La menace terroriste n’est plus extérieure mais intérieure selon Jean-Pierre Colombies. Dans cet entretien, l’ancien commandant de police et porte-parole de l’association U.P.N.I (Union des Policiers Nationaux Indépendants) s’exprime sur le passage du plan Vigipirate au niveau « urgence attentat », l’inquiétude pour les JO de 2024 avec le risque élevé d’attentats et la recrudescence des actes antisémites en France depuis le 7 octobre 2023.
Epoch Times : Le vendredi 13 octobre, le professeur de lettres Dominique Bernard était assassiné dans son lycée à Arras par un terroriste islamiste. À la suite de cette attaque, la France est repassée en « urgence attentat ». En quoi consiste le passage du plan Vigipirate au niveau « urgence attentat » ? Cela va-t-il avoir un effet dans la lutte contre le terrorisme ?
Jean-Pierre Colombies : Avant toute chose, il faudrait préciser qu’il s’agit d’un terroriste, d’un exalté, qui s’est radicalisé, avec sa famille d’origine tchétchène. Ce n’est pas inutile de rappeler que ces individus ont été accueillis les bras ouverts par une République française qui accueille toujours avec beaucoup de philosophie les populations supposées être opprimées dans leur pays d’origine. Cette tradition d’accueil remonte à l’après Seconde Guerre mondiale où on avait établi comme principe qu’il fallait accueillir les communautés qui avaient été martyrisées pendant la Seconde Guerre mondiale. En France, nous sommes restés sur cette illusion que tous les réfugiés sont des gens qui ont souffert de quelque chose ailleurs et qu’ils sont presque mécaniquement, des gens bien. Eh bien non. Cette famille tchétchène en est le parfait exemple. Nous avons affaire à trois membres d’une fratrie plus un paternel qui, à peine arrivés en France, n’ont eu de cesse de développer leur haine, pas spécifiquement de la France, mais du modèle occidental, du modèle judéo-chrétien et gréco-romain.
Je parle des Tchétchènes, mais je pourrais citer les communautés d’Afrique du Nord ou d’Afrique subsaharienne qui parfois cultivent un mode de pensée, un mode social qui est très fortement imprimé d’un islamisme mâtiné de paganisme. Ces individus ont voulu conserver leur mode de pensée et à partir de là, un choc se produit avec nos modes de vie. On pourrait également élargir la réflexion sur le concept de décalage entre les civilisations avec une porosité entre des membres de la communauté arabe avec les conflits extérieurs. Tous ces éléments vont nourrir une volonté de s’opposer de manière très violente à l’espace commun.
Concernant le niveau « urgence attentat » du plan Vigipirate, il s’agit de rappeler à des communes des règles de prudence élémentaire, en assurant une grande vigilance aux abords de lieux de réunion, des festivités. Parfois, des communes ont purement et simplement annulé des festivités qui étaient organisées. On évite aussi d’amener des groupes d’enfants à des spectacles, de réduire considérablement la vie associative et la vie culturelle. Tout ce qui, d’une manière ou d’une autre, favorise le rassemblement d’un certain nombre de personnes à un endroit donné.
Mais, s’il y a passage à l’acte, ce sera à l’endroit et au moment où on s’y attend le moins. Il faut comprendre que dans l’acte terroriste, il y a une volonté de faire mal physiquement et psychologiquement. Il y a donc de grands risques que le pire ait lieu dans un endroit improbable.
Quoiqu’il en soit, je ne crois pas que l’ « urgence attentat » va avoir un impact significatif dans la lutte contre le terrorisme. Nous faisons face à un énorme problème. Les terroristes potentiels ne viennent pas de l’extérieur, mais de l’intérieur. Nous avons accueilli sur notre territoire ou laissé prospérer des individus qui ont une carte d’identité nationale française. Et contre cela, nous sommes démunis.
Dans une note mise à jour le 16 octobre sur l’état de la menace terroriste en France, la DGSI écrit que la « menace djihadiste visant l’Hexagone a évolué ». Comment voyez-vous l’état de la menace terroriste en France ?
Oui, elle a évolué. Nous n’avons plus à faire à des commandos pilotés de l’extérieur, mais bien à des gens qui se radicalisent in situ, qui sont français et qui n’ont pas besoin de relais. Les terroristes ont compris que l’acte le plus marquant est celui qui est commis par les individus les plus lambdas. Ce sont très souvent des gens très jeunes, et qui deviennent suffisamment radicalisés pour ne pas craindre la mort et passer à l’acte. Et devant cela, nous sommes totalement désarmés. Nous payons aujourd’hui le fruit d’années d’angélisme et de rejet stupide du concept républicain d’assimilation. Nous sommes gouvernés par des gens qui ont élaboré des concepts en mettant de côté tout ce qui, de façon rationnelle, pouvait établir un lien entre le pouvoir et l’opinion publique, mais également l’idée qu’il fallait donner envie à des membres de communautés extérieures d’appartenir à une communauté qui les englobait et qui les accueillait très bien.
