Le Centre de loisirs jeunes (CLJ) de la police des Bouches-du-Rhône organise des rencontres en mer avec des jeunes des quartiers défavorisés de la ville. Le but : renouer des liens et retrouver une forme de confiance dans les forces de l’ordre.
Anis, 13 ans, s’extasie devant le bleu de la Méditerranée, tout en trépignant d’impatience à l’idée de plonger dans l’eau turquoise. Le jeune garçon a été repéré par Mohamed Benmeddour, de l’association Apis. Le médiateur prend en charge des jeunes des banlieues nord de Marseille toute l’année. Mais cette fois, il a décidé d’emmener une quinzaine d’entre eux découvrir le littoral marseillais.
« Ces jeunes vivent dans des quartiers enclavés où il faut au moins une heure de transports en commun pour aller jusqu’au littoral », constate le médiateur de rue sur Le Figaro. « Beaucoup sont issus de familles monoparentales qui n’ont pas les moyens de payer un bateau pour découvrir le littoral depuis la mer. Là, on leur montre des poissons, on leur explique la réglementation… Et au moins, ils ne restent pas au quartier à ne rien faire ! »
Partis de la base nautique des Corbières, à l’Estaque, ces jeunes vont, non seulement découvrir le littoral marseillais, être initiés à la préservation des fonds marins, mais surtout réapprendre la confiance auprès de policiers.
« Quand on appelle pour faire partir les dealers par contre, ils ne viennent pas »
En effet, le pilote, en short et t-shirt, Moktar, n’est autre qu’un policier, membre du Centre de loisirs jeunes (CLJ) de la police des Bouches-du-Rhône. Anis s’en étonne et rétorque : « Les policiers, ils ne sont pas là quand on a besoin d’eux. »
L’adolescent, qui vit aux Bleuets, ne décolère pas depuis l’affaire toute récente de demande de la fermeture de la mosquée des Bleuets par la préfecture de police des Bouches-du-Rhône. « La dernière fois qu’ils sont venus dans la cité, c’était pour la mosquée. Quand on appelle pour faire partir les dealers par contre, ils ne viennent pas », fulmine le jeune.
« Si vous faites des bêtises, on n’est pas cool. Il faut juste ne pas faire de bêtises »
Moktar, patiemment, entame une discussion, rappelant que, souvent les policiers sont bien présents mais en civil, donc peu repérables.
Entretemps, la baignade et les sauts ont commencé sur le bateau et les jeunes en profitent bien. Finalement, Anis, lassé des saltos dans la Méditerranée et frigorifié par le mistral qui se lève, vient s’asseoir auprès de Moktar. « Je suis bien là, déclare-t-il. Et puis comme ça, on va faire connaissance avec le policier. »
Le retour au port se fait dans une bonne ambiance et l’adolescent répond à l’affirmative quand Moktar lui demande s’il est content de l’avoir rencontré. « Oui, mais, vous, vous êtes cool », précise Anis, auquel Moktar rétorque : « Mais on est tous cool. Si vous faites des bêtises, on n’est pas cool. Il faut juste ne pas faire de bêtises. »
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