Les êtres humains ont une faiblesse : il nous est facile de voir les problèmes des autres, mais pas nos propres problèmes. Cependant, si nous examinons la façon dont nos ennemis nous voient, cela peut nous donner quelques idées sur nous-mêmes.
Aujourd’hui, beaucoup de gens ont le sentiment que quelque chose ne va pas dans notre société. Mais qu’est-ce que c’est ? Pour l’expliquer, il peut être utile de voir les choses avec les yeux de notre adversaire que beaucoup croyaient vaincu après la fin de la guerre froide – la guerre froide qui semble ressurgir aujourd’hui dans sa nouvelle forme accompagnée de conflits locaux et régionaux coûteux en victimes.
Les révélations d’un ex-agent du KGB
Je suis tombé sur une vidéo d’une interview donnée en 1985 par Yuri Bezmenov, un agent du KGB qui a fait défection. L’interview porte sur la stratégie à long terme élaborée à l’époque par l’Union soviétique afin de déstabiliser et détruire l’Occident, en particulier et avant tout les États-Unis – la première puissance du monde démocratique qui devait être suivie dans sa chute par d’autres pays occidentaux.
Après la dislocation de l’Union soviétique en 1991, des tactiques semblables ont été poursuivies par d’autres régimes autoritaires. Ces forces visent à saper les bases, à déstabiliser, à diviser et à démolir les sociétés démocratiques par la subversion idéologique – en d’autres termes, le lavage de cerveau de masse. Ce moyen s’est avéré bien efficace. Comme l’a expliqué l’ex-agent du Kremlin, « la subversion idéologique » représente l’élément essentiel de leur stratégie et consiste dans un « processus de changement graduel de la perception de la réalité dans les esprits de millions de personnes à travers le monde ».
L’interview de M. Bezmenov, qui se réfère souvent à l’exemple de l’Amérique dont il connaît bien la situation, est très révélatrice. Je souhaite tout d’abord vous faire part de deux citations de cette interview :
« L’idéologie marxiste-léniniste est injectée dans les têtes malléables d’au moins trois générations d’étudiants américains (…) Le processus de démoralisation aux États-Unis est déjà pratiquement achevé (…) Il est imposé principalement par les Américains aux Américains en raison du manque de normes morales. »
« Comme je l’ai déjà mentionné, donner de vraies informations ne sert pas à grand-chose. Une personne ‘démoralisée’ est incapable d’évaluer les vraies informations. Les faits ne lui disent rien. Même si je l’inonde d’informations, de preuves authentiques, de documents, de photos. Même si je l’emmène de force en Union soviétique et que je lui montre un camp de concentration, elle refusera d’y croire jusqu’à ce qu’elle reçoive un coup de pied dans son gros derrière. Quand la botte militaire l’écrasera, alors elle comprendra, mais pas avant. C’est ça la tragédie de l’état de démoralisation. »
Il est effrayant de regarder la vidéo de M. Bezmenov ainsi que sa conférence qui contient plus de détails. Ce qu’il a décrit à l’époque comme une stratégie à long terme, se réalise aujourd’hui sous nos yeux. Pour moi, le plus alarmant est le fait que la démoralisation est « imposée principalement par les Américains aux Américains en raison du manque de normes morales ». En fait, comme l’a souligné l’ex-agent du Kremlin, « au cours des 25 dernières années, la démoralisation a atteint des proportions telles que même le camarade Andropov [chef du KGB de l’époque] et tous ses experts ne pouvaient même pas rêver d’un tel succès ».
Selon M. Bezmenov, seulement 10 à 15% du personnel et des ressources du KGB étaient attribués à l’espionnage clandestin traditionnel à la James Bond. « Les 85% restants sont attribués à un long processus que nous appelons soit ‘la subversion idéologique’, soit, dans le jargon du KGB, ‘les opérations actives’ » qui étaient tout à fait « légitimes, ouvertes et visibles ».
Cet « immense processus de lavage de cerveau », à la fois discret mais visible, se réalise au moyen d’une stratégie à quatre étapes : démoralisation, déstabilisation, crise et normalisation.
La démoralisation
Cette première étape dure de 15 à 20 ans ou plus. C’est le temps nécessaire pour façonner au moins une génération. Elle consiste à laver le cerveau des gens avec différentes formes d’idéologies basées sur le marxisme dont les idées inspirent aujourd’hui de nombreux mouvements en Occident. Pour cela, il faut manipuler tout d’abord les médias et le monde universitaire.
