Les États‑Unis viennent d’autoriser des vaccins de rappel « adaptés » aux sous‑variants BA.4/BA.5. Mais les données précliniques relatives à ces « vaccins de rappel adaptés » reposent uniquement sur des souris, et non sur des sujets humains. Les données humaines ne sont disponibles que pour les rappels ciblés sur BA.1. Les autorités américaines estiment qu’attendre les résultats de ces essais sur des sujets humains est trop risqué. Entretemps, les injections pourraient devenir obsolètes.
C’est au mois de juin que les scientifiques de Pfizer ont partagé leurs données sur les vaccins de rappel au comité consultatif de la Food and Drug Administration (FDA). Ces données portaient alors sur huit souris seulement. Quant à Moderna, le laboratoire a fait sa présentation au comité consultatif des Centres américains de contrôle et de prévention des maladies (CDC) le 1er septembre. Son vaccin de rappel adapté a été testé sur 16 à 20 souris en tout. Certaines avaient reçu le vaccin de rappel « initial ».
Selon les déclarations en juin de Kena Swanson, vice‑présidente de Pfizer pour la recherche et le développement des vaccins, devant la commission consultative de la FDA, les données sur les souris montraient « des augmentations substantielles contre tous les sous‑variants Omicron, les sous‑variants BA.4/BA.5 également. Et aussi contre la souche de référence des vaccins modifiés BA.4/BA.5 ».
BA.4 et BA.5 sont les sous‑variants Omicron actuellement dominants.
Malgré ces assurances concernant les nouveaux sous-variant BA.4/BA.5, à cette époque Pfizer et Moderna avaient mis au point leurs vaccins de rappel pour qu’ils ciblent le sous‑variant BA.1. Mais après cette réunion en juin, la FDA a exhorté les deux laboratoires de remplacer le composant BA.1 par un composant visant les souches BA.4 et BA.5.
La FDA n’a pas exigé d’essais humains pour accorder son autorisation. Elle a approuvé les deux rappels adaptés le 31 août.
Les données sur les souris « montrent que ces vaccins réussissent à susciter une réponse immunitaire tout comme les versions précédentes du vaccin », a déclaré le Dr Peter Marks, un des principaux responsables de la FDA en matière de vaccins, lors d’une conférence téléphonique avec les journalistes.
La directrice des CDC, le Dr Rochelle Walensky, a également soutenu cette autorisation.
« Si nous attendons les informations issues des données humaines, et pas seulement des souris, nous utiliserons un vaccin qui selon moi sera potentiellement obsolète », a‑t‑elle déclaré lors de l’émission Conversations on Health Care, diffusée le 29 août.
« Sans précédent »
Selon le Dr Monica Gandhi, professeur de médecine à l’université de Californie, à San Francisco, le rappel adapté « a le potentiel d’augmenter les anticorps chez l’homme contre le sous‑variant en circulation (principalement BA.5 pour le moment). Mais pour être honnête, nous devons signaler que pour l’heure nous n’avons que des données sur l’augmentation des anticorps chez la souris ».
« Nous ne disposons pas de données humaines sur ce nouveau rappel, que ce soit des données sur les anticorps ou des données cliniques. Cependant, il est biologiquement plausible que ces rappels adaptés réduisent le nombre de cas en augmentant les anticorps à l’approche de l’hiver », a déclaré le Dr Gandhi dans un courriel adressé à Epoch Times.
Le Dr Gandhi recommande à tous les Américains âgés d’au moins 65 ans, ou à ceux qui sont immuno‑déprimés, de se faire vacciner. C’est d’autant plus indispensable, selon elle, pour ceux qui ont reçu leur dernière dose il y a plus de six mois. Pour étayer ses arguments, elle cite des articles récents saluant l’efficacité du vaccin.
La FDA conseille à tous les Américains âgés d’au moins 12 ans d’effectuer le rappel adapté, même si leur dernière injection date d’il y a deux mois seulement.
John Moore, spécialiste des vaccins de l’université de médecine Weill Cornell sur USA Today, s’est exprimé avant l’octroi des autorisations sur le fait de s’appuyer sur des données reposant sur des souris uniquement : « [C’est] sans précédent à ma connaissance et fera certainement sourciller. » Jeudi dernier, il a confié à Epoch Times par courriel qu’il n’était pas inquiet par d’éventuels problèmes de sécurité.
« Il s’agit toujours du même vaccin, mais avec une petite modification. La même stratégie est utilisée chaque année pour ajuster la composition des vaccins antigrippaux standard. Je ferais l’analogie avec une nouvelle peinture sur votre voiture – il n’est pas nécessaire de procéder à une vérification complète de tous les dispositifs de sécurité. Cependant, je pense que de nombreux citoyens pourraient être inquiets, en particulier ceux qui ont écouté les mensonges des antivaxs », a‑t‑il écrit.
Les statistiques des essais pour les rappels qui touchent le BA.1 sont disponibles, avec les données humaines. Celles-ci montrent que ces rappels fonctionnent mieux que les rappels déjà administrés, qui ne ciblaient que le variant initial du virus.
Le variant d’origine a rapidement été détrôné au début de la pandémie. Une série de variants sont apparus depuis. Omicron est dominant depuis la fin de 2021. Cette souche et ses sous‑variants se sont révélés plus à même d’échapper à la protection conférée par les vaccins. C’est pourquoi il a fallu élaborer, autoriser puis recommander des vaccins de rappel, et désormais des « vaccins de rappels adaptés ».
Les CDC ont réuni leur groupe consultatif jeudi pour savoir s’ils devaient recommander l’injection du rappel adapté ou simplement informer la population que le rappel adapté était disponible.
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