Plus d’un mois après la disparition de Magali Blandin, mère de famille de quatre enfants, son corps a été retrouvé samedi matin près de Rennes sur l’indication de son mari, qui a avoué l’avoir tuée à coups de batte de baseball, sur fond de « complot criminel ».
Un corps, « très certainement celui de Magali Blandin », éducatrice spécialisée de 42 ans disparue depuis le 11 février, a été retrouvé dans un bois de Boisgervilly, à deux kilomètres de Montauban-de-Bretagne (Ille-et-Vilaine) où vit son mari, a annoncé samedi le procureur de la République de Rennes, Philippe Astruc, lors d’une conférence de presse.
Sa disparition avait été signalée le 12 février par une collègue, elle-même alertée par l’école, constatant qu’elle n’était pas venue récupérer ses enfants.
Jérôme G., 45 ans, a avoué en garde à vue « être l’auteur du meurtre prémédité de son épouse avec laquelle il était en instance de divorce », a précisé M. Astruc, ajoutant que la mort a certainement été « extrêmement rapide ».
Les parents mis en examen, notamment pour complicité de meurtre par conjoint
Il a été mis en examen samedi après minuit pour « tentative de meurtre par conjoint » pour un premier projet criminel ourdi fin 2020 et pour « meurtre par conjoint » avant d’être placé en détention provisoire. Ses parents, âgés de 72 et 75 ans, ont également été mis en examen, notamment pour complicité de meurtre par conjoint, et placés en détention.
Les quatre enfants du couple, âgés de 4, 7, 12 et 14 ans, avaient été placés en urgence le 5 mars.
Placé en garde à vue jeudi, Jérôme G. a avoué avoir tué Magali Blandin le matin du 11 février après avoir déposé ses enfants à l’école, l’attendant devant son appartement de Montfort-sur-Meu. Selon son récit, il lui a asséné deux violents coups de batte de baseball, provoquant sa mort.
Il est ensuite revenu la nuit suivante pour « effacer méticuleusement » les traces de son crime et enterrer le corps dans un trou creusé dans une forêt enneigée, après avoir recouvert le corps de chaux vive.
Magali Blandin avait quitté son mari en septembre. Elle avait déposé plainte contre lui pour violences conjugales, et avait déclaré à cette occasion « avoir pu elle-même se montrer violente », selon le parquet, qui a classé la plainte sans suite. Sans emploi, Jérôme G. restaure sa maison et loue des hangars. Son casier judiciaire n’est « pas très significatif », selon le procureur.
Un « complot criminel »
« Ce crime, qui s’inscrit dans la triste liste des homicides conjugaux, trouve sa spécificité dans son inscription dans une bande organisée qui regroupe tant les parents de Jérôme G., que des proches de la communauté géorgienne à laquelle il loue un hangar », a poursuivi le procureur qui évoque un scénario criminel « d’une très grande complexité ».
Selon les éléments de l’enquête, un « complot criminel » visant à éliminer Mme Blandin s’est amorcé dès novembre 2020 entre le mari et ses relations géorgiennes, à qui il a versé 20.000 euros pour exécuter son épouse. De leur côté, les Géorgiens contestent tout lien entre cette somme et la disparition de Mme Blandin.
L’affaire a connu deux rebondissements cette semaine avec l’interpellation et la mise en examen de trois Géorgiens et le placement en garde à vue jeudi du mari, jusqu’ici mis hors de cause. Ce dernier avait informé le juge instructeur le 4 mars qu’il était victime d’une « tentative d’extorsion d’une somme de 15.000 euros », se sentant « menacé ».
« Certains Géorgiens, disposant d’un enregistrement du mari où il déclarait son intention de tuer sa femme, ont exercé sur lui un chantage en l’invitant à leur remettre 15.000 euros en échange de leur silence », a indiqué Philippe Astruc.
Les auteurs de cette tentative d’extorsion, deux hommes nés en 1990 et 1975, et une femme née en 1996, ont été mis en examen jeudi pour tentative d’extorsion en bande organisée. L’un d’eux, dont la présence à proximité du domicile de Magali Blandin est avérée, est également mis en examen pour meurtre en bande organisée, selon le procureur. Les deux hommes ont été incarcérés.
Un voisin géorgien du mari, né en 1981, a été mis en examen samedi soir pour « tentative d’extorsion en bande organisée » et « destruction de preuve d’un crime pour faire obstacle à la manifestation de la vérité ». Il a aussi été placé en détention provisoire.
L’enquête avait mis « en lumière un contexte de tension au sein du couple lié notamment à la gestion des ressources du ménage ».
« Mon client s’est retrouvé dans une impasse psychologique, il n’a pas supporté le départ de Magali », a réagi Me Jean-Guillaume Le Mintier, avocat du mis en cause. « M. G. voit la famille comme un édifice. Vous avez les quatre piliers que sont les enfants et le pilier principal, sa femme. Au moment où ce pilier disparaît, c’est tout qui s’effondre », a-t-il ajouté.
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