Déjà dans l’Amérique des années 1980, explique Youri Bezmenov, la plupart des diplômés qui occupaient des postes de pouvoir au sein du gouvernement, de la fonction publique, des entreprises, des médias et du système éducatif ont été « démoralisés ». Ils étaient « programmés pour penser et réagir à certains stimuli selon un certain schéma » et ce processus était « achevé et irréversible ».
« On ne peut pas changer leurs têtes », poursuit-il, en soulignant que si l’on commençait à éduquer une nouvelle génération, il faudrait encore de 15 à 20 ans pour « ramener sa perception idéologique de la réalité à la normale et au patriotisme ».
La déstabilisation
Cette deuxième étape consiste à amener la société dans un état chaotique. Au cours de cette étape, les statu quo dans la société, l’économie, les relations étrangères et les systèmes de défense sont modifiés. Le procédé vise à installer l’esprit de la lutte et à radicaliser les relations humaines au point que les gens soient incapables de résoudre les problèmes de manière civique, à casser les relations traditionnelles en créant des groupes – en particulier, différents mouvements associés à la lutte pour les droits des femmes, aux tensions raciales, etc. « Tant que ces groupes s’affrontent de manière antagoniste (…) c’est de la déstabilisation. »
En même temps, « l’oligarchie » fait toutes sortes de promesses pour gagner le soutien des masses populaires, ce qui lui permet de créer un énorme gouvernement qui s’immisce dans la vie des gens. Le rôle des médias et du monde universitaire est également essentiel pour le succès de cette étape.
Dans son livre Love Letter to America, Youri Bezmenov a également constaté que les médias occidentaux « sont des réceptionnaires volontaires de la subversion » qui vise à détruire la société traditionnelle et ses valeurs.
« Je le sais parce que j’ai travaillé avec des journalistes et des correspondants américains à Moscou lorsque j’étais du côté soviétique, ainsi qu’après ma défection à l’Occident », a-t-il confié, soulignant que le paysage médiatique occidental est « monopolisé à la fois financièrement et idéologiquement par ceux qu’on appelle les ‘libéraux’ ».
La crise
La troisième étape, poursuit l’ex-agent secret, constitue un point de basculement dans le chaos de la société déjà déstabilisée, ce qui pourrait mener à une insurrection et même à une guerre civile. En fin de compte, les gens auront besoin d’un gouvernement du soi-disant salut national qui pourra intervenir et assurer la stabilité. « Alors un pays étranger pourrait intervenir » et épauler d’une façon ou d’une autre l’établissement d’un tel gouvernement « ou un groupe local de gauchistes » pourrait prendre le pouvoir sans soutient étranger visible – un groupe ou un parti de « dictateurs ‘bienveillants’ » qui « vient et déclare : ‘Je vais vous guider’ ».
C’est aussi le stade où de nombreux idéalistes de gauche, ou les « idiots utiles » – un terme dont l’origine est attribuée encore à Lénine – ne seront plus « utiles », car ils seraient désillusionnés et deviendraient des obstacles. Ils seront alors éliminés, exilés ou emprisonnés, comme ce qu’on a vu sous plusieurs régimes communistes, par exemple sous le régime chinois. « C’est le même schéma partout », a précisé Yuri Bezmenov.
La normalisation
Ces trois étapes culminent dans la quatrième et dernière étape où la situation est « normalisée ». La population commence à accepter et à assimiler une forme ou une autre du régime autoritaire de gauche et de contrôle omniprésent. Cette étape finale peut prendre jusqu’à 20 ans.
L’utilisation dans ce contexte du mot « normaliser » est bien ironique, a commenté M. Bezmenov : « Lorsque les chars soviétiques sont entrés en Tchécoslovaquie en 1968, le ‘camarade’ Brejnev [ex-dirigeant de l’Union soviétique] a déclaré : ‘Maintenant, la situation est normalisée.’ » Une telle « normalisation » sous une forme ou une autre pourrait arriver à un autre pays, y compris « aux États-Unis si on permet à tous ces imbéciles d’amener ce pays à la crise », a-t-il averti.
