C’est sur le terrain fiscal que la brouille s’envenime, au moment où s’engage au Parlement français l’examen du premier budget du quinquennat Macron.
Dimanche sur la chaîne de télévision privée TF1, le chef de l’État a âprement défendu sa réforme visant à alléger l’ISF, qui impose les plus fortunés, tentant de décoller cette étiquette de « président des riches » que lui attribue la gauche.
M. Macron a depuis son élection en mai convié à dîner l’ancien président de droite Nicolas Sarkozy mais pas François Hollande, dont il avait pourtant été le ministre de l’Économie.
L’actuel président a critiqué à plusieurs reprises, sans jamais le nommer, la « présidence bavarde » et la politique fiscale de son « prédécesseur », en particulier la très controversée « taxe à 75% » qui n’avait survécu que deux ans, en 2013 et 2014, et qui frappait via les employeurs les salaires supérieurs au million d’euros.
La réplique ne s’est pas fait attendre. « Si dans un pays l’idée s’installe qu’il y a une fiscalité allégée pour les riches et alourdie pour les plus modestes ou les classes moyennes, alors c’est la capacité qu’il a à se mobiliser pour son avenir qui se trouve mise en cause », a lancé lundi François Hollande depuis Séoul où il donnait une conférence.
Autre pique, cette fois devant les caméras de TF1, contre la suppression décrétée par le gouvernement au cours de l’été de nombreux emplois aidés, des postes subventionnés par l’État : c’est « une politique brutale », un « coup porté aux associations » et « à des personnes qui étaient dans la perspective » d’un emploi, a asséné l’ancien locataire de l’Élisée.
Désormais collaborateur de François Hollande, l’ex-ministre des Finances Michel Sapin a pris le relais, dénonçant un budget « à rebours de notre histoire », une « faute morale » qui « contredit les grands principes républicains de progressivité de l’impôt ». Et l’ancien collègue de M. Macron de dénoncer le « dédain vulgaire » et le « mépris hautain » de l’actuelle majorité et de son premier représentant à l’Élisée.
Piquée au vif, la députée du parti présidentiel Aurore Bergé a dénoncé en François Hollande un « président qui s’exprime pour critiquer son pays depuis l’étranger ».
L’ancien ministre socialiste de l’Agriculture et proche de M. Hollande, Stéphane Le Foll, a rappelé que M. Macron avait récemment fustigé les « fainéants », un propos qui avait fait polémique et que beaucoup de manifestants contre la réforme Macron visant à alléger le droit du travail avaient pris pour eux.
« Le problème du président de la République c’est qu’il ne considère la réussite que comme une réussite économique et une accumulation de richesses », a-t-il dénoncé, reprochant aussi au chef de l’État de ne jamais nommer M. Hollande.
Au milieu du mois d’août déjà, l’ex-président sortait de sa réserve pour critiquer la réforme du droit du travail et exhorter M. Macron à ne « pas demander aux Français des sacrifices qui ne sont pas utiles ». Réplique cinglante du président à son prédécesseur : « Il serait étrange que l’impossibilité qui a été la sienne de défendre son bilan devant les Français puisse motiver une tentation, durant les années qui viennent, de le justifier devant les journalistes ».
Les hostilités avaient débuté fin juin avec la charge du Premier ministre Edouard Philippe contre le budget « insincère » laissé par l’équipe précédente, selon lui. Une attaque qui avait suscité de nombreuses réactions des ex-responsables des Finances de l’État et de proches de M. Hollande.
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