Entre restrictions et inquiétudes, la France affronte mercredi 3 août la journée la plus chaude du troisième épisode caniculaire enregistré depuis juin, avec des températures qui pourraient atteindre jusqu’à 40 °C dans le Sud-Ouest et une sécheresse chaque jour plus marquée.
« La journée de mercredi sera la plus chaude à l’échelle nationale », avertit Météo-France, mais le pic de chaleur sera encore présent jeudi « en se décalant vers l’Est ».
« Entre mercredi et jeudi les maximales seront souvent supérieures ou égales à 35 °C avec des pointes à 39 ou 40 °C sur le Sud-Ouest », précise Météo-France, qui a placé 26 départements en alerte orange canicule.
« On est inquiet (de) ces répétitions rapprochées de vagues de chaleur », qui « ne permettent pas aux organismes de revenir à un fonctionnement normal », a expliqué Isabelle Bonmarin de Santé publique France (SPF).
En attendant, dans les centres-villes surchauffés, c’est la ruée sur l’eau : « On vend 100 bouteilles par jour, contre 20 d’habitude, alors que les Lyonnais sont en vacances. On ravitaille en permanence ! », relate ainsi un employé du kiosque à journaux Le Viste, en face de la place Bellecour.
Un déficit de précipitations de 84% par rapport aux normales
Cette chaleur ne fait que renforcer la sécheresse. Juillet 2022 est « au second rang des mois les plus secs tous mois confondus » en France depuis le début des mesures en 1958-1959, avec un cumul de précipitations agrégées de 9,7 millimètres, soit un déficit de précipitations d’environ 84% par rapport aux normales, selon Météo-France. Et « on est en situation de sécheresse record pour l’humidité des sols depuis le 17 juillet au niveau national », a indiqué Jean-Michel Soubeyroux, climatologue chez Météo-France.
D’ici le milieu du mois d’août il est probable que la situation s’aggrave
« En ce début août, les sols sont (…) encore plus secs qu’ils ne l’étaient à la même date en 1976 et en 2003. D’ici le milieu du mois d’août, il est probable que cette situation s’aggrave encore, et que le record absolu de sécheresse des sols superficiels qui date de 2003 soit battu », précise Météo-France.
Autre conséquence de la canicule : EDF a annoncé de possibles « restrictions » de production à sa centrale nucléaire du Tricastin (Drôme), en raison des « prévisions de température élevées sur le Rhône« , dont l’eau sert à refroidir les réacteurs, qui pourrait conduire « à l’arrêt d’une tranche ».
Sécheresse et canicule sont « la manifestation du réchauffement climatique, aujourd’hui plus personne » ne le « remet en cause », a expliqué mercredi matin la ministre de la transition énergétique Agnès Pannier-Runacher sur Cnews. « Le climat 2020 on peut l’oublier, et le climat 2022 est peut-être le plus frais des années à venir ».
L’hydrologue Emma Haziza va plus loin : « Il va falloir réfléchir à une nouvelle forme d’agriculture », a-t-elle dit sur France 2. Et d’interroger: « peut-on encore se permettre de continuer » à cultiver du maïs « qui a besoin d’énormément d’eau en surface? ».
« On ne voit pas de sortie dans l’immédiat à cette situation de sécheresse. (…) Il faudrait un mois de précipitations excédentaires avant de retrouver une situation normale », corrobore Jean-Michel Soubeyroux.
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