ANIMAUX

L’oiseau de proie le plus puissant au monde : ses serres sont plus grandes que celles d’un grizzli

janvier 13, 2025 22:02, Last Updated: janvier 14, 2025 20:51
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Avertissement : cet article a été publié en 2023. Certaines informations peuvent ne plus être d’actualité.

Pour un oiseau nommé d’après une bête affreuse de la mythologie grecque, ce rapace d’une puissance et d’une majesté inégalées est assez incroyable. La « harpie féroce » a été nommée ainsi en raison de sa ressemblance avec les harpies chimériques, les divinités des tempêtes au visage de femme et au corps d’oiseau, qui transportaient les âmes des morts vers le monde souterrain d’Hadès.

La harpie féroce fait partie des plus grands aigles et est l’oiseau le plus puissant de la planète. Cet oiseau a été décrit pour la première fois dans la 10e édition du Systema Naturae de Carl Linnaeus en 1758, qui l’a baptisé « vultur harpyja » en référence à la bête mythique. Comme nous le verrons, ce surnom est bien mérité.

Cet oiseau est grand. Le dessus de son poitrail est noirâtre et contraste avec la couleur blanche située juste en dessous. Il mesure de 86,5 à 107 cm et possède des ailes d’une envergure allant de 176 à 224 cm – c’est plus grand que la plupart des joueurs de la NBA ! Le rapace a une poigne si forte qu’il peut broyer les os et tuer sa proie en un instant. Il n’éprouve aucune crainte à l’égard de l’homme et inspire le respect.

L’appel d’une harpie féroce. (Thorsten Spoerlein/Shutterstock)
Gros plan d’une harpie féroce. (Dmitrii Kash/Shutterstock)

L’habitat de la harpie féroce

La harpie féroce, aussi connue au Brésil sous le nom de faucon-royal, est l’une des deux variétés (l’autre étant la harpie de la Nouvelle-Guinée) qui vit au nord du Mexique, en Amérique centrale, en Amérique du Sud, et au sud de l’Argentine. Aujourd’hui, la harpie féroce a pratiquement disparu de l’Amérique centrale et on la trouve surtout au Brésil, où cet oiseau est présent sur l’ensemble du territoire national.

Ces aigles impressionnants vivent dans les forêts tropicales humides de plaine à des altitudes inférieures à 914 mètres, mais ont été observés jusqu’à 2011 mètres, nichant dans la canopée supérieure, la couche émergente de la jungle. Ils ne s’envolent généralement pas au-dessus de la canopée à la recherche de leur subsistance, mais trouvent habituellement leur nourriture en dessous. Bien qu’ils chassent parfois des animaux au sol, ce sont les mammifères vivant dans les arbres qui constituent l’essentiel des proies de ce redoutable rapace.

Les habitudes de chasse

Les harpies féroces chassent généralement sous les canopées forestières, où la végétation dense projette des ombres et crée des obstacles aux manœuvres. Cet oiseau est très économe en énergie et fait preuve de patience lorsqu’il chasse ; perché en hauteur, il scrute les ouvertures dans les broussailles à la recherche d’une proie, en effectuant périodiquement de courts vols entre les arbres. Occasionnellement, les harpies féroces volent dans la forêt à la recherche de nourriture.

Une harpie féroce mâle, né et élevé en captivité, vole vers son dresseur pour se nourrir à l’Association nationale pour la conservation de la nature (ANCON), près de Panama City. (ELMER MARTINEZ/AFP via Getty Images)
Une harpie féroce saisit un petit mammifère dans ses serres. (Chepe Nicoli/Shutterstock)
Une harpie féroce dans la forêt tropicale au Brésil. (MarcusVDT/Shutterstock)

Grâce à leurs yeux beaucoup plus grands que ceux des autres oiseaux, les harpies féroces sont capables de repérer leurs proies à de grandes distances et d’observer des détails aussi petits que 2 ou 3 cm à près de 200 mètres de distance. Ces oiseaux utilisent également leur disque facial caractéristique pour concentrer les ondes sonores vers leurs oreilles, situées sur les côtés de la tête, lorsqu’ils chassent, un peu comme nous portons notre main à notre oreille pour entendre les sons plus clairement. Chasseurs actifs et patients, superprédateurs, ils attendent généralement que leur proie vienne à eux avant d’attaquer en piqué. Leur vitesse maximale en vol peut atteindre 80 km/h.

En ce qui concerne les proies, ces rapaces s’attaquent surtout aux paresseux, mais ils ne sont pas les seuls, les petits primates, tels que les singes hurleurs, les singes capucins ou les singes saki, constituent également une grande partie de leur régime alimentaire. Ces rapaces gigantesques peuvent transporter des proies aussi lourdes que leur propre poids, et parfois attraper des animaux pesant jusqu’à 8 kg.

Ils peuvent s’approcher en piqué d’un paresseux ou d’un singe hurleur et se jeter du ciel sur l’animal avec une grande force. Leurs muscles de vol sont si robustes qu’ils sont connus pour saisir leur proie en plein vol et l’emporter sans se poser, un tour de force herculéen ! De plus, leurs ailes courtes et larges leur donnent la capacité acrobatique de voler presque à la verticale pour frapper leur proie aussi bien d’en bas qu’en haut.

La taille compte

Les femelles sont beaucoup plus grandes que les mâles et recherchent du gibier beaucoup plus gros. Alors que les femelles adultes peuvent peser entre 7,3 et 8,3 kg, les mâles adultes sont deux fois moins gros et pèsent entre 4,4 et 4,8 kg.

