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L’architecture, un patrimoine menacé en Chine

juillet 24, 2016 11:04, Last Updated: avril 2, 2021 13:22
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« En finir avec le vieux, amener le neuf »  a été l’attitude générale du régime communiste chinois envers l’héritage architecturale du pays.

Ces dernières années, nous avons assisté à la destruction du vieux Pékin en vue de construire un stade olympique en acier luisant pour les Jeux de 2008 , ainsi que les nombreuses démolitions forcées de maisons de citoyens de façon à pouvoir générer du profit. Il n’y a pas si longtemps, la Chine a vu être démolis des milliers de temples et de reliques aux mains de l’Armée populaire de libération au cours de la Révolution Culturelle. Ce processus de destruction du passé continue encore aujourd’hui dans des régions comme le Tibet.

Toutefois, les monuments architecturaux restants continuent d’attirer des visiteurs comme destinations touristiques, inspirant une investigation de l’histoire riche et variée de la Chine.

Un rêve accompli

Le photographe Peter Shay est tombé amoureux de la construction chinoise de l’ancienne Chine lors de sa première visite à la Grande Muraille en 2007. Fatigué de la masse de touristes à Badaling, la section la plus visitée du mur, il a demandé l’aide de guides locaux pour explorer Simatai, une section plus au Nord.

« C’est alors que je suis devenu fasciné par la magnificence de la Grande Muraille de Chine… » écrit-il dans un courrier électronique. « En m’avançant plus loin  j’ai senti la présence d’anciens bâtisseurs travaillant dans des conditions extrêmes, et de guerriers armés avec des arcs et des épées habitant les tours pour se défendre des invasions de forces étrangères. Cela est devenu, pour moi, un rêve éveillé me permettant d’échapper à la réalité d’un tas de briques et de pierres. »

Peter Shay a récolté plus de 500 photographies d’architecture, principalement prises par des documentaires japonais des années 1920 et 1930. Il a établi qu’au moins 70 de ces structures existent encore. Il a pris la décision d’essayer de les localiser et de les photographier du même angle que celles prises à l’époque.

Poursuivre ce rêve éveillé lui a demandé trois voyages séparés dans 15 villes autour de la Chine, et il en a tiré le livre « Photographing Chinese Architecture, A Century of Change » (Ndr. « Photographier l’architecture chinoise – Un siècle de changements »)

Un siècle de changements

Sur chaque double-page, on voit les différences entre les prises actuelles et celles d’époque. Les ponts, les pagodes et les pavillons existent encore en grande partie sous une forme plus ou moins identique. Certains sont en plus mauvais état, tandis que d’autres ont été préservés avec des peintures à la main et des grilles pour empêcher les visiteurs de les toucher.

Un encensoir et un lama au temple Yonghe de Pékin en Chine, années 1920. (Collection de Peter Shay)
Un encensoir au temple Yonghe de Pékin en Chine, photographié par Peter Shay en septembre 2010. (Courtoisie de Peter Shay)

On remarque une certaine homogénéité dans certains des clichés contemporains – des pavés bien ordonnés, avec de la fumée s’élevant dans le ciel en arrière-plan. Le tribu de la commercialisation et de la dégradation environnementale est également visible. Dans une localisation sur la rive du Yangtsé se dressait un petit village de pêcheurs niché au milieu d’une verdure abondante. On y voit aujourd’hui flotter une grande barque transportant des milliers de troncs fraîchement découpés, passer à côté d’un restaurant gigantesque annonçant en caractères rouges « Poissons du Yangtsé cuisinés maison ».

Vue d’une rive du fleuve Yangtsé à Chongqing en Chine, années 1920. (Collection de Peter Shay)
Vue d’une rive du fleuve Yangtsé à Chongqing en Chine, photographiée par Peter Shay en septembre 2009. (Courtoisie de Peter Shay)

Il est clair par ces photographies que l’ancien pays était un endroit plus paisible – aussi bien littéralement que psychologiquement. Plus d’espaces méditatifs, avec moins de commerce. Les temples n’avaient alors pas de buvettes ou de boutiques de souvenirs. Maintenant, bien que la taille physique de ces bâtiments n’ait pas changé, ils semblent avoir diminué en importance sociale alors que la société semble s’intéresser toujours plus à la modernité qu’au passé.

Préservation locale

Peter Shay a pourtant découvert qu’un enthousiasme local pour les reliques culturelles est toujours vivant dans la population.

Il raconte que son interaction la plus mémorable avec un citoyen local était avec M. Hou Qingshan, un agriculteur dans une vallée à 125 km au Nord-Est du centre de Pékin avec une vue époustouflante sur la Grande Muraille à Jinshanling.

Vue de la section Jinshanling de la Grande Muraille de Chine, années 1920. (Collection de Peter Shay)
Vue de la section Jinshanling de la Grande Muraille de Chine, photographiée par Peter Shay en avril 2011. (Courtoisie de Peter Shay)

« Officieusement, M. Hou est le gardien de cette section reculée de la Grande Muraille, » explique Shay. « Il m’a amené sur un chemin escarpé à l’arrière de sa propriété, fait de boue et grandes pierres qu’il a lui même fait faire de façon à pouvoir accéder à la Muraille, lui permettant de l’entretenir et de la protéger des éléments étrangers. En voyant la photo que j’avais amenée avec moi pour photographier, ses yeux ont brillé d’excitation… La gratitude que j’ai ressenti a été pour moi au-delà de tout ce que j’avais vécu durant vingt semaines de voyage en Chine. »

Il s’est également rappelé de « l’aide inconditionnelle et de la coopération des citoyens locaux, des chauffeurs de taxi ainsi que des employés du gouvernement qui ont senti ma passion pour leur héritage et m’ont généreusement offert leur aide inestimable pour localiser les anciennes structures. »

Vue de la section Gubeikou de la Grande Muraille de Chine, années 1920. (Collection de Peter Shay)
Vue de la section Gubeikou de la Grande Muraille de Chine, photographiée par Peter Shay en avril 2009. (Courtoisie de Peter Shay)

Peter Shay se montre optimiste en disant que le tourisme aidera à la préservation de ces endroits historiques, et encouragent les habitants locaux, les employés du gouvernement et les visiteurs à apprécier leur valeur intrinsèque. Il croit que l’opportunité économique et le respect pour l’héritage culturel ne sont pas en opposition l’un l’autre, mais plutôt en harmonie. Ils peuvent amener une « société équilibrée ».

« Mon espoir personnel pour l’héritage architectural et artistique de la Chine est que les citoyens et les administrations de Chine, maintenant et dans le futur, pourront voir l’importance de cette éducation et transmettront leurs expériences passées et présentes pour que les générations futures comprennent, apprécient et respectent cet héritage culturel unique qui existe dans ses frontières. »

Version anglaise : Photographer Hunts Down China’s Next Endangered Species: Architecture

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