De plus en plus de Français voient le numérique comme une menace pour l’environnement, une tendance désormais majoritaire parmi les personnes exprimant un avis, selon le baromètre du numérique, révélé mercredi par le secrétaire d’Etat chargé du dossier, Cédric O.
Selon cette étude, réalisée conjointement par l’Autorité de régulation des télécoms (Arcep), le Conseil général de l’économie (CGE) et l’Agence du numérique, 44% des Français envisagent désormais le numérique comme une menace, alors que 38% d’entre eux y voient une chance.
La tendance s’est inversée en dix ans, puisqu’en 2008 53% des personnes interrogées envisageaient le numérique comme une chance, et seulement 35% d’entre elles comme une menace.
Pour y remédier à leurs niveaux, 8 Français sur 10 se disent prêts à acheter des appareils d’occasion, ou à prolonger la durée de vie des leurs, et plus de 2 Français sur 3 envisagent de modifier leur comportement, notamment en modérant le visionnage en ligne de vidéos.
Émission de CO2: Internet est bien plus polluant que le transport aérien et croît de 9% par an
Le 11 juillet, The Shift Project publiait une étude sur l’impact environnemental du numérique. Leur conclusion est qu’Internet est bien plus nocif que le transport aérien et qu’il pourrait devenir la première source d’émission de CO2 d’ici quelques années. Internet est utilisé aujourd’hui par 80% de flux vidéos et 20% d’échanges de mails et de fichiers. Pour transporter et visionner ces vidéos en ligne, il faut des serveurs stockés dans d’immenses data centers qui consomment beaucoup d’énergie.
L’an dernier, les vidéos en ligne ont généré autant de C02 qu’un pays comme l’Espagne. Selon The Shift Project, Internet représente aujourd’hui 4% des émissions mondiales de CO2 contre 2,8% pour le transport aérien civil, et sa consommation énergétique s’accroît de 9 % par an. Cette part pourrait ainsi doubler d’ici 2025 pour atteindre 8 % du total – soit la part actuelle des émissions de CO2 des voitures au niveau mondial.
L’industrie pornographique l’une des principales source de pollution du streaming
« Il est certain qu’on a un impact du streaming vidéo, quasi équivalent à celui de l’industrie aéronautique, mais on ne voit pas encore de changement de comportement en la matière », a souligné Cédric O lors d’une conférence de presse, rappelant au passage que l’industrie pornographique en ligne était une des principales source de pollution issues du streaming.
Dans les faits, il n’y a pas pour autant de remise en question des usages en ligne des Français: si l’usage quotidien d’internet ne progresse plus, il reste cependant toujours fort puisqu’il concerne toujours 78% de la population, en léger repli cependant par rapport à 2018 (80%). Réseaux sociaux et achats en ligne voient également les usages se stabiliser, dans la foulée de 2017 et 2018, autour de 60% d’utilisateurs.
Le smartphone reste l’outil privilégié pour se connecter, creusant encore l’écart avec l’ordinateur: plus d’un Français sur deux (51%) se connecte désormais à internet principalement via son mobile, près de 20 points de plus que ceux qui le font en premier lieu via l’ordinateur (31%).
80% des personnes interrogées souhaitent réduire l’empreinte écologique
Un usage important qui s’associe de plus en plus à une conscience écologique propre au numérique, puisque 80% des personnes interrogées souhaitent réduire l’empreinte écologique de leurs équipements et 69% souhaiteraient le faire pour leurs usages.
Si les Français expriment régulièrement de la méfiance vis-à-vis des médias traditionnels, elle ne nourrit pas pour autant une appétence pour l’information en ligne.
La télévision (48% des personnes interrogées) reste ainsi préférée à internet (19%) pour suivre l’actualité quand la radio (12%) ou la presse écrite (11%) devancent toujours les réseaux sociaux (6%). Une tendance qui se confirme quand il s’agit de comprendre l’actualité.
Les réseaux sociaux sont d’ailleurs le média disposant de la plus faible cote de confiance (8%), loin derrière la radio (37%), la presse écrite (42%) ou la télévision (51%).
Cette enquête a été réalisée par le centre de recherche pour l’étude et l’observation des conditions de vie (Credoc) en face-à-face auprès d’un échantillon de 2.259 personnes représentatives de la population française, âgées de 12 et plus, selon la méthode des quotas.
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