Après Washington, Israël a décidé de « reconnaître la souveraineté du Maroc » sur le territoire disputé du Sahara occidental, a annoncé lundi le cabinet royal à Rabat, en citant une lettre du Premier ministre israélien Benjamin Netanyahu, dans un contexte régional tendu.
« Par cette lettre, le Premier ministre israélien a porté à la Très Haute Attention de Sa Majesté le Roi (Mohammed VI) la décision de l’État d’Israël de reconnaître la souveraineté du Maroc sur le territoire du Sahara occidental », indique le Palais dans un communiqué. Dans sa missive, M. Netanyahu précise que la position de son pays sera « reflétée dans tous les actes et les documents pertinents du gouvernement israélien ».
Elle sera « transmise aux Nations Unies, aux organisations régionales et internationales dont Israël est membre, ainsi qu’à tous les pays avec lesquels Israël entretient des relations diplomatiques », ajoute le dirigeant israélien, selon des extraits de sa lettre cités dans le communiqué royal.
« Ouverture d’un consulat (israélien) dans la ville de Dakhla »
Enfin, M. Netanyahu a informé le souverain marocain qu’Israël examinait positivement « l’ouverture d’un consulat dans la ville de Dakhla », située dans la partie du Sahara occidental contrôlée par le royaume.
Rabat souhaite que ses alliés ouvrent des représentations diplomatiques au Sahara occidental en reconnaissance de la « marocanité » du vaste territoire et en gage de leur soutien au royaume. De fait, pour le roi Mohammed VI, « le dossier du Sahara est le prisme à travers lequel le Maroc considère son environnement international », avait-il souligné lors d’un discours télévisé.
« Cette décision s’inscrit dans le cadre d’une dynamique enclenchée ces dernières années, avec la reconnaissance par les États-Unis de la souveraineté du royaume sur ses Provinces du Sud (NDRL, le Sahara occidental), le soutien d’une quinzaine de pays européens au plan d’autonomie et l’ouverture d’une trentaine de consulats à Laâyoune et Dakhla », a déclaré à l’AFP un haut responsable marocain sous couvert de l’anonymat. « Cette reconnaissance renforce cette dynamique », a-t-il assuré.
Rivalité exacerbée entre le Maroc et l’Algérie
Le Sahara occidental, ancienne colonie espagnole, est considéré comme un « territoire non-autonome » par l’ONU en l’absence d’un règlement définitif. Depuis près de 50 ans, un conflit y oppose le Maroc aux indépendantistes du Front Polisario, soutenus par Alger. Rabat prône un plan d’autonomie sous sa souveraineté exclusive, tandis que le Polisario réclame un référendum d’autodétermination sous l’égide de l’ONU.
À Jérusalem, le ministre israélien des Affaires étrangères Eli Cohen a salué la décision. « Cette mesure va consolider les relations entre les États et les peuples, et la poursuite de la coopération afin de renforcer la paix et la stabilité régionale », a-t-il déclaré.
La décision israélienne, qui était attendue, survient dans un climat de rivalité exacerbée entre le Maroc et l’Algérie, les deux voisins ayant rompu leurs relations diplomatiques en 2021 à l’initiative d’Alger.
Le Maroc et Israël ont normalisé leurs relations diplomatiques en décembre 2020 dans le cadre des accords d’Abraham, un processus entre Israël et plusieurs pays arabes, soutenu par Washington. Cette alliance entre le Maroc et Israël – en contrepartie d’une reconnaissance américaine de la « souveraineté marocaine » sur le Sahara occidental – a encore avivé les tensions avec Alger qui a dénoncé des « manœuvres étrangères ».
Coopération militaire, sécuritaire, commerciale et touristique
Depuis leur normalisation diplomatique, le Maroc et Israël s’activent à accélérer leur coopération, essentiellement militaire, sécuritaire, commerciale et touristique.
Ainsi, lundi, le chef d’État-major israélien a fait part de la nomination d’un attaché militaire pour la première fois au Maroc, le colonel Sharon Itah. Il prendra ses fonctions dans les prochains mois, a précisé un porte-parole militaire à l’AFP, alors que le bureau de liaison israélien à Rabat doit être élevé au rang d’ambassade et que le Maroc s’apprête à faire de même à Tel Aviv.
Depuis la fin mai, trois ministres israéliens ainsi que le président du Parlement, le conseiller à la Sécurité nationale et des soldats d’une unité d’infanterie d’élite – une première – se sont rendus au Maroc. Mais ce rapprochement tous azimuts ne fait pas l’unanimité au Maroc, surtout depuis l’accession au pouvoir en Israël de courants ultra-nationalistes.
Si la mobilisation militante a faibli, la cause palestinienne continue de susciter une immense sympathie au sein de la population marocaine. « Le renforcement de nos relations avec Israël ne se fera pas au détriment de notre position de principe en soutien au peuple palestinien et à ses droits légitimes », a assuré lundi le haut responsable marocain.
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