Vous avez perdu ou vous allez bientôt perdre le dernier café ou commerce dans votre commune ? Jeudi, le groupe SOS lancera un appel à projets pour la création de « 1 000 cafés » en milieu rural.
Le groupe d’économie sociale et solidaire SOS va lancer jeudi un appel à projets auprès de 32 000 communes afin de créer ou reprendre 1 000 cafés en milieu rural, a annoncé mercredi son président Jean-Marc Borello.
Elle est destinée aux villes et villages de moins de 3 500 habitants afin de répondre au « sentiment d’abandon », « de délaissement » de certains territoires, mis en exergue lors de la crise des « gilets jaunes », selon M. Borello.
L’ initiative est soutenue par le gouvernement dans le cadre de « l’agenda rural » voulu par Emmanuel Macron à l’issue du grand débat, et qui sera détaillé par Édouard Philippe le 20 septembre lors du congrès des maires ruraux dans le Nord.
Les candidatures sont ouvertes jusqu’en 2021 et une première vague d’instructions de dossiers va avoir lieu dès ce mois d’octobre.
Jean-Marc Borello explique avoir choisi le concept du café plutôt qu’un autre commerce pour sa convivialité : « Ce n’est pas seulement un lieu où l’on passe : il y a des échanges et des rencontres, il est plus facile de vendre du pain dans un café que de vendre du café dans une boulangerie ».
Des commerces multi-services
Chaque café pourra « proposer un panel de services de proximité: dépôt de pain, épicerie, relais de poste, accès au numérique, services de mobilité », a détaillé Chloé Brillon, directrice du projet chez SOS. Les établissements, achetés ou loués par SOS, seront tenus par « un binôme » salarié par le groupe.
L’initiative nécessite un « investissement de 150 à 200 millions d’euros », notamment pour la mise aux normes des locaux et le recrutement, dont une partie « sera financée en fonds propres et l’autre empruntée », selon M. Borello.
Aucune participation directe n’est demandée aux communes, a précisé ce proche d’Emmanuel Macron, mais des dispositifs d’aides existants au sein des collectivités pourront être activés.
« Ce ne sera pas une franchise, ni une marque », a insisté M. Borello, ajoutant que « les habitants définiront le lieu, la déco, le nom, et surtout à quoi va servir le bistro ».
Deux personnes par cafés seront recrutées avec à terme qu’ils deviennent indépendants. « Nous sommes sur l’idée d’un recrutement concentrique avec des gens du coin qui veulent rester, de la région qui cherchent du boulot ou même des personnes qui ont quitté le secteur mais veulent revenir, explique Jean-Marc Borello.
« Nous avons déjà reçu plusieurs candidatures depuis que le projet a été dévoilé et les trois cas de figure sont présents avec par exemple des jeunes retraités ou un couple de cadres qui veut se réinstaller en milieu rural », poursuit-il.
Le projet prévoit une formation et garantit un salaire minimum : « On ne les envoie pas au casse-pipe, le risque c’est nous qui le prenons ».
Une licence IV limitée
En revanche, le groupe SOS fournira de l’ingénierie (montage de projets, formations, négociations avec les fournisseurs…) et de la recherche de partenariats au niveau national.
Le soutien du gouvernement pourrait s’exprimer dans la levée de freins réglementaires, notamment l’attribution de licences IV, nécessaires pour servir de l’alcool, dont le nombre est limité et qui sont actuellement transférables au sein d’une même région.
« On a demandé dans le cadre de l’agenda rural à créer des licences IV non exportables en dehors de la commune », pour limiter la spéculation, a indiqué M. Borello, qui espère voir les premiers cafés se monter en 2020.
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