Les universités chinoises, que contrôle le Parti communiste chinois (PCC), ont suggéré aux diplômés d’aller travailler à la campagne au regard du taux de chômage toujours aussi élevé chez les jeunes.
Certains observateurs ont fait remarquer que cette mesure n’est pas sans rappeler le vaste mouvement des “jeunes instruits” de l’ère Mao Zedong, qui a contraint des dizaines de millions d’étudiants à quitter définitivement les villes pour s’installer dans les zones rurales.
Selon les données publiques, le nombre de diplômés de l’enseignement supérieur en Chine continentale devrait atteindre 11,79 millions cette année, soit une augmentation de 210.000 par rapport à l’année dernière. Cette augmentation risque d’exacerber la concurrence déjà intense sur le marché de l’emploi. En réponse, les autorités des universités ont publié des lettres ouvertes invitant les diplômés à ne pas se concentrer sur la recherche d’un poste de fonctionnaire ou sur la poursuite de leurs études.
Certains établissements d’enseignement supérieur ont également suggéré aux étudiants de se rendre dans les zones rurales pour « contribuer à la lutte contre la pauvreté ».
Par exemple, le 2 mars, le bureau des admissions et de l’emploi de l’université Heilongjiang a publié sur son compte WeChat un message dans lequel il est est indiqué que les étudiants n’ayant pas encore trouvé d’emploi devraient être réalistes et ajuster leurs attentes.
La lettre indique également que les étudiants ne devraient pas se concentrer uniquement sur les examens d’entrée aux emplois gouvernementaux, mais qu’ils devraient par exemple se rendre dans les zones rurales et s’engager dans la lutte contre la pauvreté, soutenir la production agricole, les services médicaux et l’éducation, ou rejoindre le « Plan occidental », qui consiste à travailler dans les régions occidentales les moins développées de la Chine.
Une autre université, à Fujian, a mené une initiative similaire.
« L’offre d’emplois au sein du système officiel et des postes politiques est limitée, la demande d’emplois dans les entreprises a diminué et la contradiction structurelle entre l’offre et la demande est flagrante. Dans ce contexte, la concurrence pour l’emploi des diplômés est féroce et la situation de l’emploi est grave. Les étudiants et les parents devraient porter un jugement raisonnable sur la situation actuelle de l’emploi et prêter attention aux changements dans les politiques de l’emploi en temps opportun. »
Elle leur recommande également de s’engager dans l’armée ou d’aller travailler dans des régions reculées.
De nombreuses autres institutions ont elles-aussi publié des lettres ouvertes ou des propositions allant dans ce sens.
Taux de chômage élevé
L’économie chinoise n’a cessé de décliner depuis les mesures draconiennes de contrôle « zéro Covid » qui ont placé l’ensemble de l’économie sous confinement pendant trois ans.
L’été dernier, plus de 11,5 millions d’étudiants ont obtenu leur diplôme à un moment où le chômage des jeunes atteignait un niveau record. Selon les statistiques officielles du PCC, 21,3% des jeunes Chinois âgés de 16 à 24 ans vivant dans les zones urbaines étaient au chômage en juin de l’année précédente. Les universitaires chinois, qui estiment que le chiffre réel pourrait atteindre 46,5%, prévoient que le taux élevé de chômage des jeunes et la crise du chômage se poursuivront pendant encore dix ans.
Les autorités du PCC ont à plusieurs reprises appelé les diplômés de l’enseignement supérieur à « aller dans les montagnes et les campagnes » pour aider à réduire la pauvreté dans les régions sous-développées. En 2023, plusieurs gouvernements de province ont élaboré des plans en ce sens.
Un document a révélé que le comité de la Ligue de la jeunesse communiste du Guangdong comptait organiser l’installation de 300.000 jeunes à la campagne au cours des trois années ) venir. Cette annonce a évoqué des souvenirs sensibles pour de nombreux Chinois.
De 1968 à 1978, environ 17 millions d’étudiants et de lycéens chinois, connus sous le nom de « jeunes instruits », ont été envoyés de force à la campagne de façon permanente pour être « rééduqués par des paysans pauvres et des classes moyennes inférieures ».
Nombre de ces étudiants étaient des gardes rouges actifs au début de la « grande révolution culturelle ».
Mobilisés par le dirigeant de l’époque, Mao, pour attaquer les fonctionnaires qu’il ne jugeait pas assez révolutionnaires, les gardes rouges avaient pour mission d’éliminer tous vestiges de la culture chinoise traditionnelle et purger la société de tous les éléments supposés bourgeois de 1966 à 1968.
Au cours de cette période, ils ont détruit des temples, des objets d’art et des bâtiments historiques, et ont battu des fonctionnaires, des intellectuels et des innocents.
C’est grâce à ce mouvement que Mao a pu garder le contrôle du régime, menacé par des rivaux politiques de plus en plus actifs au sein du PCC. Mais le nombre important de gardes rouges, en plus d’être devenu inutile, était devenu une menace potentielle pour le régime. En conséquence, Mao les a déplacés de force vers les campagnes et les régions reculées.
Les observateurs de la Chine soulignent que relocaliser les jeunes dans les zones rurales, rappelle la stratégie de Mao. Ils estiment que l’initiative cherche à masquer la récession économique et l’embarras face au taux de chômage élevé. Ils espèrent tromper les jeunes pour qu’ils s’installent à la campagne et ainsi résoudre le problème du chômage des jeunes.
Fang Xiao a contribué à cet article.
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