La comédienne Laurence Badie, figure de la télévision dans les années 1980, connue pour sa voix unique et qui a également mené une longue carrière au théâtre et au cinéma, est décédée jeudi à 96 ans.
Elle « est décédée ce (jeudi) matin à l’âge de 96 ans en Bretagne », a déclaré Patrick Goavec.
Doublage de dessins animés, jeux télévisés, répertoire classique, théâtre de boulevard ou encore cinéma, l’actrice Laurence Badie avait le don de faire rire, avec un timbre de voix aigu et singulier. Sans forcément connaître son visage, des générations se souviennent de la voix haut perchée qu’elle prêtait au personnage de Véra dans « Scooby-Doo ».
Les plus âgés se rappellent plutôt de cette blonde menue et gouailleuse, petite frimousse rieuse au nez retroussé, qui a fait les grandes heures de « l’Académie des neuf », l’émission télévisée à succès du midi dans les années 1980, animée par Jean-Pierre Foucault.
« Ma voix m’a beaucoup servie professionnellement. Moi je ne l’entends pas mais, souvent, les gens me reconnaissent encore grâce à elle, au téléphone ou dans le taxi. Il y a toujours beaucoup de sympathie. C’est fou mais c’est comme ça », confiait en 2017 au Télégramme celle qui se partageait alors entre Paris et le Finistère.
« Oh merde ! »
De son nom complet Laurence Dolores Badie-Lopes, elle naît le 15 juin 1928 à Boulogne-Billancourt, près de Paris. Elle étudie un an à HEC mais préfère le théâtre. Et prend des cours avec le comédien Julien Bertheau.
Lors d’une audition, elle s’emmêle les pinceaux et lâche un « Oh merde ! ». « Il faut prendre celle qui a dit “merde” », tranche le metteur en scène, un certain Georges Wilson qui la fait entrer au TNP (Théâtre national populaire) de Jean Vilar, où elle reste près de dix ans. Avec déjà une prédilection pour les rôles comiques. « Les plus belles années de ma vie ! Là où j’ai tout appris, au contact des grands acteurs : Gérard Philipe, Philippe Noiret, Maria Casarès. »
Dans sa longue carrière, elle tourne aussi dans plus d’une centaine de films, séries et téléfilms. Souvent des rôles secondaires mais parfois avec des grands cinéastes, de Sacha Guitry à François Truffaut en passant par Vincente Minelli, Alain Resnais et Vittorio De Sica. Ainsi, âgée de 24, elle décroche son premier rôle au cinéma dans La vie d’un honnête homme de Sacha Guitry. Elle est repérée dans Jeux Interdits (1952) de René Clément et a été la partenaire de Louis de Funès dans le film Oscar d’Édouard Molinaro en 1967, comme l’évoque Version Femina. On lui confie vite des rôles de soubrette. « Comme les gens manquent d’imagination, dès qu’il fallait jouer une petite bonne, j’étais engagée. J’en ai joué beaucoup. »
Le théâtre de boulevard comme univers
En 1961, Jean Vilar, qui a vite vu son potentiel comique, lui confie : « Il ne faut pas que tu restes ici » au TNP. « Le théâtre de boulevard, c’est ça ton affaire, vas-y ! » Le théâtre de boulevard sera son univers pendant des décennies. Elle joue notamment dans des pièces de Guitry mais, surtout, le public se presse pendant un an et demi pour la voir au côté de Louis de Funès dans « Oscar », mis en scène par Pierre Mondy.
À la télévision, Laurence Badie a joué le personnage de tante Marthe au côté de Mallaury Nataf, alias Lola Garnier, dans la sitcom des années 90 d’AB Productions Le Miel et les Abeilles.
« Je ne suis passée à côté de rien du tout. Pour moi, tout est écrit ! »
Côté doublage, outre Véra dans « Scooby-Doo », elle est la voix française de bien d’autres personnages de dessins animés comme Casper le gentil fantôme ou le chien Rocky. « J’ai vite renoncé à être une grande vedette de cinéma », assurait-elle. Sans regret. « Je ne suis passée à côté de rien du tout. Pour moi, tout est écrit ! »
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