Le grand débat lancé par Emmanuel Macron pour tenter de sortir de la crise des « gilets jaunes » va s’inviter en prison où les détenus pourront participer et faire part de leurs doléances, a-t-on appris mardi auprès de l’administration pénitentiaire.
La ministre de la Justice, Nicole Belloubet, s’est dite à plusieurs reprises « très favorable » à la tenue du débat en détention. Elle participera à un des premiers débats organisés, dans les jours qui viennent, a-t-on indiqué dans son entourage, sans toutefois donner de date précise.
« Il y a une demande au sein des établissements. Des détenus disent que si le débat se tient, ils iront. Tous ceux qui le souhaitent pourront s’inscrire et participer, à l’exclusion des personnes sous le coup de mesures disciplinaires ou présentant un risque particulier pour la sécurité », a-t-on expliqué à la Direction de l’administration pénitentiaire (DAP).
Seront probablement exclus la plupart des personnes détenues pour des faits de terrorisme ou sous le statut DPS (détenu particulièrement surveillé) pour des raisons de sécurité, a précisé une source pénitentiaire, expliquant que « non, Salah Abdeslam (dernier survivant du commando jihadiste du 13 novembre 2015, NDLR) ne participerait pas à un débat sur la fiscalité verte ».
« L’immense majorité des détenus n’est pas privée du droit de vote. Et même un détenu privé de ses droits civiques ne doit pas être privé du droit de débattre », a-t-on déclaré à la DAP, rappelant que la participation aux débats publics s’inscrivait dans une démarche de réinsertion dans la société.
Les 188 prisons françaises comptent environ 70.000 détenus, dont plus de 20.000 sont en attente de leur procès.
L’ensemble des établissements sont invités à s’organiser pour la tenue de ce débat, en cas de demande des détenus. Une note en ce sens du directeur de l’administration pénitentiaire, dont l’AFP a eu connaissance, a été envoyée aux directions interrégionales.
Il est demandé « de veiller à ce que les chefs d’établissement déclinent ce grand débat en détention en organisant notamment des consultations ouvertes aux personnes détenues », jusqu’au 15 mars, date de la fin de la consultation débutée le 16 janvier au niveau national.
Les modalités d’inscription et la charte du grand débat devront être affichées dans les lieux les plus fréquentés, comme les coursives, le quartier arrivant ou la bibliothèque.
Comme partout en France, le débat sera organisé autour de quatre grandes thématiques: la transition écologique, la fiscalité et les dépenses publiques, la démocratie et la citoyenneté, et l’organisation de l’Etat et des services publics, sans exclure les contributions sur les « thématiques carcérales ou judiciaires ».
Le cadre de cette consultation est défini par l’article 29 de la loi pénitentiaire, qui dispose que « sous réserve du maintien du bon ordre et de la sécurité de l’établissement, les personnes détenues sont consultées par l’administration pénitentiaire sur les activités qui leur sont proposées ».
Ces débats pourront être organisés par les services de probation et réinsertion mais aussi des associations, dans des salles de réunion, bibliothèques ou gymnases selon la taille des établissements. Ils « visent à garantir que soit recueillie la parole citoyenne des personnes détenues ».
Fin janvier, la contrôleure générale des lieux de privation de liberté (CGLPL), Adeline Hazan, avait estimé que la tenue de débats en prison serait une « très bonne chose car il y a une forme d’infantilisation tout à fait excessive des détenus par le système carcéral qui fait qu’ils n’ont la parole sur rien ». Dans la plupart des établissements, « au mieux on leur demande s’ils sont contents de ce que l’on sert à manger », avait-elle relevé.
Le président de la République, le Premier ministre et plusieurs membres du gouvernement ont déjà participé à des réunions à travers la France. Plus de 713.000 contributions ont par ailleurs été déposées sur le site du grand débat mis en place par le gouvernement, selon un décompte datant du 5 février.
Epochtimes.fr avec AFP
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