Il y a beaucoup d’inquiétudes pour les Jeux olympiques de 2024 avec le risque d’attentats. Dans un entretien à La Tribune Dimanche, l’ancien ministre des Sports David Douillet a déclaré que « si la veille, les voyants sont rouges cramoisi quant aux risques d’attentat, il faudra un plan B pour la cérémonie d’ouverture. Qu’en pensez-vous ? Le report des Jeux peut-il être envisagé en cas de grande menace ?
David Douillet a raison. Nous avons bien compris que le projet pharaonique d’ouverture des Jeux olympiques était un peu narcissique et peut-être pas adapté à une période comme la nôtre.
Il eut été plus intelligent de prévoir une cérémonie d’ouverture plus facilement maîtrisable. Effectivement, organiser une cérémonie d’ouverture sur la Seine, c’est-à-dire à ciel ouvert, sans aucune garantie de sécurité, c’est la porte ouverte à tous les actes terroristes possibles et imaginables. Au-delà même du plan B préconisé par David Douillet, il faudrait même faire table rase de ce qui a été projeté préalablement et de revenir à quelque chose de mieux dimensionné. Je pense notamment à un grand stade comme le Stade de France. Faire une cérémonie en lieu clos, sécurisé pour éviter les dangers. Quand je parle de dangers, je pense particulièrement aux drones. Même si on nous fait régulièrement la promotion de dispositifs capables de neutraliser ces engins, dans la réalité, l’objet ne sera pas d’en détruire quelques-uns, mais des centaines. On peut les neutraliser, mais pas s’ils arrivent en myriades.
Sur le report des JO, je ne pense pas que ce soit l’option à privilégier. Le report des Jeux donnerait raison aux terroristes qui veulent paralyser une vie sociale, paralyser un État. Cela serait également un aveu d’échec terrible. Les JO doivent avoir lieu, mais devront être organisés de manière pragmatique et intelligente en revoyant totalement le dispositif de la cérémonie d’ouverture. Je rappelle que pendant les attentats des Jeux de Munich en 1972, toute une délégation sportive a été tuée, mais les Jeux ont continué. C’était une véritable démonstration de force.
Hier le ministre de l’Intérieur, Gérald Darmanin, indiquait sur « X » que depuis le 7 octobre, 588 faits antisémites ont été signalés, soit plus que sur la seule année 2022. La communauté juive de France est victime d’un déferlement de violence. Quelles politiques peuvent être mises en œuvre pour mieux protéger les Français de confession juive ?
Il faut savoir que nous avons sur notre territoire des jeunes gens, français, qui n’ont qu’une envie : tuer d’autres Français au motif qu’ils n’ont pas la même religion qu’eux et qu’ils assimilent à une guerre en Palestine dans laquelle la France n’est même pas impliquée. Cela doit nous amener à réfléchir. Quelque chose ne fonctionne plus. Il ne s’agit pas d’entrer dans un parti-pris, de choisir entre Israël et la Palestine, mais on ne peut pas accepter qu’aujourd’hui, il y ait des Français qui cherchent à tuer leurs concitoyens parce qu’ils sont juifs. À l’instant où je vous parle, on vient d’interpeller des individus qui rôdent autour de synagogues, armés de couteaux. Cela doit nous interpeller. On ne peut pas continuer à pleurer nos morts, organiser des marches blanches, déposer des bougies et des peluches au pied des arbres au coin des rues. Nous sommes dans un gouffre sécuritaire à cause de la configuration actuelle dans laquelle les auteurs sont français. Il y a un risque réel de guerres civiles de religions comme ce fut le cas au XVIe siècle entre les protestants et les catholiques. Mais cette fois entre les Juifs et les chrétiens d’un côté et les musulmans de l’autre. Pour tenter d’amoindrir cette opposition, il nous faudrait dans ce pays des figures qui incarnent un État, une idée supérieure à tout cela, une sorte de monarque qui soit consensuel, comme en Angleterre par exemple. Nous n’avons pas de politiciens qui puissent incarner quelque chose, auxquels on se réfère et qui peuvent arrêter toute cette haine qui se trouve au fond de ces fondamentalistes. Il faudrait une autorité, une voix d’autorité supérieure crédible qui puisse s’adresser aux musulmans radicalisés. Il faut être clair, le monde musulman a étouffé toutes les voix intelligentes et consensuelles de la civilisation islamique. L’islam des Lumières a totalement disparu. On a oublié qu’il y a eu un islam des Lumières, intellectuel, philosophe, médical, mathématique. Tout cela a été balayé. Nous n’avons plus que des mollahs qui appellent au djihad. Il faut arrêter aussi le double langage de dire que l’islam est une religion de paix. Le fonds de commerce du discours religieux, c’est le dieu vengeur. Quand on s’intéresse un minimum à la vie du Prophète, on verra que le prophète Mahomet est avant tout un homme qui devient un homme de guerre. Si on oublie cela, on ne comprend rien à ce qui est en train de se passer.
Les opinions exprimées dans cet article sont celles de l’auteur et ne reflètent pas nécessairement celles d’Epoch Times.
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