« [Il y aura des promesses de] toutes sortes de bonnes choses et de paradis sur terre, mais le seul but est de déstabiliser votre économie, d’éliminer le principe de la concurrence sur un marché libre et de mettre en place à Washington un gouvernement du ‘Big Brother’ avec des dictateurs ‘bienveillants’ qui promettront plein de choses. Peu importe que ces promesses soient tenues ou non. »
Aujourd’hui, les révélations effrayantes de Youri Bezmenov semblent toujours être bien pertinentes. Selon les sondages de la Fondation commémorative des victimes du communisme, le soutien au marxisme et au socialisme parmi les jeunes Américains a énormément augmenté. En fait, cela se produit dans tous les pays occidentaux. En même temps, des différentes idées et projets ambitieux, comme la « Grande réinitialisation » (Great Reset) – un plan international socialiste prévoyant l’installation d’un système mondial hautement centralisé du contrôle omniprésent, semblable au système du « crédit social » chinois – visent à changer fondamentalement le monde sur le plan économique et social. Cela ressemble à la version mise à jour des changements envisagés par la stratégie révélée par M. Bezmenov.
« Les États-Unis sont en état de guerre. Une guerre totale non déclarée contre les principes de base et les fondements de ce système (…) La bombe à retardement fait tic-tac (…) Contrairement à moi, vous n’aurez nulle part où faire défection, à moins que vous vouliez vivre en Antarctique avec des pingouins. », a-t-il mis en garde.
Comment en sommes-nous arrivés là, presque sans le savoir ?
Une méthode d’infiltration sournoise
En 1847, Karl Marx et Friedrich Engels ont commencé leur texte fondateur du marxisme Manifeste du Parti communiste par la phrase suivante : « Un spectre hante l’Europe : le spectre du communisme. » Aujourd’hui, ce « spectre » hante le monde bien au-delà des frontières de l’Europe, en s’infiltrant dans les esprits de manière sournoise et non violente.
Un grand nombre de membres des organisations inspirées par les idées du communisme (et du socialisme, qui est son étape initiale selon la théorie marxiste-léniniste) sont en train de les promouvoir activement. Ils se joignent à différents mouvements et s’attirent la sympathie de personnalités importantes, telles que des ministres, des hauts fonctionnaires, des industriels, des doyens d’université et des chefs religieux.
En même temps, on a vu apparaître un grand nombre de jeunes étudiants « anti-traditionnels » qui ont été fortement influencés par le marxisme culturel et la théorie de la « longue marche à travers les institutions » élaborée selon la stratégie du marxiste italien Antonio Gramsci. Après avoir obtenu leur diplôme, ces générations de jeunes entrent dans des institutions ayant de l’influence sur la société et la culture, telles que les universités, les médias, les agences gouvernementales et les ONG à but non lucratif.
Le sénateur américain Ted Cruz a parlé un jour de la faculté de droit d’une université prestigieuse qu’il avait fréquentée : « Il y avait plus de communistes autoproclamés [à la faculté] que de républicains (…) Si vous leur demandiez de voter pour savoir si ce pays devrait devenir socialiste, 80% des professeurs voteraient oui et 10% trouveraient même que ce vote serait trop conservateur. »
De son côté, le progrès scientifique a renforcé la confiance des êtres humains dans leurs propres capacités et a alimenté les espoirs des intellectuels ayant tendance à se laisser berner par les idéologies radicales. Ils pensent toujours être capables de trouver une approche « correcte » pour réaliser une utopie – un « paradis sur terre » – l’idée essentielle propagée par le « spectre » du communisme. Cependant, l’histoire nous témoigne que différentes formes de réalisation de l’idée communiste ont amené à la suppression des libertés par une élite dictatoriale, à un bain de sang et à une grande misère.
Que pouvons-nous faire ?
Deux siècles d’expérimentation avec la fierté et la raison humaines ont conduit au déclin de la moralité et à la perte de millions et de millions de vies à la suite des ravages inspirés par l’idée communiste. Dans ce contexte, il convient de noter la citation du tyran communiste Joseph Staline : « La mort d’un homme est une tragédie. La mort d’un million d’hommes est une statistique. »
Une autre remarque, qui est attribuée également à Staline et concerne l’Amérique, dépasse largement le cadre de ce pays : « L’Amérique est comme un corps sain dont la résistance se base sur trois domaines : son patriotisme, sa moralité et sa vie spirituelle. Si nous arrivons à saboter ces trois domaines, l’Amérique s’effondrera de l’intérieur. »
Il est temps pour nous de redevenir humbles, de regarder à l’intérieur, de comprendre et de s’opposer aux plans de destruction de notre société – et ce, en se fondant sur la sagesse des valeurs traditionnelles qui ont formé et préservé notre civilisation. C’est la seule solution.
Les opinions exprimées dans cet article sont celles de l’auteur et ne reflètent pas nécessairement celles d’Epoch Times.
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