Les investissements étrangers continuent de se retirer de la Chine dans le contexte de l’effondrement de son économie – et ce, malgré le fait que le Parti communiste chinois (PCC) au pouvoir a mis en place de nouvelles mesures d’incitation.
Le 22 mars, le ministère du Commerce chinois a publié de nouvelles données, montrant que les investissements directs étrangers (IDE) en Chine, de janvier à février 2024, étaient au niveau de 215,1 milliards de yuans (27,5 milliards d’euros), soit une baisse annuelle de 19,9%. Les IDE en Chine sont en baisse pour le huitième mois consécutif. Cette baisse est nettement plus importante que le chiffre publié en janvier, soit une chute de 11,7% par rapport à la même période de l’année dernière.
Le ministère chinois du Commerce a tenté de minimiser cette forte chute, déclarant vendredi que les dernières données étaient éclipsées par un niveau record atteint un an plus tôt. Le ministère a également ajouté que « les investissements étrangers sont un comportement de marché et les fluctuations des données sont normales et conformes aux règles du marché ».
L’État-parti chinois a récemment présenté un nouveau plan pour attirer les investissements étrangers. Toutefois, les experts soulignent que le régime communiste dirigé par Xi Jinping a donné la priorité au pouvoir politique sur le développement économique et qu’il a politisé l’environnement des affaires, ce qui a suscité des craintes profondes parmi les hommes d’affaires étrangers.
Le 19 mars, le Bureau général du Conseil des affaires de l’État chinois a publié un Plan d’action pour des efforts accrus en vue d’attirer et d’utiliser les investissements étrangers, proposant des mesures d’incitation dans cinq domaines et soulignant la nécessité de renforcer la confiance des investissements étrangers dans le développement de la Chine.
Le plan prévoit de réduire les obstacles aux investissements étrangers, en particulier de lever complètement les restrictions à leur accès dans l’industrie manufacturière et de promouvoir une plus grande ouverture dans les domaines des télécommunications, des soins médicaux et de l’innovation technologique. Dans les domaines de la banque, de l’assurance et des obligations, l’accès aux institutions financières étrangères sera également élargi.
Le plan comprend aussi des mesures visant à faciliter l’obtention de visas d’entrée en Chine et à étendre à deux ans la période de validité de ces visas pour le personnel des entreprises à investissements étrangers et aux membres de leur famille.
La fuite de capitaux étrangers se poursuit dans le contexte du ralentissement de l’économie chinoise
Wang Guo-chen, chercheur à la Chung-Hua Institution for Economic Research à Taiwan, a expliqué à Epoch Times que la raison pour laquelle le régime chinois émet ce nouveau plan d’action est que les investissements étrangers ont continué à diminuer après l’introduction du plan d’action de l’année dernière, y compris dans l’industrie financière.
« En même temps, l’économie chinoise est en déclin et a besoin du soutien des investissements étrangers, c’est pourquoi [le Premier ministre] Li Qiang a de nouveau insisté sur ce point [lors des deux plus grandes réunions politiques de l’année – les ‘Deux sessions’ – récemment tenues] », a-t-il ajouté.
Ce dernier temps, le taux de chômage des jeunes et le taux de chômage urbain ont augmenté en Chine, et « avec davantage d’investissements étrangers, le problème du chômage peut être légèrement atténué ».
Le 20 mars, le Bureau national des statistiques de Chine a publié les chiffres du taux de chômage parmi les jeunes en milieu urbain, qui s’élevait à 15,3%, à l’exclusion des étudiants. Il a augmenté de 0,7% en février par rapport au mois précédent.
M. Wang a poursuivi : « Le lancement du nouveau plan d’action montre que les autorités de Pékin sont préoccupées par la fuite des investissements étrangers, ce qui ressort également de la réunion entre les États-Unis et la Chine qui s’est tenue à la fin de l’année dernière. »
Le 9 octobre 2023, lors de sa rencontre à Pékin avec Chuck Schumer, chef de la majorité au Sénat américain, le chef du PCC Xi Jinping a déclaré : « Les économies de la Chine et des États-Unis sont profondément intégrées et nous pouvons bénéficier de leur développement mutuel. »
Huang Shicong, économiste et commentateur politique taïwanais, a indiqué à Epoch Times que, parallèlement au ralentissement de l’afflux des investissements étrangers en Chine, la plupart des investisseurs se sont tournés vers l’Inde ou les pays de l’Association des nations de l’Asie du Sud-Est (ANASE).
