Si on nous demande de comparer un pays européen à la Chine, à quel pays pense‑t‑on spontanément ? La Biélorussie, peut‑être. Après tout, ce pays enclavé d’Europe de l’Est est dirigé par Alexandre Loukachenko, un chef d’État autoritaire qui partage une amitié étroite avec un autre chef d’État tyrannique du nom de Xi Jinping.
Et la Grèce ? Oui, la Grèce, le berceau de la civilisation occidentale. Un récent article de Politico a dressé un portrait plutôt sombre du pays connu pour ses superbes plages et ses fêtes incessantes. La Grèce est en train de devenir un pays synonyme de gouvernement autoritaire. En cas de doute, il suffit de demander à n’importe quel journaliste du pays essayant de fournir des informations honnêtes et objectives.
La répression des journalistes a commencé il y a plus de dix ans, lorsque la Grèce a subi un effondrement économique dévastateur. La négligence fiduciaire a conduit à la ruine du pays, ce qui n’a pas manqué de mettre les responsables dans l’embarras. Ce dont ces responsables avaient alors besoin en dernier lieu, c’était de journalistes venant remuer le couteau dans leurs plaies béantes. Et voilà les élites faisant tout leur possible pour empêcher les médias de rapporter un des événements les plus marquants de la fin des années 2000. Plus récemment, le pays s’est retrouvé ravagé par le Covid‑19, une fois encore les journalistes ont été menacés par la classe dirigeante.
Selon le dernier Classement international de la liberté de la presse de Reporters sans frontières (RSF), la Grèce est le 108e pays au monde où il fait bon être journaliste. C’est la position la plus basse de tous les pays membres de l’Union européenne. Il y a deux ans, la Grèce était classée 38 places plus haut. (Au cas où certains se posent la question, c’est la Norvège qui occupe la première place.)
Étrangement, le déboulonnement de la Grèce n’a pas empêché le gouvernement grec d’introduire une toute nouvelle loi destinée à « endiguer la désinformation ». Cette nouvelle loi n’a que peu à voir avec la désinformation, mais bien plus avec la coercition et le contrôle. Les journalistes et les médias identifiés comme propagateurs de « fake news » sont désormais menacés, attaqués et surveillés. Certains d’entre eux sont même envoyés en prison.
Existe‑t‑il un autre pays qui traque les journalistes de manière similaire ? Bien sûr, il existe.
En Chine, pays qui se trouve en 175e position dans le rapport de RSF, les journalistes sont régulièrement arrêtés et « disparaissent ». Si l’on en croit le rapport, la méthode chinoise de persécution et de poursuite des journalistes gagne du terrain. Cela nous ramène à la Grèce. Il est plutôt ironique que le berceau de la démocratie soit aujourd’hui un des plus proches alliés de la Chine communiste.
En octobre de l’année dernière, lorsqu’un certain nombre de pays européens ont cru bon de critiquer le traitement réservé par le Parti communiste chinois aux Ouïghours dans le Xinjiang, le gouvernement grec a choisi de garder le silence. Ce silence en disait long. En vérité, les relations entre la Chine et la Grèce remontent à plusieurs années. La Chine a investi massivement dans les infrastructures grecques. Elle contrôle essentiellement le port du Pirée, le principal port maritime d’Athènes, qui occupe une position stratégique entre l’Asie et l’Europe.
Comme le rappelle avec empressement le média d’État chinois Global Times, 2022 est une année spéciale pour les relations sino‑grecques. Cela fait maintenant un demi‑siècle que les relations diplomatiques entre la Chine et la Grèce ont été établies. Depuis 1972, selon l’article, « les deux pays ont forgé une amitié et une coopération étroite dans un large éventail de domaines, notamment l’investissement, le commerce, le tourisme et la culture ».
En 2006, les deux pays ont signé un accord de partenariat : Integrated Strategic Partnership. Puis, en 2018, la Grèce est devenue membre de l’Initiative Ceinture et Route (ICR) lancée par la Chine. La Grèce, nous dit‑on, aspire à devenir la principale plaque tournante entre l’Asie et l’Europe centrale.
Comme l’a récemment noté le China Daily, un autre média soutenu par le PCC, la Chine a fortement investi dans l’ADMIE (IPTO, Independent Power Transmission Operator S.A.), une société qui exploite, contrôle et entretient essentiellement le réseau électrique de la Grèce. La State Grid Corporation of China (SGCC), une société publique d’électricité, détient une participation importante dans l’ADMIE.
Le secteur bancaire, voilà un autre domaine qui attire la Chine. En 2019, Bank of China, une banque d’État dont le siège social se trouve au cœur de Pékin, s’est installée à Athènes. Il est intéressant de noter que la banque est également présente dans des pays comme l’Australie, la Nouvelle‑Zélande, l’Allemagne, le Royaume‑Uni, la France, le Canada et les États‑Unis.
En avril, lorsqu’on lui a demandé s’il était préoccupé par l’intérêt croissant de la Chine pour son pays, Nikos Dendias, le ministre grec des Affaires étrangères était à l’évidence tout sauf inquiet. Tous les investissements chinois, a‑t‑il insisté, respectent les règles de l’UE. Mais le respect des règles n’est pas la question. Le fait que la Grèce devienne rapidement une marionnette contrôlée par Pékin devrait alerter tous les citoyens grecs. En réalité, cela devrait troubler tous les citoyens européens. La Grèce est une porte d’entrée vers l’Europe. L’infiltration de la Chine commence par la Grèce, mais où se terminera‑t‑elle ? Dans un endroit maudit, c’est sûr.
Les opinions exprimées dans cet article sont celles de l’auteur et ne reflètent pas nécessairement celles d’Epoch Times.
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