Israël et le mouvement islamiste palestinien Hamas ont indiqué lundi qu’il n’y avait pas de cessez-le-feu à ce stade, au dixième jour d’une guerre ayant fait des milliers de morts.
« Il n’y a pas de cessez-le-feu et d’entrée d’aide humanitaire dans Gaza », a indiqué dans un court communiqué le bureau du Premier ministre israélien, Benjamin Netanyahu, après des informations faisant état d’une trêve ou de l’ouverture du point de passage de Rafah, à la frontière avec l’Égypte (sud). « Les points de passage sont fermés et il n’y a pas eu de décision » concernant le passage d’aide humanitaire, a affirmé lundi Daniel Hagari, un porte-parole de l’armée israélienne, lors d’un point presse. Izzat al-Rishq, chef du bureau médias du Hamas, a également déclaré qu’il n’y avait « aucune vérité » dans ces informations circulant dans certains médias.
Au poste-frontière de Rafah côté égyptien, le seul qui ne soit pas contrôlé par Israël, l’aide humanitaire afflue de plusieurs capitales, mais ne passe pas. Selon des témoins, les convois d’aide n’ont pas quitté lundi la ville égyptienne d’Al-Arich, à une quarantaine de kilomètres à l’est de Rafah.
« J’espère entendre de bonnes nouvelles ce matin quant à l’entrée de l’aide dans Gaza à travers Rafah (…) pour aider le million de personnes qui s’est déplacé vers le sud et ceux qui y vivaient déjà », a déclaré le patron des opérations d’urgence de l’ONU, Martin Griffiths, dans un communiqué.
Un million d’habitants de Gaza en fuite
Israël exhorte depuis vendredi les habitants du nord de Gaza, soit environ 1,1 million de personnes sur un total de 2,4 millions, à fuir vers le sud, affirmant frapper la ville de Gaza, située dans le nord, pour y détruire le centre des opérations du Hamas. Plus d’un million de personnes ont déjà quitté leur foyer dans ce micro-territoire palestinien de 362 kilomètres carrés, placé en état de siège, coincé entre Israël, la Méditerranée et l’Égypte.
Emportant quelques affaires emballées à la hâte, à moto, en voiture, dans des remorques ou à dos d’âne, des flots de Palestiniens ont pris la direction du sud. « Pas d’électricité, pas d’eau, pas d’internet. Je sens que je perds mon humanité », confie Mona Abdel Hamid, 55 ans, qui a gagné Rafah, à la frontière égyptienne.
La tension est très vive aussi à la frontière nord avec le Liban, où Israël a commencé lundi à évacuer des milliers d’habitants dans 28 localités après des accrochages meurtriers ces derniers jours entre le Hezbollah pro-iranien, allié du Hamas, et l’armée israélienne. Dimanche, un civil israélien a été tué et plusieurs blessés à Shtula, dans le nord d’Israël, par un tir de missile du Hezbollah. L’armée a riposté en frappant des infrastructures militaires du mouvement chiite libanais. Le siège des Casques bleus de l’ONU dans le sud du Liban a lui été touché par une roquette.
Israël se prépare à l’offensive
Alors que la perspective d’une offensive terrestre et le risque d’une extension du conflit inquiètent la communauté internationale, le secrétaire d’État américain Antony Blinken est retourné en Israël lundi, pour la deuxième fois en une semaine, après une tournée dans plusieurs pays arabes. « Personne ne doit jeter de l’huile sur le feu ailleurs », avait-il averti dimanche.
L’armée israélienne a indiqué lundi qu’elle s’« abstiendrait » de frapper en matinée les couloirs d’évacuation reliant le nord au sud de la bande de Gaza, au moment où elle prépare une offensive terrestre visant le Hamas au pouvoir.
Environ 2750 personnes sont mortes dans la bande de Gaza dans des frappes israéliennes, selon les autorités locales (chiffres non vérifiés). Plus de 1400 personnes ont été tuées en Israël lors de l’attaque des commandos du Hamas, d’après des responsables israéliens.
Le Hamas, classé organisation terroriste par les États-Unis, l’Union européenne et Israël, a enlevé 199 personnes lors de l’attaque, selon Israël qui a annoncé avoir retrouvé lors d’incursions à Gaza « des cadavres » d’otages. Le mouvement palestinien avait fait état de 22 otages tués dans les raids israéliens. La présence de ces otages sur le sol de Gaza rend plus compliquée encore toute offensive terrestre, une perspective terrifiante de combats au cœur d’une ville à l’extrême densité de population, au sous-sol parsemé de souterrains.
« Catastrophe humanitaire inédite »
À Gaza, une « catastrophe humanitaire inédite » est en cours, a affirmé l’agence de l’ONU pour les réfugiés palestiniens (Unrwa). Soumise à un blocus israélien terrestre, aérien et maritime depuis que le Hamas y a pris le pouvoir en 2007, la bande de Gaza, minée par la pauvreté et le chômage, est placée en état de siège complet depuis le 9 octobre par Israël, qui y a coupé les approvisionnements en eau, en électricité et en nourriture. « Pas une goutte d’eau, pas un grain de blé, pas un litre de carburant n’a été autorisé à entrer à Gaza ces huit derniers jours », a affirmé Philippe Lazzarini, le chef de l’Unrwa.
La coordonnatrice humanitaire de l’ONU pour les Territoires palestiniens, Lynn Hastings, a regretté qu’Israël « associe l’aide humanitaire à Gaza à la libération des otages ». « Ils (Israël, ndlr) ont dit qu’ils voulaient détruire le Hamas, mais leur approche actuelle va détruire Gaza », s’est-elle alarmée. Seule lueur d’espoir, l’eau est revenue dans certaines localités du sud du territoire. Toutefois, la situation y reste très difficile pour des milliers de réfugiés. « Chaque jour, nous réfléchissons à la façon d’économiser l’eau. Si l’on prend une douche, on ne boira pas d’eau », regrette Assem, un habitant de Kan Younès, qui n’a pas souhaité donner son nom de famille.
« Regardez les destructions massives. Ils prétendent qu’il y a du terrorisme ici », crie Alaa al-Hams en montrant les décombres d’une habitation bombardée dimanche à Rafah. « Où est l’humanité dont ils parlent ? Ici, tous sont des civils, sans lien avec aucun groupe, mais ils sont tous morts. »
Au poste-frontière de Rafah, entre l’Égypte et Gaza, l’aide humanitaire afflue de plusieurs capitales, mais ne passe pas. Ce seul passage entre Gaza et l’extérieur qui ne soit pas sous contrôle israélien reste fermé, bombardé à plusieurs reprises par la chasse israélienne. De l’autre côté de la barrière israélienne qui ceinture la bande de Gaza, les habitants de la ville israélienne de Sdérot sont aussi évacués. « C’est dur (…) la peur à chaque alerte, il faut partir, c’est mieux pour les enfants », témoigne Helen Afteker, 50 ans.
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