L’expansion navale de la Chine a connu un revers majeur. Entre mai et juin, un sous-marin d’attaque à propulsion nucléaire a coulé pendant sa construction, et Pékin s’efforce de garder l’affaire secrète.
Si des échecs dans le développement d’équipements militaires peuvent survenir dans n’importe quel pays, l’incident offre un contre-exemple embarrassant pour la propagande communiste chinoise qui prétend que ses forces armées ne cessent de réaliser des exploits glorieux. Le chemin de Pékin vers la suprématie maritime pourrait s’avérer plus difficile qu’il n’y paraît.
Le sous-marin, premier de la classe « Zhou », est doté d’une poupe en forme de X pour une meilleure manœuvrabilité. Il aurait coulé au chantier naval de Wuchang, géré par la China State Shipbuilding Corporation (CSSC), dans une zone urbaine densément peuplée à la périphérie de Wuhan, le long du fleuve Yangtze. On ne sait pas si le sous-marin coulé contenait du combustible nucléaire, mais c’est probable. Toute fuite de combustible nucléaire peut entraîner une catastrophe pour les habitants des environs.
Bien que la Chine se vante de disposer de la plus grande marine du monde pour ce qui est de la taille de sa flotte, les sous-marins à propulsion nucléaire sont un domaine que le régime communiste aborde avec un retard considérable sur les États-Unis. En outre, les alliés des États-Unis ont également progressé dans le développement de ces sous-marins.
Prenons l’exemple de Taïwan. Il y a exactement un an, le 28 septembre 2023, Taïwan a lancé son premier sous-marin de fabrication nationale, le « Hai Kun » (Narwhal).
Armé de torpilles à longue portée MK48 Mod.6 et de missiles antinavires Harpoon fabriqués aux États-Unis, il est conçu pour répondre aux besoins de Taïwan dans sa guerre asymétrique. Bien qu’il ne soit pas doté de puissance nucléaire, le sous-marin est capable d’intercepter des navires ennemis, notamment ceux qui se trouvent loin des côtes taïwanaises, de bloquer les principales voies maritimes et même de s’attaquer à des navires chinois de plus grande taille si cela s’avère nécessaire.
Le sous-marin, qui devrait entrer en service en 2025, fait partie d’une flotte prévue de sept engins, développés grâce à un soutien international considérable, notamment l’aide de l’entreprise de défense américaine Lockheed Martin pour le système d’armement. L’Australie, la Corée du Sud, l’Inde, l’Espagne et le Canada ont également fourni des pièces et de la main-d’œuvre.
Parallèlement, le partenariat de sécurité AUKUS entre l’Australie, le Royaume-Uni et les États-Unis progresse également de manière significative. Le 26 septembre, lors d’une réunion des ministres de la Défense, l’Australie et le Royaume-Uni ont décidé de faire avancer leur programme de sous-marins nucléaires de nouvelle génération. Dans le cadre de l’AUKUS, les États-Unis vendront cinq sous-marins nucléaires de classe Virginia à l’Australie au début des années 2030. Au milieu des années 2030, l’Australie et le Royaume-Uni construiront et exploiteront conjointement les nouveaux sous-marins nucléaires SSN-AUKUS.
L’Australie deviendra ainsi le septième pays au monde à posséder des sous-marins à propulsion nucléaire, rejoignant ainsi les rangs des États-Unis, de la Russie, de la Chine, du Royaume-Uni, de la France et de l’Inde. Toutefois, ces sous-marins ne transporteront que des armes conventionnelles, reflétant ainsi l’engagement d’AUKUS en faveur d’une non-prolifération nucléaire.
Mais l’initiative AUKUS ne concerne pas seulement les sous-marins. Le partenariat se concentre plus largement sur les technologies avancées et les capacités de défense. Les pays membres accélèrent le développement des armes hypersoniques, de l’intelligence artificielle, de la cybersécurité, de la guerre électronique, de la technologie quantique et des systèmes sous-marins. Le SSN-AUKUS sera une toute nouvelle bête sous-marine.
L’Australie renforce également ses capacités militaires en dehors des sous-marins. Elle se dote d’une série d’armes à longue portée et à guidage de précision, comme les missiles de croisière Tomahawk, le missile air-sol interarmées à distance de sécurité AGM-158B (JASSM-ER), et la technologie des missiles hypersoniques. Ces ajouts renforceront considérablement la puissance offensive de l’Australie, modifiant potentiellement l’équilibre militaire régional.
Malgré les revers et les difficultés, la Chine ne ralentit pas ses efforts de construction de sous-marins. Cependant, la question de savoir si la Chine peut parvenir à une domination régionale ne relève pas uniquement du parti communiste.
Le récent incident impliquant un sous-marin n’est qu’un aperçu de ce qui pourrait être une série de maladresses non divulguées dans le développement militaire du PCC. L’ampleur de ces incidents « boîte noire » ne sera peut-être jamais connue, mais chacun d’entre eux renforce les incertitudes entourant les ambitions chinoises.
Le naufrage d’un sous-marin nucléaire chinois ne fera peut-être pas avorter les plans militaires chinois dans leur ensemble, mais il nous le rappelle brutalement : le chemin que la Chine emprunte pour parvenir à l’hégémonie dans la région est semé d’embûches tant internes qu’externes.
Le co-auteur, Stephen Xia, ancien professeur à l’Académie militaire chinoise de vol et spécialiste du pilotage, est devenu analyste militaire professionnel après avoir pris sa retraite de l’armée. Depuis, il suit de près l’évolution des équipements militaires dans le monde.
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