TRIBUNE — Pour les dirigeants et les membres du gouvernement âgés de moins de cinquante ans, les régimes communistes ne sont qu’un chapitre dans les livres d’histoire. Grave erreur. Trente-cinq ans après la chute du mur de Berlin, alors que tout portait à croire que la parenthèse historique du communisme avait été refermée une fois pour toutes, le monde libre est toujours confronté à l’influence persistante de ses continuateurs.
Les réseaux des héritiers du communisme produisent une multitude de projets liberticides et conservent une influence intacte sur les économies nationales. Les anciennes agences de sécurité de l’État ont conservé leur pouvoir alors même que de nouvelles formes de gouvernance ont émergé.
Les victimes du communisme se comptent par millions. Selon les estimations des experts, les régimes communistes ont tué plus de 100 millions de leurs propres citoyens, soit bien plus que tous les autres génocides de l’histoire récente réunis. Mais ce qui a rendu les régimes communistes hideux, c’est avant tout l’appareil national spécifiquement mis en place pour réprimer, voire supprimer, les libertés individuelles.
Les agences de sécurité de l’État jouaient un rôle central dans cet appareil. Elles incarnaient la partie la plus redoutée et la plus féroce des régimes communistes. Le KGB (Union soviétique), la Stasi (Allemagne de l’Est), la Securitate (Roumanie), le « StB » (Statni Bezpecnost) en Tchécoslovaquie ou le « DS » (Comité pour la sécurité de l’État) en Bulgarie étaient les abréviations les plus redoutées par plusieurs générations d’hommes et de femmes.
À partir des années 1970, après le Printemps de Prague de 1968, la Stasi, avec ses ressources humaines, financières et techniques, est devenue le principal partenaire du KGB. Au moment de sa disparition en 1989, la Stasi employait quelque 280.000 agents. Sa puissance était sans commune mesure : même le KGB n’employait qu’un informateur pour 595 citoyens ; en Allemagne de l’Est, c’était un pour 180.
En Roumanie, sous la dictature communiste, le Département de la sécurité de l’État (Departamentul Securității Statului), ou « Securitate », imposait une terreur permanente à ses citoyens. Il possédait les troisièmes plus grandes archives (après le KGB et la Stasi) sur ses citoyens et était le service secret le plus impitoyable d’Europe, avec plus de 10.000 victimes à son actif.
La Chine est un cas à part. Connue sous le nom de Guojia Anquanbu, ou plus simplement Guoanbu, l’agence chinoise de renseignement, de sécurité et de police secrète est responsable du contre-espionnage, du renseignement extérieur et de la sécurité politique. Elle a été créée en 1983 sous la direction de Deng Xiaoping et, quarante et un ans plus tard, elle est toujours considérée comme l’une des agences les plus puissantes. Aucun domaine politique, économique, social, industriel, culturel ou de propagande hostile n’échappe à son contrôle.
Les lois sur la sécurité nationale ont donné au Guoanbu des pouvoirs étendus. Par exemple, la loi de 2017 sur le renseignement oblige les entreprises et les citoyens à « coopérer avec les institutions nationales de renseignement, à les soutenir ou à les aider ». La loi exige également que les opérateurs d’infrastructure stockent les données personnelles de leurs utilisateurs en Chine et fassent vérifier leur matériel. En conséquence, les opérateurs télécoms et informatiques en Chine sont obligés de coopérer avec les autorités.
La disparition brutale de l’Union soviétique en décembre 1991 a été un moment de transformation risquée, mais pleinement réussie pour la plupart de ces agences. La survie des services de sécurité de l’État a prouvé qu’aucune libération ne peut être considérée comme définitivement acquise. Depuis les années 90 du siècle dernier, la corruption du système politique et judiciaire, la fraude financière et à l’investissement, l’extorsion, la manipulation des élections et la protection de la contrebande à grande échelle, du trafic d’armes et de drogues sont devenues leur spécialité.
