EUROPE

«La Suède est en guerre» : hausse inarrêtable des fusillades et explosions de bombes en 2019

août 31, 2019 7:43, Last Updated: août 31, 2019 7:46
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Depuis le début de l’été, actes de malveillances, fusillades, explosions se multiplient en Suède. Une augmentation de la violence dans les statistiques qui suit une courbe grimpante depuis plus d’une décennie. De nombreuses voix dans la population suédoise s’interrogent sur l’origine du mal.

 «La Suède est en guerre et la faute en revient à la classe politique. Cinq nuits d’affilées, des voitures ont été incendiées dans la ville universitaire de Lund. Depuis quinze ans, des actes aussi insensés se sont produits des centaines de fois à différents endroits de Suède ». Ces phrases, l’écrivain suédois Björn Ranelid les a écrit le 5 juillet 2019.

Le 10 juin à Malmö, une ville comptant 300.000 âmes – dont un tiers nées à l’étranger -, un homme de 25 ans est abattu d’une balle dans la tête devant le bureau des services sociaux. Plus tard, à la gare, un homme menace de faire exploser la bombe qu’il a placé dans son sac à la gare. Les policiers parviennent à l’abattre. Le soir, deux hommes sont abattus lors d’une fusillade dans le quartier de Lorensborg. Au cours de la nuit, deux explosions se feront entendre.

Arrestation d’un membre des SD protestant lors d’une manifestation en septembre 2018. (Campanella/Getty Images)

2018 était une année record pour le crime en Suède : 306 fusillades mortelles, 45 personnes tuées et 35 blessées. Une augmentation de 100% par rapport à 2012, d’après les statistiques officielles. Et l’année 2019 semble battre largement le record. 11 personnes ont été abattues à Stockholm jusqu’à présent, soit le nombre total pour 2018. Idem pour le nombre d’explosions à la bombe : en cinq moins, 93 explosions ont été comptées par les services de police à l’échelle du pays.

Course à l’armement

Le 1er juillet, le chef de la police nationale Anders Thirnberg déclarait que le nombre de meurtre était en constante augmentation, et la cause principale de ces décès étaient l’usage « d’armes de guerre»« Il y a une course aux armements dans le monde du crime organisé », a déclaré pour sa part Sven Granath, criminologue de l’Université de Stockholm, à la radio publique suédoise Sveriges Radio.

La raison principale des fusillades et explosions est liée aux guerre de gangs, qui se battent entre autres pour obtenir le monopole du trafic de drogues dans le quartier. D’après un rapport de police de 2017, il existerait 61 ghettos en Suède. Des zones de non-droit qui, d’après une estimation, abriteraient 200 réseaux criminels pour un total de 5.000 criminels. Le 3 juin, la police a mis à jour ce rapport, le nombre est tombé de 61 ghettos à 60.

Le pays est également très perméable au trafic d’armes. D’après Mikael Högfors, responsable du centre national de police scientifique, un grand nombre de kalashnivkov s’échangent sous le manteau. Ces armes les plus fabriquées et importées, réputée pour être d’usage chez les groupes armées d’Afrique et Moyen-Orient.

Stopper les gangs semble impossible pour la police, de son propre aveu. D’après Thirnberg, «pour chaque jeune qui se fait tirer dessus, 10 à 15 autres sont prêts à prendre le relais. Nous pensons que [les fusillades et l’extrême violence] pourrait durer de cinq à dix ans dans les zones particulièrement sensibles ».

«Ces violences sont liées à la drogue», déplore t-il. Un marché qui semble bien avoir sa demande, attisant ainsi les dealers à en prendre le contrôle.

Cependant, un grand nombre d’actes de violences demeure gratuit. Toujours à Malmö, la police se dit «très inquiète» par la hausse du nombre d’incendie de véhicules. Et d’après la police locale, les auteurs sont inconnus. On suppose simplement qu’il doit s’agir de «jeunes des banlieues».

