Onze États membres de l’UE ont exigé de la Commission européenne des objectifs climatiques ambitieux pour 2040. L’Allemagne, la France, l’Espagne et huit autres États ont demandé à la Commission européenne, dans une lettre dont l’AFP a eu connaissance, d’envoyer « un signal politique fort ayant valeur d’exemple pour d’autres États ayant de fortes émissions de gaz à effet de serre ».
Les onze pays ont envoyé leur lettre le 25 janvier. L’objectif climatique commun pour 2040 doit en outre « garantir que l’ensemble de l’UE est sur la bonne voie vers la neutralité climatique ».
L’UE s’est déjà engagée à réduire ses émissions de gaz à effet de serre de 55% d’ici 2030 par rapport à 1990. Elle veut atteindre la neutralité climatique d’ici 2050. L’objectif intermédiaire pour 2040 n’a pas encore été fixé. Les ministres de l’Environnement de l’UE en ont discuté pour la première fois à la mi-janvier.
Un objectif d’économie massif
Le commissaire européen au climat, Wopke Hoekstra, s’était prononcé en octobre pour une réduction des émissions d’ « au moins 90% » d’ici 2040 par rapport à 1990. Le comité consultatif scientifique de la Commission européenne recommande une réduction de 90 à 95% des émissions de CO₂.
Le 6 février, la Commission européenne se prononcera sur différents scénarios pour 2040. Une proposition concrète n’est toutefois attendue qu’à partir de juin, une fois la nouvelle Commission formée après les élections européennes.
La lettre, signée par les ministres du Climat et de l’Environnement des onze États, demande désormais « instamment » à la Commission européenne de « recommander un objectif climatique ambitieux pour 2040 ». L’Allemagne, la France et l’Espagne, mais aussi l’Autriche, la Bulgarie, le Danemark, la Finlande, l’Irlande, le Luxembourg, les Pays-Bas et le Portugal ont signé le projet.
Le projet énumère les avantages potentiels de l’objectif climatique envisagé. Les pays auteurs estiment que la réduction de la pollution atmosphérique pourrait sauver plus de 250.000 vies par an à l’avenir, comme le rapporte le site d’information européen « Euractiv« . En même temps, cela réduirait les coûts de santé associés dans l’UE de mille milliards d’euros par an.
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Critique des objectifs climatiques
Les critiques viennent des organisations de protection de l’environnement. Wijnand Stoefs de Carbon Market Watch s’est dit déçu par l’objectif de 90%. Car celui-ci inclut une possible réduction du CO₂ par les puits de CO₂, comme les forêts.
Selon Stoefs, les puits de carbone terrestres diminueraient depuis de nombreuses années dans l’UE. La réduction technique n’en serait qu’à ses débuts et aurait un impact considérable sur la durabilité. Il faudrait donc minimiser la confiance dans toute méthode d’élimination du CO₂ de l’atmosphère.
Des critiques similaires ont été formulées à l’égard des objectifs climatiques de la Commission pour 2030. En 2020, la Commission a présenté sa proposition de réduire les émissions de 55% d’ici 2030 par rapport à 1990. Cela incluait la réduction du CO₂ par les forêts. Plusieurs ONG se sont montrées critiques à ce sujet. Elles ont qualifié cette proposition de « tour de passe-passe comptable » visant à gonfler les objectifs climatiques de l’UE.
Les fonctionnaires de la Commission ont alors admis que l’objectif de 55% ne serait plus aussi réaliste sans réduction des émissions de CO₂. Selon eux, l’objectif qui en résulterait ne serait plus qu’une réduction de 53% au lieu de 55%.
La Hongrie « aimerait voir des objectifs réalistes »
La Hongrie a récemment exprimé des objections importantes à l’objectif de 90%. En juillet, ce pays d’Europe de l’Est prendra la présidence tournante du Conseil de l’UE après le mandat de six mois de la Belgique. Anikó Raisz, ministre d’État pour les affaires environnementales, a surtout souligné que « les spécificités nationales doivent être prises en compte ».
La Hongrie achète plus de 80% de son gaz à la Russie. Jusqu’en 2036 au moins, le pays est lié par un contrat à long terme avec le Kremlin. La Hongrie « aimerait voir des objectifs réalistes et réalisables pour 2040 », a fait remarquer Anikó Raiz.
Une décision provisoire sur l’objectif final de réduction est attendue lors du sommet européen de juin.
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