Il y a plus d’une semaine, le dirigeant chinois Xi Jinping a entamé un voyage de trois jours en Asie centrale pour marquer sa sphère d’influence. Depuis, il s’est tenu à l’écart de l’actualité, manquant une réunion militaire de haut niveau et l’Assemblée générale annuelle des Nations unies.
Alors que la Chine n’est qu’à quelques semaines de son XXe Congrès national, au cours duquel Xi devrait briguer un troisième mandat, créant un précédent, son absence a duré suffisamment longtemps pour attirer l’attention des observateurs politiques. Certains pensent qu’il est assigné à résidence.
Le 24 septembre, Xi est devenu l’un des principaux sujets d’actualité sur Twitter. Son nom est apparu plus de 42.000 fois dans les hashtags, et l’expression « coup d’État chinois » a circulé 9300 fois sur la plateforme.
« Nouvelle [rumeur] à vérifier : Xi [Jinping] est-il assigné à résidence à Pékin ? » a écrit Subramanian Swamy, ancien ministre indien et membre du Parlement.
Ces spéculations interviennent également alors que les ressortissants chinois ont constaté des annulations massives de vols dans tout le pays. Près de 10.000 vols – soit près des deux tiers de ceux prévus pour la journée – ont été annulés le 24 septembre, le jour même où une conférence clé sur la défense nationale et la réforme militaire était organisée à Pékin.
Weibo, la principale plateforme de médias sociaux chinoise, a rapidement censuré les discussions sur les annulations de vols, les qualifiant de « rumeurs ».
Depuis lors, ses activités publiques ont principalement consisté en une lettre de vœux à l’occasion du festival de la récolte des agriculteurs chinois, le 22 septembre, et une autre, le lendemain, adressée à China News Service, pour féliciter le média d’État à l’occasion du 70e anniversaire de sa création.
Aucun grand média ni aucun responsable chinois n’est venu réfuter les rumeurs. La portée de cette théorie, aussi infondée soit-elle, reflète un certain degré de colère qui règne dans le pays, selon certains analystes.
« C’est une manifestation de mécontentement », explique pour Epoch Times Wang He, commentateur basé aux États-Unis spécialisé dans les affaires courantes chinoises. « Il semble que les gens attendent jour après jour le moment où il quittera le pouvoir. »
Alors que Xi a pratiquement assuré son troisième mandat, nombreux sont ceux qui refusent son maintien au pouvoir, poursuit M. Wang.
L’analyste chinois Gordon Chang estime qu’un coup d’État est peu probable, mettant en avant le manque de preuves sur le terrain.
« Je ne pense pas qu’il y ait eu un coup d’État », explique M. Chang à Epoch Times. « S’il y avait eu un coup d’État, nous verrions, dans le centre de Pékin de nombreux véhicules militaires. Il n’y a eu aucun article à ce sujet. De même, la loi martiale aurait probablement été déclarée, ce qui ne s’est pas produit. »
« Il semble donc que quelque chose soit en train de se produire, mais nous ne savons pas exactement quoi. Trop d’événements se sont déroulés pour qu’il n’y ait pas de turbulence parmi les hauts dirigeants du Parti communiste et de l’armée. »
« Dans le système communiste, lorsqu’un dirigeant meurt, on ne l’apprend généralement pas avant une semaine environ, dans la mesure où tout le monde essaie de se disputer la place de chef ou les postes subalternes. Cette situation pourrait donc très bien être un exemple de ce qui se passe en ce moment. Nous ne faisons qu’attendre, mais il y a de nombreuses possibilités. »
Si Xi venait à s’exprimer en public, les spéculations pourraient être levées.
Zhang Tianliang, écrivain et auteur du livre en langue chinoise « La voie de la transition pacifique empruntée par la Chine », a également rejeté la théorie de l’assignation à résidence.
Au cours de la semaine écoulée, six hauts fonctionnaires chinois, dont deux anciens membres de très haut niveau, ont été condamnés à de lourdes peines pour corruption, s’ajoutant à une série de fonctionnaires éliminés dans le cadre de la campagne anti-corruption que Xi orchestre depuis son entrée en fonction fin 2012.
Comment Xi serait-il capable de les punir s’il avait perdu sa mainmise sur le pouvoir, a déclaré M. Zhang dans son émission du 22 septembre.
Toutefois, le fait que Xi fasse ou non une apparition publique n’a que peu d’importance, a déclaré M. Wang, notant qu’une telle absence prolongée de la scène publique n’est pas exceptionnelle de sa part.
Pour M. Wang, le voyage à l’étranger de Xi avant le Congrès du Parti marque son assurance.
« Sans assurance absolue, cet homme ne prendra pas facilement de risque ».
Luo Ya a contribué à cet article.
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