Selon un rapport du Congrès des États-Unis publié le 22 juin, Temu, un détaillant chinois en ligne dont le slogan accrocheur est « Achetez comme un milliardaire », aurait exposé les consommateurs à des produits fabriqués en Chine par des travailleurs forcés.
« Les consommateurs américains doivent savoir qu’il existe un risque extrêmement élevé de voir les chaînes d’approvisionnement de Temu touchées par le travail forcé », indique le rapport, intitulé « Fast Fashion et génocide des Ouïghours : Conclusions provisoires », qui a été publié par la commission spéciale de la Chambre des représentants sur le Parti communiste chinois (PCC).
« Temu ne dispose d’aucun système permettant de garantir le respect de la loi sur la lutte contre le travail forcé des Ouïghours (UFLPA) », ajoute le rapport. « Il est donc quasiment garanti que des cargaisons contenant des produits fabriqués par des travailleurs forcés entrent régulièrement aux États-Unis, en violation de la loi sur la lutte contre le travail forcé. »
L’UFLPA, qui est entrée en vigueur en juin 2022, interdit les importations en provenance de la région du Xinjiang, à l’extrême ouest de la Chine, à moins que les entreprises ne puissent prouver que les produits n’ont pas été fabriqués en recourant au travail forcé.
Plus d’un million de Ouïghours et autres minorités musulmanes sont actuellement détenus dans des camps d’internement chinois, où ils sont soumis au travail forcé, à la torture, aux abus sexuels, à l’endoctrinement politique, à l’avortement forcé et à la stérilisation forcée. Le gouvernement américain a qualifié de génocide la persécution des Ouïghours par le régime chinois.
La faille de minimis
« Ces résultats sont scandaleux : Temu ne fait pratiquement rien pour que ses chaînes d’approvisionnement soient exemptes de travail forcé », a déclaré le député Mike Gallagher (Parti républicain – Wisconsin), qui dirige la commission, avant d’adresser ses critiques à Temu et à un autre détaillant chinois en ligne, Shein.
« Dans le même temps, Temu et Shein bâtissent des empires autour de la faille dite ‘de minimis’ dans nos règles d’importation, en éludant les taxes à l’importation et en se soustrayant aux contrôles sur les millions de marchandises qu’ils vendent aux Américains », a ajouté M. Gallagher. « Nous devons nous pencher sérieusement sur cette faille qui est utilisée de manière abusive pour faire pencher la balance en défaveur des entreprises américaines. »
Selon le rapport, plus de 685 millions d’envois sont entrés aux États-Unis au titre de la règle de minimis en 2022, une disposition de la législation douanière qui permet d’exonérer de droits et de taxes les envois d’une valeur inférieure ou égale à 800 dollars.
Selon le rapport, Temu et Shein ont probablement représenté plus de 30% de toutes les expéditions mondiales de minimis vers les États-Unis l’année dernière.
« Ces constatations initiales et provisoires, qui révèlent l’incapacité de Temu à maintenir ne serait-ce que la façade d’un programme de conformité significatif, et l’ampleur réelle de l’utilisation par Shein et Temu de la disposition de minimis, soulèvent de sérieuses inquiétudes quant à la présence continue de produits fabriqués à l’aide du travail forcé qui affectent les importations américaines », peut-on lire dans le rapport.
Temu appartient au géant chinois du commerce électronique PDD Holdings, qui exploite également une autre plateforme de commerce électronique connue sous le nom de Pinduoduo. Lancée aux États-Unis en septembre 2022, Temu compte plus de 80.000 fournisseurs et est l’une des applications les plus téléchargées sur l’App Store d’Apple et le Play Store de Google.
Selon le rapport, Temu a informé la commission qu’elle « n’interdisait pas expressément aux vendeurs tiers de vendre des produits selon leur origine dans la région autonome du Xinjiang ».
Temu a rejeté les préoccupations selon lesquelles elle devrait être tenue pour responsable du travail forcé sur ses produits, étant donné que ses vendeurs basés en Chine expédient directement leurs produits aux consommateurs américains.
« Temu n’est pas l’importateur officiel des marchandises expédiées aux États-Unis », selon le rapport.
Renforcer les lois
Le député Raja Krishnamoorthi (Parti démocrate – Illinois), membre de la commission, a déclaré que les premières conclusions du rapport « renforcent la nécessité d’une transparence totale de la part des entreprises susceptibles de tirer profit du travail forcé imposé par le PCC ».
« Notre commission spéciale a entendu des experts sous serment dire que ces pratiques persistent encore aujourd’hui et nous avons l’intention de renforcer des lois telles que la loi sur la prévention du travail forcé des Ouïghours pour y mettre fin une fois pour toutes », a ajouté M. Krishnamoorthi.
Dans une déclaration à l’Associated Press, Shein a indiqué que la « politique de l’entreprise est de se conformer aux lois sur les douanes et les importations des pays dans lesquels nous opérons » et qu’elle a mis en place un système solide pour garantir le respect de la législation américaine. Elle a ajouté avoir une « tolérance zéro » à l’égard du travail forcé.
En février, trois sénateurs ont envoyé une lettre au directeur général de Shein, s’inquiétant de savoir si les vêtements de l’entreprise étaient fabriqués avec des cotons provenant du Xinjiang.
La semaine dernière, des projets de loi bipartisans ont été introduits à la Chambre des représentants et au Sénat en vue de modifier la règle de l’exception de minimis. Le 14 juin, les sénateurs Bill Cassidy (Parti républicain – Louisiane) et Tammy Baldwin (Parti démocrate – Wisconsin) ont présenté la loi de 2023 sur la réciprocité de l’exception de minimis.
Un jour plus tard, les sénateurs Marco Rubio (Parti républicain – Floride) et Sherrod Brown (Parti démocrate – Ohio) ont présenté la loi sur la sécurité et l’équité des importations (Import Security and Fairness Act). Les députés Neal Dunn (Parti républicain – Floride) et Earl Blumenauer (Parti démocrate – Oregon) ont quant à eux présenté la version correspondante de la loi à la Chambre des représentants.
L’association Campaign For Uyghurs, basée à Washington, a remercié sur Twitter Mme Baldwin et M. Cassidy pour leur projet de loi, appelant à son adoption rapide. Le projet de loi des deux sénateurs « comblerait une lacune commerciale qui permet à la Chine de laisser des produits fabriqués par des travailleurs réduits à l’esclavage arriver dans les mains des consommateurs américains en dépit de la loi sur la protection des droits de l’homme », a ajouté l’association.
Epoch Times a contacté Temu pour obtenir des informations complémentaires.
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