« La fuite continue des capitaux étrangers est très préjudiciable à l’économie et aux investissements chinois, et ils [le PCC] s’en sont rendu compte », a-t-il souligné.
« La clé réside dans l’attitude du PCC à l’égard des investissements étrangers. Le régime a enquêté sur de nombreuses sociétés de conseil étrangères et leur a infligé des sanctions, tandis que les relations politiques entre la Chine et les États-Unis sont très mauvaises. Ce sont les principales raisons qui entravent les investissements étrangers en Chine. »
Les préoccupations en matière de sécurité
En 2023, la police du régime chinois a fait une descente dans les bureaux chinois de plusieurs entreprises étrangères et a arrêté à la fois le personnel chinois et les employés étrangers.
L’ambassadeur des États-Unis en Chine a répondu à l’objectif de l’État-parti d’attirer davantage d’investissements étrangers en déclarant que ses politiques envoyaient des signaux contradictoires aux investisseurs étrangers, en particulier après l’adoption de la loi anti-espionnage – la loi qui vise à la fois les personnes et les entités étrangères ainsi que les Chinois qui ont des liens avec l’étranger. La sécurité est devenue une préoccupation majeure pour les investisseurs étrangers.
« Il ne suffit pas d’ouvrir le marché pour que les hommes d’affaires étrangers investissent. S’ils risquent de perdre la vie et que leur sécurité est remise en question, qui alors investira ? », a demandé Huang Shicong.
Dans l’enquête sur la confiance des entreprises réalisée en 2023 par la Chambre de commerce européenne en Chine, 64% des personnes interrogées ont déclaré qu’il était plus difficile de faire des affaires en Chine qu’au cours de la même période de l’année précédente, ce qui constitue un chiffre record.
La Chambre de commerce de l’UE en Chine a récemment publié un rapport intitulé Riskful Thinking: Navigating the Politics of Economic Security (Penser en termes de risques : naviguer dans la politique de sécurité économique).
Plus de la moitié des personnes interrogées dans le cadre de l’enquête ont déclaré que le paysage commercial chinois était devenu plus politisé. Le rapport indique que l’incertitude et les « réglementations draconiennes » ont considérablement augmenté les risques pour les entreprises étrangères en Chine et que les entreprises de l’UE en Chine ont été forcées de se concentrer davantage sur les risques que sur les affaires.
Les mesures de Pékin ne seront pas efficaces
À la question si le nouveau plan d’action pourrait attirer les investissements étrangers, Huang Shicong a répondu : « Jusqu’à présent, Xi Jinping semble toujours prôner la confrontation avec les États-Unis. L’atmosphère générale n’a pas changé. Comment mettre en œuvre ces plans ? Que se passera-t-il si l’ouverture de certains marchés entre un jour en conflit avec les soi-disant questions de sécurité nationale ? Comment allez-vous y faire face ? C’est la principale préoccupation des investisseurs étrangers. Ce soi-disant plan d’expansion des investissements ne résout donc pas les doutes fondamentaux des gens. »
De son côté, Wang Guo-chen a souligné que la principale raison du retrait des investissements étrangers était la politique de l’État-parti. « Tout d’abord, c’est la loi anti-espionnage. Ensuite, c’est l’accent mis par le régime sur ses entreprises militaro-industrielles et ses sociétés d’État. Tout cela met en danger les entreprises à investissements étrangers. »
« Le problème fondamental est que Xi Jinping veut développer l’économie et, en même temps, stabiliser son régime. C’est pourquoi il a renforcé davantage le contrôle du Parti sur les capitaux et les entreprises étrangères. Les capitaux étrangers sont également obligés de prendre en considération les paroles et les ordres du Parti », a-t-il poursuivi.
« Si les politiques du PCC ne changent pas et si l’environnement ne change pas, peu importe le nombre d’incitatives que l’on accorde aux entreprises à capitaux étrangers ou le nombre de marchés que l’on ouvre, cela ne sera pas efficace. »
Comment pouvez-vous nous aider à vous tenir informés ?
Epoch Times est un média libre et indépendant, ne recevant aucune aide publique et n’appartenant à aucun parti politique ou groupe financier. Depuis notre création, nous faisons face à des attaques déloyales pour faire taire nos informations portant notamment sur les questions de droits de l'homme en Chine. C'est pourquoi, nous comptons sur votre soutien pour défendre notre journalisme indépendant et pour continuer, grâce à vous, à faire connaître la vérité.