Les services de renseignement suédois (Säpo) ont mis en garde mercredi contre la menace territoriale posée par l’espionnage russe, en particulier dans l’Arctique, à l’approche de l’entrée probable de la Suède dans l’Otan.
La Suède a mis fin à deux siècles de non-alignement en demandant à adhérer à l’Otan après l’invasion de l’Ukraine par la Russie. Cette adhésion devrait se concrétiser lundi lors du vote du parlement hongrois, ultime obstacle.
La Russie, comme la Chine, « mène des activités qui menacent la sécurité dans l’extrême-nord de la Suède », écrit le Säpo dans son rapport annuel sur l’évaluation des menaces. L’adhésion de la Finlande, et celle attendue de la Suède, allongent la frontière de l’Alliance atlantique dans les régions arctiques. « L’intérêt de la Russie pour le nord de la Suède concerne principalement les capacités militaires suédoises », poursuit le Säpo.
La cheffe des services de renseignement, Charlotte von Essen, a jugé que la situation sécuritaire s’était détériorée depuis l’invasion de l’Ukraine par la Russie en février 2022. « La guerre totale de la Russie contre l’Ukraine se poursuit, la situation au Moyen-Orient est grave après l’attaque du Hamas contre Israël le 7 octobre et, en Suède, nous avons relevé d’un cran l’an dernier le niveau de menace terroriste », a-t-elle déclaré aux journalistes. Le Säpo estime que les activités menaçant la sécurité du pays sont « menées sur un large front et les puissances étrangères agissent de manière offensive ». L’agence cite en particulier l’acquisition illicite de technologies susceptibles d’intéresser le renseignement militaire russe.
Transfert illégal de technologies et espionnage
Sergei Skvortsov, un sexagénaire russo-suédois, a comparu dans un procès pour transfert illégal de technologies occidentales à la Russie. La tribunal a reconnu qu’il avait exporté ce matériel mais l’a relaxé, jugeant que l’espionnage n’était pas prouvé. En janvier 2023, un ancien agent du renseignement suédois, Peyman Kia, a été condamné à la perpétuité pour espionnage au profit de la Russie.
Lundi, les services militaires de renseignement suédois (Must) avaient aussi pointé la Russie comme principale menace. »Tant que la guerre en Ukraine se poursuivra, la Russie y concentrera ses ressources, mais ce serait une erreur de penser qu’une réduction temporaire des capacités russes dans notre région nous offre un répit », a déclaré le chef du Must, Thomas Nilsson, dans un communiqué.
Le Säpo a aussi mis en garde contre les activités de renseignement de la Chine et l’Iran. La Chine acquiert « les innovations suédoises, le savoir-faire technologique et les connaissances de pointe de l’industrie et des universités », selon le rapport.
« Il pourrait y avoir une guerre en Suède »
Lors de la conférence annuelle sur la sécurité et la défense « Folk och Försvar » organisée à Sälen, le 7 janvier, le ministre suédois de la Défense civile, Carl-Oskar Bohlin, demande à se préparer à la guerre. « Beaucoup l’ont dit avant moi, mais permettez-moi de le dire avec toute la force de ma fonction : il pourrait y avoir une guerre en Suède », a en effet déclaré M. Bohlin. « Mon intention première n’est pas de faire peur, mais plutôt à faire prendre conscience de la situation. Je cherche à ouvrir une porte. Une porte qui est souvent bloquée et encombrée par les exigences et les défis de la vie quotidienne. Une porte que de nombreux Suédois ont peut-être gardée fermée toute leur vie. Une porte vers un espace où nous sommes confrontés à une question importante : qui êtes-vous si la guerre éclate ? », a-t-il ajouté.
Le ministre suédois de la Défense, Pål Jonson, a partagé le même constat. « Une attaque armée contre la Suède ne peut être exclue. La guerre peut aussi nous arriver », a-t-il prévenu, après avoir souligné que la Russie avait « mobilisé son économie et son industrie de défense pour la guerre ».
Le chef d’état-major suédois, le général Micael Bydén, a quant à lui affirmé que « plus vite la Suède deviendra membre à part entière de l’Otan, mieux ce sera ». Pour autant, a-t-il aussi affirmé, « si nous serons plus en sécurité au sein de l’ Alliance, nous aurons sans doute à nous battre pour ce en quoi nous croyons ».
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