Dans une rue de Dresde pratiquement inchangée depuis les années 1890, un petit recoin est occupé par la plus belle laiterie du monde, Pfunds Molkerei. Elle est entrée dans le livre Guinness des records en 1997.
Sa beauté a traversé l’enfer, survivant à deux guerres mondiales, à l’occupation militaire soviétique, à la fermeture et à la quasi-destruction. Mais elle a survécu, et a une véritable histoire à raconter.
Aujourd’hui, vous pouvez encore entrer dans le magasin et vous retrouver ébahi devant ce qui fait la renommée de Pfunds Molkerei – outre ses produits laitiers de qualité – à savoir son intérieur : décoré de façon exquise avec des carreaux colorés de style néo-renaissance pour les murs et les plafonds, produits par Villeroy & Boch.
Ces céramiques sont ornées d’angelots, d’enfants qui jouent, de guirlandes et de couronnes classiques, d’animaux des bois tels que des écureuils et des papillons et, ce qui est tout à fait approprié pour une crèmerie, de vaches. Il y a un comptoir splendide avec des panneaux en laiton et en carreaux de faïence assortis.
Vous pouvez y déguster ses célèbres fromages, vous régaler d’une glace onctueuse ou savourer un grand verre de lait frais et sain. Ils proposent une myriade d’autres produits, avec un magasin spécialisé à côté qui vend des saucisses à griller, de la soupe et de la moutarde allemande au goût poivré.
Mais au-delà de sa beauté, ce magasin fantaisiste a une histoire passionnante.
C’est un véritable témoignage de l’esprit d’entreprise de ses fondateurs, la famille Pfund, qui l’a créé en 1880, en pleine période d’industrialisation de Dresde.
Les villes se sont développées et le fondateur Paul Pfund a constaté que les règles d’hygiène les plus simples n’étaient pas respectées. Le lait arrivait contaminé, aigre ou même coupé avec de l’eau.
Pour améliorer la vie des habitants de Dresde, il crée un sanatorium laitier, fournissant du lait de qualité, et l’entreprise prospère. Elle s’est développée en ouvrant son magasin principal dans la rue Bautzner, dans la Nouvelle Ville extérieure, à l’endroit où il se trouve aujourd’hui.
Paul Pfund, économiste de formation (agriculteur pour les Allemands de l’époque), et son frère Friedrich Pfund, célèbre comédien, voient ensemble le prestige de l’entreprise s’accroître.
L’entreprise s’agrandit à pas de géant, diversifiant les lignes de produits au fur et à mesure que les réseaux de distribution se densifient. Ils obtiennent une presse à beurre et un séparateur de lait. La production de lait concentré marque le début du succès de Pfunds à l’étranger.
La quantité de lait transformé chaque jour augmente continuellement, passant de 500 litres au début à 40 000 litres en 1895.
Afin de ne pas dépendre d’autres corps de métier, ils ont élevé leurs propres animaux ; ils ont créé leur propre usine de boîtes en carton, leur imprimerie, leur forge à chaussures, leur atelier de peinture, ainsi que des ateliers de couture et de blanchisserie pour les uniformes des employés.
L’entreprise a ouvert la voie en prenant soin de son personnel. Elle a mis en place sa propre assurance maladie et maternité, ainsi que des subventions pour le personnel. Elle veille à ce que les employés qui ont travaillé 25 ans pour l’entreprise et qui ont pris leur retraite à 65 ans bénéficient de prestations à vie.
Pourtant, la calamité s’annonce : la Seconde Guerre mondiale, en particulier, a pratiquement rasé la ville de Dresde. Fait étonnant, Pfunds Molkerei a survécu aux bombardements aériens et à l’incendie de février 1945.
Pourtant, le magasin principal, avec ses carreaux de céramique néo-Renaissance, est demeuré « miraculeusement intact », écrit le magasin sur son site web.
Puis, lorsque l’Allemagne de l’Est est tombée aux mains des Soviétiques dans l’après-guerre, Pfunds Molkerei a dû faire face à un régime militaire communiste tyrannique qui menaçait de confisquer l’entreprise par l’État.
Les propriétaires du magasin ont résisté au régime pendant un certain temps, jusqu’à ce qu’il soit obligatoirement exproprié en 1972 et fermé en 1978. Ces beaux carreaux classiques ne convenaient pas à l’esthétique socialiste.
Le manque d’entretien a entraîné la démolition d’une grande partie de l’entreprise. La belle salle de vente, avec ses créatures mythiques, ses anges et son décor, a cependant survécu.
Les propriétaires ont bien fait de faire appel à l’Institut pour la conservation des monuments historiques, ce qui a permis de mettre en place un dispositif de préservation et de protection du magasin.
Enfin, avec la chute des Soviétiques, les héritiers de la laiterie en sont redevenus propriétaires en 1990. Bien qu’ils aient dû céder la gestion à un homme d’affaires de Dresde, Pfunds Molkerei est toujours en activité près de 150 ans après.
Étonnamment, seuls 5 % des carreaux ont dû être renouvelés. Les autres sont tous d’origine. Villeroy & Boch, toujours en activité, a fourni de nouveaux carreaux assortis à l’ancien décor.
L’entreprise laitière, qui gérait autrefois une vaste chaîne et des installations de production, passe aujourd’hui des contrats avec des fermes régionales.
Toutefois, vous pouvez toujours entrer et vous émerveiller devant ses carreaux colorés ornés de charmants et magnifiques dessins de la Renaissance et siroter un grand verre de lait frais et sain.
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