La police scientifique analyse un véhicule incendié à Malmo, non loin d’une fusillade ayant coûté la vie à une femme, le 26 août 2019. (JOHAN NILSSON/AFP/Getty Images)

Une large partie de la jeunesse semble en perte de repère. Mais est-ce seulement cela ? La question semble diviser. Impossible d’autre part d’ignorer que le niveau de violence, comme à Mölmar, se lie géographiquement aux ghettos et aux zones où réside une jeunesse immigrée. Pour la sociologue de Faculté de Droit; Ingela Kolfjord, les violences proviennent de «jeunes qui n’ont pas trouvé leur place dans la société, ils savent qu’ils ne sont pas acceptés, que la société s’est durcie et qu’ils sont constamment vus comme « l’autre »».

Pour Björn Ranelid, le problème vient avant tout du manque d’éducation, de morale. «J’ai vécu avec mes parents et deux frères et sœurs dans un studio durant toute sa jeunesse [… ] Aucun criminel ne meurt de faim ni n’est privé d’eau potable. Ils ont un toit sur la tête, une scolarité gratuite de neuf à douze ans», déclare l’écrivain

La Suède, connue pour avoir lancé dans les années 1970 un vaste programme d’ouverture à l’immigration comprenant accès au logement et à l’éducation, peine à comprendre les motifs des jeunes criminels à la dérive.

Ces programmes, qui ont fait l’objet d’un fort investissement, ont eu des résultats inattendus. Il est prouvé qu’à chances égales au niveau éducation et niveau de vie, une jeune Suédois réussira plus facilement qu’un jeune Somalien. Une réussite scolaire moins bonne n’exprime pas une prédisposition criminelle, simplement le fait que la mesure politique, sur le papier si prometteuse, est plus complexe en réalité.

« Hypocrisie »

En 2019, l’extrême droite a accompli une percée dans le pays. Le SD, principal parti se réclamant nationaliste, a recueilli près de 20% des voix. Une percée historique dans un pays où il semble difficile ne serait ce que de prononcer le mot «migrants» ou «islam».

Deux exemples, tirés du domaine judiciaire pourraient illustrer ce fait. Il existe le Code 291, en Suède interdisant aux policiers de communiquer, publier ou signaler le statut irrégulier d’un criminel, qu’il soit accusé ou reconnu coupable. Impossible de ce fait d’étudier les statistiques criminelles liées à l’immigration.

(STR/AFP/Getty Images)

Un autre exemple, le cas de Sadeq Nadir, jeune migrant d’Afghanistan arrivé dans la ville de Lund, petite ville universitaire aux paysages de carte postale. En janvier, il a tenté d’assassiner plusieurs passants au volant d’une voiture qu’il avait volé au préalable. Chez lui, les policiers ont saisi des document attestant son attirance pour le jihad ainsi que des écrits personnels où le jeune afghan exprimait sa «volonté de tuer pour Allah». Il a également avoué au tribunal qu’il voulait renverser et tuer des passants – dix ont effectivement failli y passer.

Le tribunal a pourtant décidé qu’il roulait «trop lentement» pour vraiment tuer quelqu’un, ni n’a retenu le caractère terroriste de l’attaque. Pas d’inculpation pour tentative de meurtre, simplement une accusation de mise en danger de la vie d’autrui.

Le 2 juillet, le gouvernement a décidé de prendre de nouvelles mesures contre la violence armée. Les douanes sont autorisées à bloquer tout colis qu’elles suspecte de contenir des armes ou des explosifs, et les peines de prisons se sont durcies dans le cas de leur possession illégale.

Cela suffira t-il pour endiguer la montée des violences ?

Dans la ville de Marmö, les employés municipaux se sont vus remettre un guide. Le fascicule fournit nombre d’informations sur les gestes de sécurité à adopter dans les situations dangereuses, l’adresse des centres de soins, les itinéraires à emprunter… Accompagné d’une étrange prose : «avant de quitter un bâtiment, inspectez à l’extérieur et évaluez les risques qui pourraient  vous placer au milieu d’une situation indésirable… éloignez-vous des personnes considérées comme potentiellement dangereuses et augmentez la distance avec autrui si personne n’est à proximité ».

Une des employées parle d’« hypocrisie » de la part de la municipalité. «Aux médias, ils disent que tout va bien, alors que ce n’est pas le cas. Aux employés, ils distribuent des documents comme celui-là».

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