Le président américain Joe Biden, le premier ministre japonais Fumio Kishida et le président philippin Ferdinand Marcos se rencontreront à Washington le 11 avril. Il s’agit de la première réunion conjointe de ce type, et ce grâce au dirigeant chinois Xi Jinping.
La pression chinoise sur les territoires maritimes des Philippines et du Japon rapproche tout le monde, et les enjeux sont importants.
Retour vers le futur
Ce n’est pas la première fois que les Philippines luttent contre les empiètements agressifs chinois sur leur territoire maritime.
En 2012, les Chinois se sont emparés du récif de Scarborough, à l’intérieur de la zone économique exclusive des Philippines.
Les États-Unis n’ont rien fait lorsque la Chine a rompu la promesse faite à Kurt Campbell, alors secrétaire d’État adjoint aux affaires de l’Asie de l’Est et du Pacifique, de retirer ses navires et a continué à occuper le récif de Scarborough.
Devant la consternation des Philippins, les juristes du département d’État ont présenté des excuses pour expliquer pourquoi le traité de défense mutuelle ne s’appliquait pas.
Puis, en 2016, la Cour permanente d’arbitrage s’est prononcée en faveur des revendications philippines et a largement invalidé celles de Pékin. L’administration Obama est restée pratiquement silencieuse, s’attendant à ce que Pékin lui rende la pareille.
Mais, la Chine a rejeté la résolution comme un vulgaire « papier brouillon ».
Pire encore, les Américains ont encouragé alors les Philippines à intenter un procès.
Depuis, pour de nombreux Philippins, les Américains jouent sur deux tableaux.
Aujourd’hui
La Chine est toujours sur le récif de Scarborough. Aujourd’hui, elle tente de rendre difficile, voire impossible, pour les Philippines, le réapprovisionnement de leurs hommes positionnés sur un navire de la marine délibérément échoué sur le récif Second Thomas, un lieu qui, comme l’a déterminé la Cour d’arbitrage, se trouve bien à l’intérieur des eaux philippines.
Outre les heurts et les blocages, les Chinois ont attaqué les navires philippins avec des lances à eau très puissantes, causant des dommages structurels et blessant gravement des membres de l’équipage, notamment des militaires philippins.
Les Chinois – dont un hélicoptère de la marine – interfèrent également avec les efforts philippins de recherche océanographique en eaux philippines.
Les Philippins résistent courageusement, mais les Chinois ont le dessus et peuvent à tout moment éloigner les Philippins de leur propre territoire.
Depuis son arrivée au pouvoir il y a près de deux ans, M. Marcos n’a pas ménagé ses efforts. Il a éloigné son pays de la Chine et relancé l’accord de coopération renforcée en matière de défense, qui permet à l’armée américaine d’accéder à un certain nombre d’installations aux Philippines. Les exercices militaires avec les Américains et d’autres pays se sont également multipliés.
Les Américains ont effectué des patrouilles navales et aériennes conjointes ailleurs dans la mer de Chine méridionale. Mais les navires et les avions américains n’ont pas accompagné les Philippins là où les Chinois s’en prennent aux navires philippins ou lorsque Manille fait valoir ses droits, par exemple en retirant les barrières installées par la Chine à l’entrée du récif de Scarborough.
M. Marcos cherche de l’aide pour cette réunion, et doit certainement prier pour que les Américains ne laissent pas à nouveau les Philippines dans l’embarras.
Les espoirs de M. Marcos et des Philippines sont-ils déplacés ? Ils le sauront bientôt.
Au-delà des pressions exercées sur les Philippins, Pékin défie les États-Unis.
Les enjeux
Les enjeux sont donc importants, tout comme les attentes des Philippins.
Le secrétaire d’État Antony Blinken a récemment déclaré à Manille : « Nous sommes aux côtés des Philippines et nous respectons nos engagements en matière de défense, en particulier le traité de défense mutuelle ».
Après la dernière attaque chinoise par canon à eau et les manœuvres de blocage sur le récif Second Thomas, le département d’État américain a déclaré : « Les États-Unis sont aux côtés de leur allié et condamnent les actions dangereuses menées par la République populaire de Chine (RPC) contre les opérations maritimes légitimes des Philippines en mer de Chine méridionale, le 23 mars dernier.
« Les États-Unis réaffirment que l’article IV du traité de défense mutuelle américano-philippin de 1951 s’applique aux attaques armées contre les forces armées, les navires publics ou les aéronefs philippins, notamment ceux des garde-côtes, partout en mer de Chine méridionale. »
Tout va bien, mais les porte-parole américains semblent toujours avoir du mal à souligner que ce sont les attaques « armées » qui déclenchent le soutien américain. Et les habitants de Manille (et de Pékin) le remarquent. Les Philippines pourraient craindre que les Américains ne cherchent une fois de plus une porte de sortie. Elles ont déjà entendu des déclarations sans effet. Et les Chinois pourraient estimer que tant qu’ils ne « tirent pas », les Américains ne feront pas grand-chose.
Un ami philippin m’a fait remarquer l’autre jour : « Nous ne pouvons pas tout endurer. Les gens ont l’impression que les Chinois nous poussent à bout, au point que Washington devra intervenir et en faire plus. »
Washington pourrait le faire ou non. Il peut emprunter l’échappatoire « légale » ou tenir ses promesses. Vous voyez, il y a les termes exacts d’un traité, mais également l’esprit d’un traité.
Le traité de sécurité américano-philippin n’avait vraisemblablement pas pour but de permettre à un ennemi (la Chine communiste) d’utiliser des canons à eau et une nuée de navires pour occuper et s’emparer du territoire philippin.
Soit l’administration Biden accorde aux Philippines l’aide dont elles ont besoin – et qui leur a été promise en vertu de l’esprit du traité – et court le risque d’un conflit avec la Chine, soit elle accepte l’humiliation infligée par les Chinois et bat en retraite.
Et les Philippins ne sont pas les seuls à observer ce que Washington va faire. Tous les autres pays d’Asie (et d’ailleurs) se feront leur propre opinion sur les promesses de protection des États-Unis, qu’elles soient explicites ou implicites.
Et en cas d’échec, les États-Unis auront frappé le troisième coup. Ils pourraient alors tout aussi bien rentrer chez eux.
Qu’en est-il des Japonais ? Ils savent qu’ils sont les prochains sur la liste de Pékin. Ils font discrètement beaucoup pour les Philippines et devraient continuer à le faire. Il serait bon que les navires des garde-côtes japonais apportent leur aide, mais c’est peu probable.
En participant à la réunion, le Japon fait savoir aux Philippines qu’il est impliqué et pourrait également laisser entendre qu’il s’attend à ce que l’armée américaine intervienne lorsqu’il aura besoin d’aide pour protéger le territoire maritime japonais.
Mais en fin de compte, ce sont les États-Unis qui ont conclu le traité avec les Philippines et dont la « parole » est en jeu.
Il se trouve que M. Campbell, qui a été berné au moment de la retraite du récif de Scarborough, est l’actuel vice-secrétaire d’État. Et Jake Sullivan, l’actuel conseiller à la sécurité nationale, a été directeur de la planification politique au département d’État et conseiller à la sécurité nationale du vice-président Biden, qui est aujourd’hui président.
Cette équipe est déjà passée par là. La question est de savoir si l’histoire va se répéter ou si ils ont appris de leurs erreurs.
Les opinions exprimées dans cet article sont celles de l’auteur et ne reflètent pas nécessairement celles d’Epoch Times.
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