Deux tiers des emplois aux États-Unis pourraient être partiellement automatisées par l’intelligence artificielle (IA), ont averti les économistes de Goldman Sachs.
Dans un rapport publié le 5 avril, les économistes Joseph Briggs et Devesh Kodnani ont déclaré qu’une nouvelle vague de systèmes d’IA, tels que ChatGPT, pourrait avoir un « impact majeur » sur les marchés de l’emploi à travers le monde, tandis que les progrès de cette technologie pourraient déclencher des changements dans les flux de travail qui pourraient « exposer l’équivalent de 300 millions d’emplois à temps plein à l’automatisation ».
Dans le cadre de leur rapport, les deux économistes ont analysé des bases de données détaillant le type de tâches effectuées dans plus de 900 professions différentes et ont estimé qu’environ deux tiers des postes sont exposées à un « certain degré » d’automatisation par l’IA.
En outre, ils prévoient qu’environ un quart, voire la moitié, de la charge de travail des professions exposées pourrait être remplacée par l’IA.
« Malgré l’incertitude qui entoure le potentiel de l’IA générative (désigne des algorithmes d’Intelligence Artificielle et de Machine Learning qui utilisent des contenus existants au service de leur apprentissage pour en générer de nouveaux), sa capacité à générer un contenu impossible à distinguer de la production créée par l’homme et à briser les barrières de communication entre les humains et les machines représente une avancée majeure dont l’effet macroéconomique pourrait être considérable », écrivent les économistes.
Bien qu’ils reconnaissent les préoccupations concernant l’IA avancée et les éventuelles pertes d’emplois, Briggs et Kodnani notent que tout le travail automatisé ne se traduira pas nécessairement par des licenciements.
« Bien que l’impact de l’IA sur le marché du travail soit susceptible d’être significatif, la plupart des emplois et des industries ne sont que partiellement exposés à l’automatisation et sont donc plus susceptibles d’être complétés que remplacés par l’IA », écrivent les économistes.
Les effets pourraient être profonds
« En outre, les emplois déplacés par l’automatisation ont toujours été compensés par la création de nouveaux emplois, et l’émergence de nouvelles professions suite aux innovations technologiques représente la grande majorité de la croissance de l’emploi à long terme », ont-ils ajouté.
Les économistes de Goldman Sachs ont toutefois souligné les avantages de l’IA avancée pour les entreprises et la société, tels que l’amélioration de la rentabilité, des méthodes de vente et de la qualité de production au sein des entreprises, ainsi qu’un meilleur diagnostic des patients dans les établissements de soins de santé.
Selon eux, cela pourrait entraîner une augmentation du PIB mondial de près de 7.000 milliards de dollars.
« Bien que l’on ignore encore beaucoup de choses sur la manière dont l’IA générative influencera l’économie mondiale et la société, et qu’il faudra du temps pour qu’elle se manifeste, il y a des signes clairs que ses effets pourraient être profonds », concluent les économistes.
Ce dernier rapport fait suite à un document de recherche publié le 27 mars (pdf) par l’université de Pennsylvanie et des employés d’OpenAI, selon lequel la majorité des emplois de cols blancs aux États-Unis peuvent être complétés plus efficacement avec l’aide du système d’intelligence artificielle ChatGPT.
Plus précisément, cette étude a révélé qu’environ 80 % de la main-d’œuvre américaine pourrait voir au moins 10 % de ses tâches affectées par l’introduction de grands modèles de langage tels que ChatGPT, tandis qu’environ 19 % des travailleurs pourraient voir au moins 50 % de leurs tâches impactées.
Dans la course croissante au développement et au déploiement de systèmes d’IA avancés toujours plus puissants, de nombreux experts du secteur appellent à la prudence, notamment Sundar Pichai, le PDG de Google et de sa société mère Alphabet.
Musk met en garde contre un « potentiel de destruction civilisationnelle »
Lors d’une interview accordée à l’émission « 60 Minutes » de la chaîne CBS le 16 avril, Sundar Pichai a averti que « chaque produit de chaque entreprise » serait affecté par le développement rapide de l’IA, ajoutant qu’il était resté « sans voix » après avoir examiné les résultats des tests d’un certain nombre de projets d’IA de Google, tels que « Bard ».
Par ailleurs, le PDG de Twitter, Elon Musk, a abordé les menaces potentielles posées par la technologie avancée de l’IA.
Lors d’une interview avec l’animateur de Fox News, Tucker Carlson, diffusée en deux parties les 17 et 18 avril, M. Musk a déclaré que l’IA posait des « risques potentiels pour la société et l’humanité ».
« L’IA est plus dangereuse que, disons, une conception d’avion ou une maintenance de production mal gérée, ou une mauvaise production automobile, dans le sens où elle a le potentiel – aussi faible que l’on puisse considérer cette probabilité, mais elle est non triviale – elle a le potentiel de destruction civilisationnelle », a déclaré M. Musk à la chaîne Fox.
Le mois dernier, l’industriel s’est joint à plus de 1.100 personnes, dont des experts et des cadres de l’industrie tels que Steve Wozniak, cofondateur d’Apple, et Emad Mostaque, fondateur et PDG de Stability AI, pour signer une lettre ouverte appelant tous les laboratoires d’IA à « interrompre immédiatement » la formation de systèmes plus puissants que le ChatGPT-4 pour une durée d’au moins six mois.
Dans leur lettre, les experts avertissent :
« Les systèmes d’IA actuels sont désormais capables de rivaliser avec les humains pour des tâches générales. Ainsi, nous devons nous poser la question : devons-nous laisser les machines inonder nos canaux d’information de propagande et de mensonges ? Devons-nous automatiser tous les emplois, y compris les plus gratifiants ? Devons-nous développer des esprits non-humains qui pourraient un jour devenir plus nombreux, plus intelligents, nous rendre obsolètes et finalement nous remplacer ? Devons-nous risquer de perdre le contrôle de notre civilisation ? De telles décisions ne doivent pas être déléguées à des leaders technologiques non élus », peut-on lire dans la lettre.
La lettre du 22 mars a été signée par plus de 26.000 personnes.
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