Vous savez que vous vieillissez lorsque vous commencez à transférer à votre enfant les rêves que vous aviez pour vous autrefois, comme jouer au basket-ball pour la NBA, a récemment fait remarquer l’un de mes amis.
Cette observation est susceptible de trouver un écho chez tous les parents. Dès qu’un enfant n’est qu’un petit bout de chou, presque tous les bons parents commencent à rêver de lui offrir le meilleur dans la vie. Au cours des années qui suivent, les parents font tout ce qu’ils peuvent pour concrétiser cet espoir en offrant à leur enfant une excellente alimentation, la meilleure éducation possible et des cours de piano, de danse, de football, de programmation informatique et toute autre chose imaginable susceptible de lui apporter le bonheur et la réussite future.
Mais vous êtes-vous déjà demandé si tous ces efforts n’étaient pas exagérés ? Et si les éléments de la réussite future de notre enfant se trouvaient en fait dans des choses bien plus simples ?
Cette question m’est venue à l’esprit en lisant l’autobiographie de Russell Kirk, intitulée The Sword of Imagination (L’épée de l’imagination). M. Kirk, bien qu’il ne soit pas nécessairement bien connu, a certainement réussi sa vie. En fait, il est considéré comme l’un des principaux penseurs conservateurs du XXe siècle, influençant des millions d’Américains en fondant – et en écrivant dans – des publications aussi éminentes que le National Review and Modern Age.
On pourrait penser qu’un homme aussi influent et prospère a été élevé dans les meilleures conditions. Il l’a été, mais pas comme beaucoup d’entre nous le pensent. En réalité, son enfance s’est déroulée dans la simplicité, caractérisée par les quatre éléments suivants :
Une famille heureuse
« Le petit Russell est né dans un monde d’ordre domestique, heureux dans ses mariages, généreux envers ses enfants, de familles soudées et conscientes de leur continuité », écrit M. Kirk.
Les parents de M. Kirk n’étaient ni excessivement riches, ni excessivement éduqués, M. Kirk note que son père n’avait qu’une sixième année d’études et qu’il avait occupé divers emplois avant de travailler dans les chemins de fer pendant la plus grande partie de sa vie. Il attribue toutefois son interaction avec sa famille comme l’une des choses les plus importantes qui l’ont « préparé à affronter le monde antagoniste ».
La présence de son père a probablement joué un rôle important dans cette préparation. « Sobre, dévoué, toujours doux et honnête dans ses propos, il passait peut-être ses heures les plus heureuses, allongé avec son jeune fils à l’ombre d’un grand chêne près de l’étang du moulin », écrit-il à propos de son père. Quel contraste avec les directives d’aujourd’hui qui nous incitent à passer d’innombrables heures à la recherche de la gloire, de la fortune et de l’épanouissement ! Au contraire, le père de M. Kirk démontre que l’un des plus grands accomplissements que nous puissions avoir dans la vie est de travailler fidèlement dans un emploi moyen pour subvenir aux besoins de nos enfants, un emploi qui n’absorbe pas tant d’énergie que nous ne puissions pas passer du temps de qualité avec eux.
Interaction avec la famille élargie
Outre le temps passé avec son père, M. Kirk a également passé beaucoup de temps avec son grand-père maternel, Frank Pierce.
« M. Pierce n’avait pas d’intimes de sa propre génération », écrit M. Kirk. « C’est avec son petit-fils qu’il parlait et se promenait. Tous deux parcouraient les collines et les vallons et « parlaient de la notion de progrès, des iniquités de Richard II, du désir d’immortalité, de la signification des rêves, de la raison pour laquelle la mer est bouillante et de la question de savoir si les cochons ont des ailes ». Pourtant, c’est par l’exemple plutôt que par les discours que le vieux gentleman enseignait au garçon la charité et la force d’âme. »
Il est de plus en plus rare pour les enfants d’être en contact aussi souvent avec leurs grands-parents ou avec ceux de la génération précédente. Cette situation est principalement due à la perte de la communauté et aux emplois du temps chargés des familles, mais également à la tendance croissante de l’éloignement entre les parents et les enfants adultes et leurs propres familles.
Le grand-père de M. Kirk lui a clairement fait découvrir des pensées profondes, la sagesse et le caractère. La question est de savoir si nous permettons à nos enfants d’avoir un accès régulier à leurs grands-parents afin qu’ils puissent glaner les mêmes connaissances. Et inversement : grands-parents, utilisez-vous votre temps et votre influence pour soigner et nourrir les jeunes esprits qui vous entourent ? La sagesse de la génération plus âgée n’a pas de prix.
Une exposition régulière à la lecture
Les livres faisaient partie de la vie de M. Kirk, à la fois grâce aux recommandations de son grand-père et à ceux qui se trouvaient dans la maison de ce dernier. Pour l’anecdote, M. Kirk n’a commencé à lire seul qu’à l’âge de 7 ans, grâce au temps considérable que sa mère passait à lui lire à haute voix, une action à laquelle M. Kirk attribue son vaste vocabulaire. Mais il a appris à lire en deux semaines, grâce aux bases que sa mère avait posées les années précédentes.
« La lecture à haute voix est l’une des rares choses qui remplit toutes les conditions en termes de santé sociale, émotionnelle et mentale », explique un article de NPR dans lequel Keisha Siriboe, consultante en alphabétisation des enfants, est interrogée sur le fait que “la lecture à haute voix peut aider les gens à gérer le stress, l’espoir et la résilience ». La mère de M. Kirk a profité sans le savoir de ces avantages de la lecture à haute voix, mais faisons-nous de même ? Si ce n’est pas le cas, nous passons à côté d’un merveilleux moment de complicité qui aidera nos enfants dans leur apprentissage et leurs connaissances futures.
La liberté d’explorer
De nos jours, beaucoup d’enfants sont enveloppés dans une bulle et surveillés de près pour s’assurer qu’ils ne se font pas de mal.
Ce n’était pas le cas de M. Kirk. On lui donnait la liberté d’explorer et d’apprendre par l’action :
« Il jouait et se bagarrait avec les robustes garçons de la basse-ville, les surnommant les chevaliers de la Table Ronde et les équipant d’épées en bois et d’armures en carton. Dans la banque de son grand-père, il tamponnait les endossements au verso des chèques et était même autorisé à empiler les coffrets de sûreté dans la chambre forte comme s’il s’agissait de blocs de construction. »
Combien de fois permettons-nous à nos enfants de jouer librement et de faire appel à leur imagination, ou les laissons-nous se mêler à nous pendant que nous travaillons, et d’apprendre inconsciemment les ficelles de l’âge adulte et de ses travaux ? En agissant ainsi, nos enfants acquièrent une indépendance et une curiosité qui les aideront un jour à prendre des risques et à relever des défis dont les enfants d’aujourd’hui, accaparés par leurs écrans, ne rêveraient même pas.
En résumé, même si nous voulons tout donner à nos enfants pour qu’ils aient les meilleures chances de réussite, ce sont souvent les choses les plus simples et les plus négligées qui leur donnent une longueur d’avance dans la vie. Allons-nous sacrifier notre temps pour faire en sorte que ces choses simples se réalisent ? Si nous ne le faisons pas, nos enfants auront du mal à rattraper le retard qu’ils ont pris.
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