La majorité de ces agences se sont adaptées au nouvel environnement politique pro-démocratique tout en réussissant à tirer un avantage considérable, sans jamais perdre le contrôle des structures de surveillance ou des flux financiers. Composée d’individus disciplinés et bien formés, aucune autre structure n’aurait pu rivaliser avec leur efficacité dans les premières années de la démocratie en Europe de l’Est. Sous prétexte de défendre les intérêts nationaux, les anciennes agences de sécurité ont continué à étendre leur pouvoir sur les processus décisionnels jusqu’à aujourd’hui.
Les démocraties occidentales et américaine ont largement sous-estimé leur rôle et leur influence, préférant ignorer leur nuisance à long terme. Dans certains cas, elles ont même fermé les yeux sur leurs agissements, dans le but de maintenir les pays d’Europe de l’Est ancrés dans leur sillage en les soustrayant progressivement à l’influence de la Russie.
En conséquence, les héritiers des agences de terreur communistes ont pu accroître leur pouvoir financier et politique en toute impunité. Présentement, les descendants des hauts fonctionnaires responsables de ces agences dans le passé occupent des postes de ministres, de maires, d’ambassadeurs, etc. Cette chaîne d’influence politique et économique, savamment orchestrée et entretenue par des réseaux d’anciens agents de la sûreté de l’État travaillant en symbiose avec des figures du crime organisé, ne connaît pas de fin prévisible. Or, cette combinaison florissante pour eux est désastreuse pour la foi de la population dans les valeurs démocratiques.
Au cours des dernières décennies, les anciens pays du bloc de l’Est ont stagné pour trois raisons principales : premièrement, en sapant les fondements de l’État de droit par la corruption, l’injustice a continué d’envahir la société, ce qui a constitué un facteur majeur de démotivation, d’apathie et de réduction de l’engagement social. Deuxièmement, l’insécurité des droits fondamentaux a retardé les investissements, même s’ils étaient approuvés au plus haut niveau politique. Troisièmement, les prêts bancaires massifs et l’aide financière de l’Union européenne n’ont été accordés qu’à des associés sélectionnés par les hauts responsables des anciens services de sécurité de l’État. Dans le même temps, dès que leurs héritiers accédaient au pouvoir, leur brutalité naturelle et légalisée prenait forme derrière les actions arbitraires des autorités fiscales ou des procureurs généraux à leur solde.
Les partenariats et l’exportation de leurs méthodes vers les pays de l’Union européenne et les États-Unis restent une menace tangible pour les sociétés occidentales. Ne pas s’opposer plus vigoureusement à leurs méthodes et pratiques illicites a été une erreur de jugement qui a contribué à l’affaiblissement des démocraties.
Or, depuis la pandémie de COVID-19, notre époque est propice à un retour en arrière. Certaines élites du monde occidental sont de plus en plus enclines à croire qu’un contrôle renforcé et plus strict de la population leur garantirait un pouvoir infini. En effet, même dans les rêves les plus audacieux des anciens dirigeants communistes, ils n’auraient jamais imaginé pouvoir imposer une attestation aux citoyens pour aller acheter leur pain, comme c’était le cas lors des confinements sanitaires successifs.
L’avenir est donc semé d’embûches visant à priver davantage les citoyens de leur liberté. Les prochaines étapes se joueront autour de l’identité numérique et de la monnaie numérique actuellement en discussion comme moyen de lutte contre la crise climatique. L’enfer étant pavé de bonnes intentions, il est probable que cela dégénère en une nouvelle forme d’autoritarisme aux relents communistes, de planification centrale et de contrôle accru de la vie privée des citoyens. Sans réaction adéquate, nous avançons à toute vitesse vers une « chinoisisation » de notre monde.
Les opinions exprimées dans cet article sont celles de l’auteur et ne reflètent pas nécessairement celles d’Epoch Times.
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