à-dire que malgré notre dette explosive, certains ministres, la quasi-totalité de la classe politique ou des partenaires sociaux prônent une augmentation des dépenses dans l’école, la justice, la santé, etc. C’est assez contradictoire…

Le gouvernement souhaite également récupérer 19,3 milliards d’euros à travers des hausses d’impôts visant les grandes entreprises et les foyers les plus riches. Peut-on craindre que ces mesures fiscales impactent également les classes moyennes ?

Ces mesures fiscales sont assez problématiques parce qu’elles sont, bien entendu, populaires dans l’opinion publique, mais il va être de plus en plus difficile de devenir riche en France. Et dans un pays où s’enrichir devient compliqué, il y a un risque de phénomène de fuite des cerveaux.

Michel Barnier prétend également que ces hausses d’impôts seront exceptionnelles et provisoires. Nous verrons.

Critique de l’État de droit, plus de vols groupés à Mayotte, volonté de mettre fin à la circulaire Valls sur la régularisation des sans-papiers, etc. le ministre de l’Intérieur Bruno Retailleau marque-t-il, selon vous, une rupture avec ses prédécesseurs ?

Dans le ton employé et dans ce qui a été fait jusqu’à présent, je considère effectivement qu’il y a eu une véritable rupture avec ses prédécesseurs. J’ai également le sentiment, avec Bruno Retailleau, que le sujet de l’immigration est très pris au sérieux.

Le fait qu’il s’attaque à la partie réglementaire, aux circulaires me semble aussi tout à fait sain et opportun puisqu’un certain nombre de problématiques peuvent être réglées ainsi, sans passer par des débats interminables à l’Assemblée nationale.

Par ailleurs, Bruno Retailleau est en phase avec l’opinion publique. Les sondages sont clairs : les Français veulent moins d’immigration et plus de sécurité.

Malheureusement, il va se heurter à de fortes oppositions, notamment celles du Conseil constitutionnel, du Conseil d’État, et d’une partie de l’Assemblée nationale.

Représente-t-il sur le moyen ou long terme une menace pour le RN ?

Je ne crois pas. Ce n’est pas tout à fait lié. D’ailleurs, Bruno Retailleau n’a pas manifesté d’ambitions présidentielles.

Mais il faut surtout raisonner en termes de bien commun. S’il parvient à régler certains problèmes ou à en atténuer les conséquences négatives, tant mieux, que cela affaiblisse le RN ou non !

Cela étant, soyons réaliste, il ne parviendra pas à apporter des solutions à l’ensemble des problématiques…

Son homologue de la Justice, Didier Migaud, est issu de la gauche. Vont-ils être, selon vous, en mesure de travailler ensemble ?

J’imagine que oui. Ce tandem me rappelle un peu ce qu’avait tenté de faire Emmanuel Macron en 2020 en nommant Éric Dupont-Moretti à la Justice et Gérald Darmanin à l’Intérieur. C’est du « en même temps ». Et il y a le côté « bon flic » et « mauvais flic », qu’on retrouve dans les films policiers.

Mais il n’est pas exclu que la situation se tende entre Bruno Retailleau et Didier Migaud. Nous verrons sur le long terme. Pour l’instant, nous n’en sommes qu’à la phase préliminaire. Le vote du budget n’a pas encore eu lieu. Nous aurons une vision plus claire de la situation après.

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