Les armées françaises prévoient de contribuer à la sécurisation des Jeux olympiques 2024, mais les militaires redoutent en coulisses d’être sur-sollicités pour combler une carence d’agents de sécurité privée, que les organisateurs peinent à trouver en nombre suffisant.
« Les JO seront un événement international, un vrai rendez-vous pour notre pays. Il est tout à fait logique que les armées contribuent » et elles « sont intégrées dans la montée en puissance du dispositif », a affirmé jeudi leur chef d’état-major, le général Thierry Burkhard, lors d’une audition devant la commission Défense de l’Assemblée nationale. Dans le cadre de l’opération militaire Sentinelle, « il y un contrat de 10.000 (personnels) sur le territoire national. C’est ce que l’on doit être en mesure de faire dans une échelle de temps bornée, qui correspond en gros à la durée des Jeux olympiques », a-t-il souligné.
« Tous les scénarios sont sur la table »
Le dispositif Sentinelle, déployé au lendemain des attentats de janvier 2015 en France pour faire face à la menace terroriste et protéger les « points sensibles » du territoire, oscille entre 3000 et 7000 militaires et peut monter jusqu’à 10.000. Toutefois, « sachant que c’est un événement exceptionnel, il peut y avoir une contribution exceptionnelle. Mon vrai sujet étant d’anticiper (…) alors qu’un certain nombre de choses risquent d’arriver un peu au dernier moment », a-t-il fait valoir.
Les incertitudes évoquées à demi-mot par le chef d’état-major des armées concernent la mobilisation nécessaire de plus de 20.000 agents de sécurité privée pour sécuriser les sites de compétition. Or les entreprises de sécurité privée, qui n’arrivent pas à recruter, ne se bousculent pas pour répondre aux appels d’offres.
Il est « trop tôt pour dire » si les armées seront appelées en renfort pour pallier une défaillance partielle de la sécurité privée, temporisait fin janvier le ministre de l’Intérieur Gérald Darmanin. « Tous les scénarios sont sur la table », selon Étienne Thobois, directeur général du comité d’organisation des JO de Paris (Cojo).
De fait, nombre d’observateurs sont plutôt sceptiques, malgré les efforts entrepris pour recruter tous azimuts, auprès des demandeurs d’emploi ou des étudiants. « Jamais le Cojo n’arrivera à recruter d’ici un an les personnels nécessaires en sécu privée », confie à l’AFP un haut fonctionnaire. Les militaires « sont engagés de toute façon, c’est le contenu de leur mission qui reste à définir. Ils ont déjà indiqué qu’ils ne voulaient faire que des missions de patrouille de type Sentinelle, mais il y a un risque qu’un jour l’ordre tombe pour qu’ils effectuent des missions de contrôle et de filtrage », prévient-il. Un scénario qui rappelle les JO de Londres, en 2012, où les autorités britanniques avaient été contraintes de mobiliser plus de 3000 militaires supplémentaires 15 jours avant le début des compétitions, la compagnie privée de sécurité chargée de fournir des gardes ayant fait défaut.
« Si la défaillance de la sécurité privée est résiduelle, on va s’adapter »
En théorie, la sécurité privée s’occupera de l’accès aux sites sportifs et de l’intérieur, les forces de sécurité intérieure seront chargées des abords immédiats des sites, et les armées seront déployées dans les hubs de transports (gares, aéroports…), dans les gros points de passage (La Défense, Châtelet…) et sur les itinéraires reliant ces points aux sites des JO. Quelque 2000 personnels de l’armée de l’Air seront également mobilisés pour créer une bulle de sécurité aérienne (défense sol-air, lutte anti-drone…). « Si la défaillance de la sécurité privée est résiduelle, on va s’adapter. Si elle est massive, cela posera problème car cela va créer des effets d’éviction importants si les armées doivent combler les trous », redoute un haut gradé.
S’ajoute le casse-tête de l’hébergement en Île-de-France pour les soldats mobilisés, alors que « les capacités de ne sont pas extensibles à l’infini », note cette source militaire. En sus de la quinzaine d’emprises militaires dans la région qui accueillent les troupes de Sentinelle, les armées envisagent de monter des camps de toile pour loger, si besoin, des renforts.
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