Selon Robert F. Kennedy, la Chine ne représente pas une menace militaire pour les États-Unis, mais cette opinion est erronée et ne correspond pas à la réalité, d’après les analystes.
Lors d’une conversation sur Twitter Spaces en début de semaine dernière avec Elon Musk, le propriétaire de la plateforme, le candidat démocrate à la présidence a appelé les États-Unis à engager des pourparlers avec la Chine et à ne chercher à rivaliser avec le pays que sur le plan économique, et non sur le plan militaire.
« Les Chinois ne peuvent pas et ne veulent pas rivaliser avec nous sur le plan militaire », a déclaré M. Kennedy. « C’est une sorte de prophétie autoréalisatrice qui consiste à dire : ‘Oh, les Chinois veulent être nos ennemis et veulent rentrer dans une concurrence militaire avec nous’, mais ce n’est pas le cas. Ce que nous devrions faire, c’est réduire la pression militaire sur la Chine. »
Si la réindustrialisation des États-Unis est une priorité absolue pour M. Kennedy dans le cadre d’éventuelles négociations avec la Chine, il estime cependant que le régime chinois veut avant tout continuer à « projeter sa puissance économique à l’étranger ».
« Nous pensons que le monde se range derrière nous [en ce qui concerne la Chine], mais ce n’est pas le cas. Les seules personnes qui soutiennent cette relation pugnace et belliqueuse que nous avons avec la Chine sont l’Australie, la Nouvelle-Zélande, la Corée, le Japon, la Grande-Bretagne et le Canada », a-t-il déclaré. « Nous sommes pratiquement seuls au monde. Le reste du monde nous regarde et nous dit : « Mais qu’est-ce que vous faites ? Pourquoi essayez-vous de créer une guerre avec la Chine ? Pourquoi vous battez-vous contre eux ? »
« Ils ne veulent pas la guerre, ils veulent la paix et ils veulent la prospérité, et cela ne peut pas arriver quand il y a une guerre », a-t-il dit, ajoutant que les États-Unis devraient « désescalader le discours de guerre » sur des questions telles que Taïwan et chercher « une négociation intelligente où nous nous en sortirons mieux grâce à la Chine. »
« Laissons-les – Taïwan et la Chine – régler cette question par eux-mêmes et faisons marche arrière sur le plan militaire. »
Alors que le directeur de la CIA, William Burns, s’est secrètement rendu en Chine le mois dernier pour dégeler les relations avec Pékin, Kennedy a déclaré qu’il souhaitait avoir une « véritable discussion politique et économique » avec les Chinois, qui soit « franche et où tout le monde joue cartes sur table, pour voir s’il y a des moyens de travailler ensemble pacifiquement et de rassurer tout le monde ».
« Dangereusement naïf »
Mais pour John Mills, colonel de l’armée à la retraite qui a supervisé la politique de cybersécurité et les affaires internationales au ministère de la Défense, ces remarques indiquent que M. Kennedy est « presque dangereusement naïf en ce qui concerne le comportement malveillant de la Chine ».
« Je suis un peu dérouté par ses commentaires », a déclaré M. Mills, collaborateur à Epoch Times, lors d’une interview. « Il a des opinions bien arrêtées sur le virus et sur le vaccin. D’après lui, d’où vient le virus ? C’est un peu contradictoire ».
L’une des principales priorités de Pékin est de se développer en termes de puissance militaire et de présence à l’étranger. En mars, le dirigeant chinois Xi Jinping a encore appelé à accélérer le développement d’une « armée de classe mondiale », quelques mois après avoir ordonné à son armée d’être toujours davantage prête à entrer en guerre.
Les rapports du Pentagone estiment que Pékin se dotera de 1000 armes nucléaires d’ici à 2030 et 1500 d’ici à 2035. Le président de la commission des forces armées de la Chambre des représentants, Mike Rogers (Parti républicain, Alabama), a déclaré que le régime disposait désormais de plus de lanceurs de missiles balistiques intercontinentaux que les États-Unis. La Chine possède également la plus grande marine du monde et a accéléré sa production de navires de guerre. Sa force navale comptait environ 340 navires et sous-marins en 2022, un nombre qui passera à 440 d’ici la fin de la décennie, selon un rapport du Pentagone datant de 2022.
« Je ne pense pas que M. Kennedy se rende pleinement compte de la gravité de la situation. On s’oriente rapidement vers une confrontation militaire dont nous ne sommes pas les instigateurs », a déclaré M. Mills. « Leurs usines d’armement tournent à plein régime, les nôtres n’arrivent pas à suivre. »
L’échec des politiques de dialogue
Grant Newsham, colonel des Marines américains à la retraite et chercheur principal au Japan Forum for Strategic Studies, a fait remarquer que ce que Kennedy préconisait était de revenir à « la politique des États-Unis pendant la majeure partie des 50 dernières années, avant l’arrivée de Donald J. Trump ».
