ENTRETIEN – Théo Am’Saadi est délégué national des jeunes républicains et soutien de l’aile historique du Parti. Il réagit dans Epoch Times à la nomination de Michel Barnier au poste de Premier ministre et au lancement de l’Union des droites pour la République (UDR) le 31 août par Éric Ciotti.
Epoch Times : Michel Barnier a été nommé Premier ministre jeudi. Il est issu de votre famille politique, quelle est votre réaction ?
Théo Am’Saadi : À titre personnel, sa nomination est de nature à me rassurer. Le risque de voir le Nouveau Front populaire s’installer à Matignon était insupportable. Michel Barnier est un homme politique de droite qui bénéficie d’une expérience certaine et d’une autorité naturelle. Dans cette période troublée, c’est un atout évident.
Mais la question n’est pas seulement le casting et nous allons rester attentifs à la politique qui va être menée. C’est tout le sens du pacte législatif que nous avons proposé. Notre objectif est de faire appliquer une politique résolument de droite. Michel Barnier doit réussir à répondre à ce défi.
Comment Laurent Wauquiez, Bruno Retailleau et Gérard Larcher comptent-ils se positionner par rapport au futur gouvernement Barnier ?
Les parlementaires de la droite républicaine ont tout de suite dit qu’ils allaient avoir une attitude responsable quel que soit le Premier ministre qui était nommé. Tous ont salué la nomination de Michel Barnier.
Notre objectif est maintenant de faire appliquer notre pacte législatif et tourner enfin la page du « en même temps ». Si le futur gouvernement propose des textes sur l’immigration, le pouvoir d’achat et les finances publiques, les députés et les sénateurs LR les voteront. Par ailleurs, nous combattrons toutes les propositions démagogiques portées par le NFP et en particulier par la France Insoumise.
Vous avez co-signé au mois de juin une tribune dans laquelle vous appeliez au départ d’Éric Ciotti de la présidence des Républicains. Aujourd’hui, le député des Alpes-Maritimes est toujours officiellement à la tête du Parti. D’autres procédures d’exclusion sont-elles prévues ?
Politiquement, la situation a été réglée par le bureau politique. Éric Ciotti n’est plus notre président, il ne s’exprime donc plus en notre nom.
Juridiquement, la question est renvoyée à la décision de justice du 14 octobre, c’est-à-dire le jugement sur le fond. Mais nos chemins se sont d’ores et déjà séparés. Nous avons vocation, derrière Laurent Wauquiez, à construire une droite républicaine indépendante capable de transformer le pays.
Éric Ciotti a annoncé le 31 août à l’occasion de sa rentrée politique le lancement de son nouveau parti politique, l’Union des droites pour la République (UDR), une référence à l’Union des démocrates pour la République de Charles de Gaulle. Qu’en pensez-vous ?
Pourquoi lancer un nouveau parti ? Il aurait dû directement rejoindre le Rassemblement national. Cela aurait été plus lisible pour tout le monde.
Mais il y a quelque chose d’assez étonnant dans l’attitude d’Éric Ciotti. Il persiste à vouloir être président des LR, et en même temps, il appelle les militants à adhérer à un nouveau mouvement. Ce n’est ni cohérent pour le débat politique, ni respectueux vis-à-vis des militants LR qui travaillent depuis des années pour le Parti.
Le lancement de l’UDR est juste une aventure personnelle. Cela n’a rien de gaulliste puisque le général de Gaulle, c’était l’aventure d’une nation, et le sens de l’intérêt général. Le projet d’Éric Ciotti est simplement l’intérêt d’un homme et d’un camp. Éric Ciotti est simplement devenu la béquille de Marine Le Pen.
Pour vous, l’union des droites est donc une impasse ?
L’union des droites en tant qu’alliance de diverses structures partisanes est, à mon sens, une impasse car nous défendons des projets différents. Avec Laurent Wauquiez, nous voulons faire du travail la valeur cardinale de notre société quand le RN défend une société de l’assistanat. Est-ce que l’ambition de la droite doit être de faire subsister le « et de droite et de gauche » d’Emmanuel Macron par le « ni de droite ni de gauche » de Marine Le Pen ? Je ne le pense pas. Je veux défendre une droite authentique. La droite républicaine est l’héritière du parti du général de Gaulle. Et nous n’avons pas d’autre vocation que celle de diriger le pays, pas d’être une force supplétive du Rassemblement national.
Notre ambition n’est pas de faire l’union des structures mais de reparler à tous les électeurs de droite et à tous les Français. Je crois que le discours de Laurent Wauquiez peut réussir à parler à tous. C’est la raison pour laquelle je souhaite que la droite républicaine se reconstruise derrière lui. Ma génération prendra une part active à cette refondation.
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