INTERNATIONAL

Le chef de l’OTAN déclare que l’Alliance doit augmenter ses dépenses et s’attendre à l’affrontement à long terme avec la Russie

Le secrétaire général de l'OTAN, Mark Rutte, indique que les dépenses militaires de la Russie montrent que Moscou se prépare à une confrontation à long terme avec l'Ukraine et ses alliés occidentaux
décembre 16, 2024 16:45, Last Updated: décembre 17, 2024 15:22
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Le temps est venu pour l’Organisation du traité de l’Atlantique Nord (OTAN) d’adopter un état d’esprit de temps de guerre et d’augmenter ses dépenses de défense pour atteindre les niveaux de l’époque de la guerre froide, a déclaré Mark Rutte, secrétaire général de l’Alliance atlantique.

S’exprimant lors d’un événement organisé le 12 décembre par Carnegie Europe dans la capitale belge Bruxelles, M. Rutte a souligné que la Russie était déjà en état de guerre : ses dépenses militaires devraient représenter jusqu’à 8 % du PIB du pays et un tiers du budget de l’État en 2025. Il a également affirmé que la Russie continuait à produire un grand nombre de chars, de véhicules blindés et de munitions – et ce, avec le soutien de la Chine, de l’Iran et de la Corée du Nord.

« Tout cela pointe dans une direction bien claire : la Russie se prépare à une confrontation à long terme avec l’Ukraine et avec nous », a martelé Mark Rutte.

Pour contrer cette situation, il a insisté sur le fait que l’Alliance atlantique devrait augmenter ses propres dépenses de défense.

Les contributions des différents pays membres de l’OTAN ont été un point de discorde ces dernières années. Tout au long de son premier mandat et de sa campagne présidentielle américaine de 2024, Donald Trump faisait remarquer que les États-Unis portaient le fardeau des dépenses de défense de l’Alliance, tandis que d’autres pays ne respectaient pas leurs obligations dans ce domaine.

Certains membres de l’OTAN ont augmenté leurs dépenses militaires ces dernières années, notamment dans le contexte de l’invasion de l’Ukraine par la Russie. Cependant, M. Rutte a indiqué qu’il fallait aller plus loin.

« Il est vrai que nous dépensons plus pour la défense aujourd’hui qu’il y a dix ans », a-t-il constaté. « Mais nous dépensons toujours beaucoup moins que pendant la guerre froide, alors que les menaces qui pèsent sur notre liberté et notre sécurité sont tout aussi importantes, si ce n’est encore plus. »

Mark Rutte a rappelé que les pays européens attribuaient plus de 3 % de leur PIB aux dépenses militaires à l’époque de la guerre froide. L’objectif actuel de l’OTAN en matière de dépenses est de 2 % du PIB de chaque État membre.

« Je peux vous dire que nous aurons besoin de beaucoup plus que 2 % », a ajouté M. Rutte.

Le secrétaire général de l’OTAN a laissé entendre qu’il n’était pas en mesure d’avancer un chiffre précis sur le pourcentage que les membres de l’Alliance devraient consacrer à leurs forces armées, car les États membres ont besoin de plus de temps pour se concerter sur cette question.

À l’heure actuelle, la Pologne est le membre de l’OTAN qui consacre le plus grand pourcentage de son PIB aux dépenses militaires, soit environ 4,1 %. Ces dépenses ont plus que doublé au cours de la dernière décennie, selon les chiffres de l’OTAN.

L’Estonie et les États-Unis attribuent environ 3,4 % de leur PIB aux dépenses militaires, tandis que la Lettonie et la Grèce environ 3,1 % chacune.

La plupart des autres membres de l’OTAN ont atteint ou presque l’objectif de 2 % fixé par l’Alliance. Toutefois, la Croatie, le Portugal, l’Italie, le Canada, la Belgique, le Luxembourg, la Slovénie et l’Espagne se situent tous en dessous de cet objectif.

À l’exception des États-Unis, de la Grèce et du Royaume-Uni, aucun membre de l’OTAN n’avait atteint l’objectif de 2 % il y a dix ans.

Dépenses militaires des membres de l’OTAN, en pourcentage du produit intérieur brut de chaque pays entre 2014 et 2024 (Illustration d’Epoch Times)

Outre l’augmentation des dépenses de défense, M. Rutte a déclaré que l’alliance devrait adapter une politique plus agressive.

« Nous pouvons empêcher l’éventuelle grande guerre sur le territoire de l’OTAN et préserver notre mode de vie – ce qui exige de nous tous que nous soyons plus rapides et plus vifs », a-t-il fait remarquer. « Il est temps de passer à un état d’esprit de temps de guerre. »

Alors que Donald Trump a régulièrement critiqué les membres de l’OTAN pour ne pas avoir dépensé davantage sur la défense, il a également fait part de son intérêt pour une désescalade dans les relations avec la Russie, en particulier dans le cadre de la guerre qu’elle mène en Ukraine. Il a indiqué qu’il poursuivrait les négociations pour mettre rapidement fin à cette guerre, déclarant même parfois qu’il pourrait parvenir à un accord dans les 24 heures suivant son entrée en fonction présidentielle.

Le président ukrainien Volodymyr Zelensky a laissé entendre qu’il serait ouvert à un accord qui mettrait fin aux combats actuels si l’OTAN étendait sa protection aux régions de l’Ukraine qui ne sont pas actuellement contrôlées par les forces russes. M. Zelensky a aussi indiqué que l’Ukraine utiliserait alors d’autres moyens diplomatiques pour reprendre le contrôle des territoires dont la Russie s’est emparée pendant la guerre.

La Russie s’est opposée à l’adhésion de l’Ukraine à l’OTAN – l’alliance qui prévoit une riposte collective à l’agression contre l’un de ses États membres. Cette position a été récemment confirmée par le ministre russe des Affaires étrangères, Sergey Lavrov, lors de son interview accordée au commentateur américain Tucker Carlson. En lançant son invasion de l’Ukraine, en 2022, Moscou l’a qualifiée d’opération préventive visant à freiner l’extension de l’OTAN.

En même temps, à la suite de l’invasion de l’Ukraine par l’armée russe, la Finlande et la Suède, qui craignaient pour leur sécurité, ont demandé l’intégration à l’OTAN et sont devenues ses États membres respectivement en 2023 et 2024. Le Kremlin n’a pas entrepris d’actions militaires contre ces nouveaux membres de l’Alliance atlantique – et ce, malgré le fait que la Finlande partage une frontière de plus de 1340 kilomètres avec la Russie.

Mark Rutte a également souligné que l’OTAN devait se demander qui bénéficierait le plus d’un accord de paix russo-ukrainien et si des conditions trop favorables à la Russie n’inciteraient pas d’autres acteurs mondiaux, comme la Chine et l’Iran, à devenir plus agressifs.

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