“Ce que nous avons fait, c’est accommoder la RPC, en fait, et l’apaiser dans l’espoir qu’elle se libéraliserait et deviendrait un ‘acteur responsable’, une menace pour personne », a-t-il expliqué à Epoch Times dans un courriel. Une partie de ce soutien, a-t-il ajouté, comprenait « l’envoi d’une grande partie de notre production en Chine et la mise au chômage de millions d’Américains », tout en permettant à l’armée chinoise de se développer.
L’administration Trump a adopté une position ferme à l’égard de la Chine. Revenir à la politique d’aménagement et de dialogue serait exactement ce que souhaite Pékin, a déclaré M. Newsham, également collaborateur à Epoch Times.
« Les communistes chinois ont eu de la chance, au fil des années, car ils ont eu en face d’eux un grand nombre d’Américains à des postes d’influence qui ont naïvement ou intentionnellement affaibli les intérêts américains et permis à la Chine de devenir une menace de premier ordre pour les États-Unis et le monde libre dans son ensemble », a-t-il déclaré. « L’armée chinoise s’est développée d’une façon qui n’a pas de précédent dans l’histoire (et ce, largement grâce aux dollars américains), alors qu’elle n’a aucun ennemi à repousser. »
M. Newsham s’interroge de savoir comment les relations économiques entre les États-Unis et la Chine pourraient vraiment être « mutuellement bénéfiques », citant l’exemple de l’entrée de la Chine dans l’OMC avec le soutien des États-Unis en 2001, qui n’a pas déclenché l’ouverture de l’économie chinoise tant attendue.
« La Chine a été autorisée à entrer dans l’Organisation mondiale du commerce alors qu’elle ne remplissait aucune des conditions requises. Elle a promis de se conformer aux règles et non seulement elle ne l’a toujours pas fait, mais elle ne donne aucun signe de vouloir le faire », déclare M. Newsham, qui explique que la stratégie nationale de Pékin consiste à vouloir « dominer tous les secteurs d’activité qui comptent et à y parvenir par la ruse ou la malveillance ».
Selon lui, croire que Pékin souhaite la paix et la prospérité plutôt qu’un conflit militaire est pour le moins erroné si l’on se fie aux médias d’État chinois et aux communiqués officiels, dans lesquels le régime affiche clairement son ambition de renverser l’ordre mondial dirigé par les États-Unis.
« Sans l’aide des États-Unis, Taïwan ne pourra que négocier les termes de sa reddition à Pékin. Si Taïwan passe sous le contrôle du PCC, l’Asie deviendra rouge du jour au lendemain et aucun pays ne croira plus aux promesses américaines de protection, ni en la capacité des États-Unis à repousser l’agresseur chinois. »
M. Newsham et M. Mills jugent qu’il est inexact d’affirmer que les États-Unis sont « à peu près seuls » à faire face aux menaces de la Chine.
« Il s’agit-là des principales forces militaires en dehors de la sphère chinoise », a déclaré M. Mills en référence à la liste de M. Kennedy, notant que l’Inde, qui s’est montrée plus ferme à l’égard de la Chine depuis les récents affrontements meurtriers à sa frontière avec la Chine, se rangerait probablement du côté des États-Unis.
Et contrairement à l’argument de M. Kennedy selon lequel les dépenses militaires américaines sont excessives, les États-Unis devraient au contraire se tenir prêts, a déclaré M. Mills.
« Face à un état totalitaire agressif, plus nous nous préparons, moins il y a de chances qu’il y ait une guerre. »
Et quoi que décident de faire les États-Unis, cela donnera le ton pour le reste du monde, a fait remarquer M. Newsham.
« Partout, les gens attendent des États-Unis qu’ils prennent la tête de la lutte contre la RPC [République populaire de Chine] et son régime communiste agressif et totalitaire », a-t-il déclaré.
M. Newsham est d’avis que nous ne devrions rien faire qui profite au régime communiste chinois sur le plan économique, « car cela revient en fait à renforcer un ennemi qui veut notre destruction ».
Et ce n’est pas aux États-Unis de chercher à dialoguer avec la Chine, mais plutôt l’inverse, estime M. Newsham.
« Si la Chine veut nous parler, elle sait où nous trouver », a-t-il déclaré. « Et telle devrait être la nature de nos relations tant que la Chine ne sera pas gouvernée par un gouvernement choisi de manière consensuelle et qu’il n’y aura pas un véritable début de respect des droits et des libertés individuels ».
L’équipe de M. Kennedy n’a pas répondu aux questions d’Epoch Times au moment de la publication de cet article.
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