Des groupes non gouvernementaux ont demandé aux Nations unies d’exhorter le gouvernement sud-coréen à mettre fin à sa complicité dans le prélèvement forcé d’organes en Chine.
« La Corée du Sud, connue pour être un grand pourvoyeur pour le tourisme de transplantation en Chine, n’a pas pris de mesures suffisantes pour contrôler et décourager cette pratique, bien qu’elle soit consciente des circonstances entourant le prélèvement forcé d’organes – une privation grave et arbitraire de vies humaines, » ont indiqué deux organisations caritatives dans une déclaration le 13 septembre.
Les deux organisations – Korea Association for Ethical Organ Transplants (KAEOT : Association coréenne pour l’éthique des transplantations d’organes) et Doctors Against Forced Organ Harvesting (DAFOH : Médecins contre le prélèvement forcé d’organes) – ont exprimé leurs inquiétudes quant à l’implication du gouvernement coréen dans cette pratique illicite, dans un rapport soumis au Comité des droits de l’homme des Nations unies. Une session de l’organisme mondial est prévue à Genève le mois prochain.
Kim Hwangho, directeur de KAEOT, a souligné que le rapport n’aurait pas seulement un impact sur le gouvernement coréen, mais qu’il contribuerait également à lutter contre le prélèvement forcé d’organes en Chine, étant donné que ce commerce de plusieurs milliards de dollars a été alimenté par des touristes greffés du monde entier.
« La collaboration entre les ONG afin d’inciter le Comité des droits de l’homme à surveiller les autres pays qui se rendent complices du prélèvement forcé d’organes en Chine peut contribuer à lutter contre cette pratique odieuse, qui repose sur la demande des autres pays, » a indiqué M. Kim dans une déclaration écrite à Epoch Times.
Un « crime contre l’humanité »
L’industrie de la transplantation d’organes en Chine a connu une croissance exponentielle depuis le début des années 2000, malgré le fait que le don volontaire d’organes soit minime dans ce pays. Il a été prouvé que les hôpitaux chinois proposent des organes compatibles en quelques jours seulement, ce qui est sans précédent dans les pays qui s’appuient sur un système de dons volontaires.
Le rapport du groupe cite une émission diffusée en 2017 sur la chaîne câblée sud-coréenne TV Chosun, qui a révélé que des patients coréens se rendaient en masse en Chine pour bénéficier d’une greffe.
Les reporters de la chaîne, se faisant passer pour des parents d’un patient souffrant d’une maladie rénale, se sont renseignés sur les opérations de transplantation dans un hôpital de Tianjin, une ville côtière chinoise. À l’aide d’une caméra cachée, ils ont filmé les conversations tenues avec le personnel de l’hôpital, qui les a informés que le délai d’attente habituel pour obtenir un organe compatible allait de sept à cinquante jours. Toutefois, une infirmière a précisé que le patient pouvait obtenir un rein en deux jours s’il souhaitait payer un supplément de 10.000 dollars (9.400 euros).
Interrogée sur le nombre moyen d’opérations de transplantation réalisées quotidiennement par l’hôpital, l’infirmière a répondu qu’elle avait réalisé trois greffes de rein et quatre greffes de foie la veille.
Les journalistes ont également interrogé des patients coréens qui avaient subi des opérations de transplantation dans cet hôpital. Une femme a affirmé avoir attendu huit semaines pour obtenir un organe compatible. Son fils a expliqué aux journalistes que l’organe était arrivé à l’hôpital environ deux heures après le prélèvement.
Au cours des dernières décennies, les délais d’attente particulièrement courts pour l’obtention d’organes en Chine ont attiré des milliers de patients étrangers. Une étude publiée en 2016 dans l’American Journal of Transplantation a montré que la Chine était le « pays de destination » le plus populaire pour les transplantations à l’étranger, tandis que la Corée du Sud était le deuxième « pays de départ ».
Des chercheurs ont examiné des articles publiés entre 2000 et 2015 et ont identifié 6002 patients qui se sont rendus à l’étranger pour obtenir des organes entre 1971 et 2013. Près de 45% (2700) de ces patients se sont rendus en Chine pour y subir des opérations vitales.
Jusqu’en 2015, il n’existait pas de système officiel de don et de distribution d’organes en Chine. En général, les Chinois sont réticents à faire don de leurs organes du fait de leurs croyances traditionnelles qui considèrent que le corps est un don des parents et qu’il doit rester intact après la mort.
En 2003 encore, le nombre de dons d’organes dans le pays était nul, selon les médias d’État chinois. La plupart des organes à transplanter provenaient de prisonniers exécutés, ont reconnu de hauts fonctionnaires chinois pour la première fois en 2005.
Cependant, le nombre d’exécutions dans le couloir de la mort ne saurait expliquer le nombre élevé de transplantations réalisées dans le pays.
En 2019, un tribunal populaire indépendant, le « China Tribunal », basé à Londres, a conclu, après plusieurs mois d’enquête, que le régime chinois avait tué des prisonniers de conscience « à grande échelle » pour alimenter son marché de la transplantation. Les principales victimes, selon le tribunal, sont des pratiquants du Falun Gong.
Depuis 1999, le Falun Gong, une discipline spirituelle et une pratique de méditation dont les enseignements moraux reposent sur les principes de vérité, compassion et tolérance, fait l’objet d’une purge de la part du Parti communiste chinois (PCC). Les pratiquants sont arrêtés arbitrairement, jetés dans des prisons, des camps de travail forcé, des camps de concentration et des centres de lavage de cerveau, où ils sont systématiquement torturés afin de les contraindre à renoncer à leur foi.
Le tribunal londonien a affirmé que le régime communiste chinois avait commis un « crime contre l’humanité » et a appelé les gouvernements et les organismes internationaux à « faire leur devoir » en réponse à cette conclusion.
« Complicité passive »
Cette année, des responsables chinois ont renouvelé un appel à renforcer « la coopération en matière de dons et de transplantations d’organes » dans le cadre de l’initiative « la Ceinture et la Route », suscitant des critiques de la part de groupes de défense des droits de l’homme à Taïwan, au Japon et en Corée du Sud.
Selon le rapport KAEOT-DAFOH, le gouvernement local de Busan, deuxième ville de Corée du Sud, a participé à la promotion de ce projet controversé. En 2022, les autorités de Busan ont coorganisé le premier symposium international sur le don d’organes en Asie, au cours duquel les participants ont discuté sur l’acheminement transfrontalier d’organes ou le transport de patients par l’intermédiaire d’un réseau de partage.
« De telles actions risquent d’aider involontairement la Chine à pratiquer le prélèvement forcé d’organes et de mettre les personnes sud-coréennes en position de participer involontairement à ce crime odieux, » peut-on lire dans le rapport.
Le Dr Torsten Trey, cofondateur et directeur exécutif de DAFOH, a indiqué que le rapport illustrait la manière dont « les pays du monde libre se rendent complices du prélèvement forcé d’organes en Chine ».
« Non pas en la soutenant volontairement, mais en la laissant faire, » a-t-il affirmé à Epoch Times.
Selon M. Trey, si les pays s’engageaient à respecter la législation existante, ils pourraient rompre avec la « complicité passive ».
« Ce n’est pas inévitable, c’est un choix. Il n’est pas trop tard pour rompre les liens avec les crimes contre l’humanité commis par le PCC, » a-t-il souligné.
« Mais si le choix n’est pas assumé, la complicité augmentera. »
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