Détails des griffes d’une harpie féroce. (Leandro_Brito/Shutterstock)
Une harpie féroce sauvage à Alta Floresta, Mato Grosso, Brésil. (CARL DE SOUZA/AFP via Getty Images)
Détail des serres d’une harpie féroce au Brésil. (Dmitrii Kash/Shutterstock)

Les pattes robustes de la harpie féroce peuvent être aussi épaisses que le poignet d’un enfant, tandis que ses serres noires et recourbées sont longues et mortelles. Les mâles possèdent des serres qui peuvent atteindre 8,6 cm et les femelles 12,3 cm, soit plus longues que les griffes d’un grizzli ! De plus, leur poigne broyeuse d’os est si puissante qu’elle peut exercer une pression de plusieurs centaines de kilos, tuant leur proie presque instantanément dès qu’elle s’en saisit.

Ces rapaces sont peut-être les plus grands aigles existant aujourd’hui dans le monde. Mais avec leur envergure relativement étroite, ils ne sont pas les plus grands oiseaux de proie de la planète, le condor des Andes détient ce titre. L’envergure plus courte et plus large de la harpie féroce a une utilité particulière : elle lui permet de mieux se déplacer dans son habitat forestier. Mais ce qui lui manque en taille est compensé par sa puissance.

Nidification et accouplement

Les harpies féroces nichent souvent en haut d’un arbre, souvent dans la fourche principale, à une hauteur allant de 43 à 60 mètres au-dessus du sol. Le kapokier, l’un des plus grands arbres d’Amérique du Sud, est un choix de nidification très apprécié de ces oiseaux, tout comme le noyer du Brésil.

Ces rapaces construisent d’énormes nids, suffisamment grands pour qu’un homme puisse s’y allonger de tout son long. Fait de branches, le nid est garni de feuilles et de mousse et mesure généralement 1,5 mètre de profondeur et 1,5 mètre de largeur. Les harpies féroces peuvent utiliser un nid pendant plusieurs années, tout en y apportant constamment des brindilles fraîches pour garder l’endroit propre et exempt d’insectes et de parasites.

Une harpie féroce s’occupe de son nid en Équateur. (feathercollector/Shutterstock)
Un oisillon au Brésil. (Joe McDonald/Shutterstock)
Une harpie féroce prend son envol en Équateur. (feathercollector/Shutterstock)

Les couples de harpies féroces s’accouplent pour la vie et peuvent avoir un petit tous les deux ou trois ans. La femelle pond deux œufs, dont l’un sert en quelque sorte de « police d’assurance » au cas où l’autre n’arriverait pas à éclore ou périrait. Dans ce cas, le mâle féconde le deuxième œuf, ce qui donne au couple une chance de faire éclore un oisillon. La femelle couve l’œuf, mais le mâle prend le relais également. Pendant que l’un reste, l’autre part à la chasse. La femelle a tendance à revenir avec de plus grosses proies, le mâle avec de plus petites, mais plus fréquemment.

Chasseurs silencieux en général, les parents se font entendre lorsqu’ils sont dans leur nid, en produisant une sorte de « faible cri mélancolique ». Lorsque l’oisillon éclot, les parents gazouillent rapidement en rentrant à la maison. L’oisillon devient de plus en plus vocal, émettant des sons qui se rapprochent fortement d’un « chi, chi, chi, chi ». Le jeune teste ses ailes et son vol six mois après sa naissance. Il restera sous la surveillance de ses parents, qui continueront de l’alimenter, durant six mois supplémentaires. Puis, les parents se font de plus en plus rares à mesure que l’oisillon grandit, jusqu’à ce qu’il comprenne et se débrouille seul. Ce n’est qu’au terme de trois à quatre ans que le juvénile acquiert son plumage adulte et sa maturité sexuelle.

Pourquoi ce nom ?

On pense que la harpie féroce doit son surnom mythologique à son « disque facial » caractéristique, composé de petites plumes grises entourant sa tête qui contribuerait à lui donner l’apparence d’un visage féminin. D’où la référence à la femelle chimérique. Ce redoutable rapace possède également une crête très particulière qui couronne sa tête et qui peut se déployer en éventail lorsqu’il est confronté à des menaces. Cette particularité correspond bien au nom que lui ont donné les Brésiliens : faucon-royal.

Une harpie féroce montre son disque facial. (Holger Kirk/Shutterstock)
Une harpie féroce en train de crier. (Dmitrii Kash/Shutterstock)

Bien que ces rapaces ne s’attaquent habituellement pas à l’homme, même s’ils ne le craignent pas, les harpies féroces s’attaquent au bétail en de rares occasions. Il est conseillé de leur accorder un grand respect. Un jour, l’un d’entre eux aurait presque assommé un caméraman de la BBC. D’ailleurs, les populations de harpies féroces diminuant en raison de la chasse et de l’exploitation forestière, elles sont considérées comme gravement menacées au Mexique et en Amérique centrale, ce qui les rend d’autant plus dignes de notre respect.

Évoquant des créatures de la mythologie grecque, tout en inspirant la civilisation maya et même un personnage de Harry Potter, la harpie féroce est une véritable merveille de notre monde. Et pour l’instant, son impressionnante beauté continue à vivre, à nous inspirer et à nous émerveiller.

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