Un lanceur d’alerte, employé chez Boeing, a dénoncé des problèmes de fabrication sur les avions 787 Dreamliner de la société, avertissant que les problèmes de qualité allaient les faire « tomber en morceaux ».
Sam Salehpour, ingénieur qualité chez Boeing depuis quinze ans, devrait bientôt témoigner sur les problèmes de qualité du constructeur aéronautique lors d’une audition de la sous-commission permanente d’enquête du Sénat américain le 17 avril. Dans une interview accordée à NBC News le 16 avril, il a déclaré que les problèmes rencontrés par Boeing avec son 787 Dreamliner sont « plus graves que tout ce que j’ai pu observer au cours de ma vie ». Au cours de l’audition, il parlera des problèmes potentiels de sécurité, notamment la présence d’espaces trop importants entre des pièces du fuselage, qui représente la structure principale de l’avion.
M. Salehpour estime que les espaces prévus entre deux sections différentes sont trop importants. Et même si les morceaux de fuselage sont bien fixés les uns aux autres, les pressions exercées sur le fuselage après des milliers de vols pourraient entraîner des ruptures par usure.
En cas de rupture par usure en haute altitude, « l’avion se désintègre au niveau des articulations », a-t-il déclaré. « Une fois que l’avion s’effondre, il tombe jusqu’au sol. »
Bien que M. Salehpour admette qu’il ne dispose pas de toutes les données de test de Boeing, l’ingénieur prévoit de dire au Congrès que le 787 ne devrait pas voler, soit quelque 1100 avions en service dans le monde.
« Selon moi, c’est nécessaire », a-t-il estimé, tout en disant qu’il ne prendrait pas le risque de mettre sa famille à bord d’un 787. « Pour l’instant, je ne le ferai pas », a-t-il ajouté.
M. Salehpour a été retiré du projet 787 en 2022 après avoir fait part de ses inquiétudes en interne. Il affirme que ce transfert était une mesure de rétorsion, ce que le constructeur aéronautique nie.
Boeing est informé de ces allégations de problèmes de sécurité du Dreamliner et a commencé à enquêter sur le problème il y a environ cinq ans. L’entreprise a en effet constaté que certains interstices étaient plus grands que ce que stipulent les directives.
Boeing a suspendu ses livraisons de 787 pendant environ 18 mois, le temps de procéder à une inspection approfondie de l’avion.
Selon le New York Times, Boeing a affirmé que près d’ 1 % de l’ensemble des interstices ne répondaient pas à ses spécifications. La société a affirmé que les interstices plus grands ne constituaient pas une menace pour la durabilité à long terme de l’avion.
Plus de 670 Dreamliner font l’objet de contrôles de maintenance tous les six ans, et huit autres sont soumis à des contrôles tous les douze ans. Aucun de ces contrôles n’a révélé d’usure prématurée, a déclaré la compagnie. Boeing a rejeté les suggestions selon lesquelles des modifications étaient nécessaires pour les Dreamliner actuellement en service.
Lors d’une visite des médias à l’usine de fabrication du 787 en Caroline du Sud lundi, Boeing a défendu l’intégrité structurelle de son modèle 787, affirmant que l’avion a été soumis à des tests de contrainte pendant 165.000 cycles et qu’il n’a jamais connu de défaillance. Cela représente plus de trois fois la durée de vie prévue de l’avion.
« Nous avons pleinement confiance dans le 787 Dreamliner », a déclaré Boeing dans une réponse à Epoch Times. « Ces affirmations concernant l’intégrité structurelle du 787 sont inexactes et ne reflètent pas le travail exhaustif effectué par Boeing pour garantir la qualité et la sécurité à long terme de l’avion. Les questions soulevées ont fait l’objet d’un examen technique rigoureux et surveillé. »
« Cette analyse a validé le fait que ces points ne posent aucun problème de sécurité et que l’avion conservera sa durée de vie pendant plusieurs décennies. Nous continuons à suivre ces questions dans le cadre des protocoles réglementaires établis et nous encourageons tous les employés à s’exprimer lorsque des problèmes se posent. Les représailles sont strictement interdites chez Boeing. »
Avions en cours d’examen
Les révélations de M. Salehpour interviennent alors que Boeing fait l’objet d’un examen approfondi de la part des autorités fédérales à la suite d’un accident impliquant le modèle 737 Max 9 de la société.
En janvier, un 737 Max 9 de la compagnie Alaska Airlines a été contraint d’effectuer un atterrissage d’urgence après qu’une porte sur le fuselage de l’avion se soit arrachée alors que l’avion était à 5000 mètres d’altitude. La cabine s’est rapidement dépressurisée et certains passagers ont été légèrement blessés.
Après un audit de six semaines, l’administration américaine de l’aviation (FAA) a déclaré avoir trouvé « de nombreux cas » dans lesquels « les exigences en matière de contrôle de la qualité de la fabrication » n’avaient pas été respectées.
L’agence a « identifié des problèmes de non-conformité dans le contrôle du processus de fabrication de Boeing, dans la manipulation et le stockage des pièces et dans le contrôle des produits ».
Dans une lettre adressée le 19 janvier à l’administrateur de la FAA, M. Michael Whitaker, Debra S. Katz, l’avocate de M. Salehpour, a soulevé plusieurs « problèmes de sécurité » liés à la fabrication par Boeing des avions 787 et 777.
Au cours de son travail sur le 787, M. Salehpour « a observé que des raccourcis avaient été pris par Boeing dans le processus de calage lors de l’assemblage, ce qui a entraîné des débris de forage dans les interfaces et une déformation du matériau composite. Ces raccourcis ont entraîné une diminution des performances des avions en matière d’usure », peut-on lire dans la lettre.
« Il a également observé que la mise en œuvre par Boeing d’un nouveau processus d’assemblage du 777 sans la reconception nécessaire des pièces concernées a conduit à un mauvais alignement des pièces, sur lesquelles les ingénieurs de Boeing sont contraints de passer outre. Cela a également entraîné de graves risques pour la sécurité ».
Mme Katz affirme que Boeing a ignoré les préoccupations de son client et a pris des mesures de représailles en l’excluant de réunions clés. Son supérieur hiérarchique l’a ensuite « soumis à des menaces répétées ».
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