Le ministre de l’Intérieur Gérald Darmanin a estimé lundi sur LCI que « nous sommes plus près d’un accord que d’un désaccord » avec Les Républicains sur le projet de loi immigration.
« À ce stade on ne peut pas parler d’accord » mais « ça avance positivement », a-t-il affirmé à quelques heures de la réunion d’une commission de députés et sénateurs chargés de trouver un compromis à ce texte ultra sensible.
« Nous avons balisé le chemin pour trouver, à partir du texte du Sénat, la possibilité de nous mettre d’accord » même s’« il reste beaucoup de détails à régler », a-t-il ajouté. « Nous avons aussi nos lignes rouges, on ne peut pas accepter n’importe quoi », a-t-il cependant mis en garde, alors que Les Républicains campent sur une ligne dure.
Bruno Retailleau juge « pas complètement satisfaisante » une nouvelle version du texte
Le chef de file des sénateurs LR Bruno Retailleau a ainsi jugé lundi « pas complètement satisfaisante » la nouvelle version du projet, arrêtée après une nouvelle réunion dimanche soir. « Nous ne souhaitons pas avoir l’AME dans ce texte », a répété le ministre de l’Intérieur, à propos de l’Aide médicale d’Etat, un dispositif qui permet de couvrir les frais de santé des étrangers sans papiers.
Quant à la condition d’une durée de séjour minimale pour les allocations familiales, demandée par Les Républicains, « on a proposé un décalage plus long pour ceux qui ne travaillent pas », a-t-il affirmé, avec une durée de « 30 mois pour ceux qui travaillent, cinq ans pour ceux qui ne travaillent pas ».
Sur la régularisation des travailleurs sans papiers dans les métiers en tentions, « Les Républicains ont accepté que cet article puisse exister », a affirmé M. Darmanin. Interrogé sur le risque d’un échec du texte, il a averti que « ce serait un magnifique booster pour Madame Le Pen ». « Mme Le Pen ne veut pas de ces solutions, elle veut des problèmes » et « la politique du pire car le pire ça la sert », a-t-il estimé.
Une commission mixte paritaire réunissant députés et sénateurs doit décider ce lundi du sort du projet de loi immigration, pour l’enterrer ou parvenir à une version de compromis normalement soumise au vote des deux chambres mardi. Composée de sept députés et sept sénateurs titulaires, et présidée par le président de la commission des lois de l’Assemblée, Sacha Houlié (Renaissance), cette CMP doit se réunir à huis-clos à partir de 17h00 au Palais Bourbon.
Jusqu’au bout de la nuit ? Un des quatorze négociateurs assurait jeudi que si accord il devait y avoir, il serait « finalisé » avant même la CMP. Mais dimanche soir, tel n’était pas le cas. « À ce stade, on ne peut pas parler d’accord », a déclaré le président des Républicains Éric Ciotti à l’AFP, à la sortie d’une réunion à Matignon avec Élisabeth Borne. « Ça avance bien », a de son côté déclaré le président du groupe Renaissance Sylvain Maillard.
« Une volonté d’accord »
Toute la journée de dimanche, les ténors de la majorité se sont succédé dans les médias pour dire leur souhait de parvenir à un accord, sur un texte selon eux attendu par les Français, et dont l’abandon ferait le jeu du Rassemblement national.
« Aujourd’hui, il y a une volonté d’accord de la part du gouvernement, de la part de la majorité présidentielle et de la part d’une partie de nos oppositions », a expliqué la présidente de l’Assemblée nationale Yaël Braun-Pivet, se disant « partisane d’un compromis », même si « un compromis ça coûte ».
Le président du MoDem, François Bayrou a dit « espérer » un accord tout en appelant à préserver « l’équilibre du texte ». « Ma conviction profonde est que si mardi nous n’avons pas un texte qui est voté à l’Assemblée nationale et au Sénat, ça sera la victoire d’un seul camp, le Rassemblement national », a mis en garde la ministre des Solidarités Aurore Bergé.
Samedi matin, une source parlementaire estimait qu’environ 10% des 251 députés qui composent la majorité pourraient s’abstenir ou voter contre le projet de loi. Et les élus du groupe Liot, jusqu’ici en soutien du gouvernement, pourraient se diviser. Dans La Tribune dimanche, le chef de file des députés PS, Boris Vallaud, a appelé « tous les humanistes de la macronie à la raison et à la cohérence » en rejetant le texte.
Pour le Rassemblement national, Jordan Bardella a réaffirmé dimanche son opposition à toute mesure de régularisation, y compris restreinte par la réécriture du Sénat.
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