Le ministre français de l’Intérieur Bruno Retailleau a jugé mercredi qu’« on ne pourra plus faire comme avant » en matière d’immigration sur l’archipel de Mayotte, dévasté par un cyclone, promettant d’être « beaucoup plus dur vis-à-vis des Comores ».
« On sait très bien qu’il y a une politique comorienne qui consiste finalement à laisser partir (…) Il y a une forme, le mot est sans doute trop fort de guerre hybride si j’ose dire, en poussant des populations vers Mayotte pour susciter une sorte d’occupation clandestine », a déclaré le ministre sur la chaîne BFMTV.
La cheffe des Écologistes Marine Tondelier a déploré sur la chaîne Public Sénat que M. Retailleau ait lancé cette polémique « dans des moments tragiques, des moments de drame humain ».
« Bien sûr, c’est le moment », a répondu Bruno Retailleau. « On a laissé les Mahorais seuls devant leur malheur, avec cette immigration qui est totalement incontrôlée (…) Il faut changer les règles », a répété le ministre, qui demande une remise en cause du droit du sol à Mayotte.
« Je ne pense pas que les migrants soient la cause du cyclone qui a ravagé cette île. Ce qui est la cause du cyclone qui a ravagé cette île, c’est le climat », a rappelé l’élue écologiste.
Méconnaissance de Mayotte et des Comores
Bruno Retailleau « ne connaît rien » à l’histoire de Mayotte, a taclé de son côté le secrétaire national du Parti communiste français Fabien Roussel, n’hésitant pas assimiler les Comoriens aux Mahorais comme « un seul et même peuple », du fait qu’ils partagent « la même couleur de peau ». « Ils sont tous musulmans », renchérit-il sur la radio RTL.
« Les Mahorais n’ont jamais été comoriens, et ne le seront jamais », avait affirmé en mai 2023 le député LR de Mayotte Mansour Kamardine, qui dénonçait la « volonté de colonisation de Mayotte » par les Comoriens.
Ne maîtrisant visiblement pas le sujet, l’élu communiste se trompe lui-même en affirmant qu’« ils parlent la même langue », tandis qu’il passe discrètement sous silence les tensions communautaires existant sur l’île, département français isolé dans l’archipel des Comores, qui suscite bien des envieux de par ses prestations sociales.
« Aujourd’hui, vous avez une forte population d’origine étrangère qui est une majorité qui s’impose, avec sa culture et sa langue, faisant reculer l’identité mahoraise – on a le même débat en France métropolitaine : cette situation est inacceptable », dénonce le député Kamardine.
Les Comores ont choisi l’indépendance, pas les Mahorais
« Les Mahorais et les Comoriens ne s’entendent pas parce que les Comoriens ne respectent pas le choix des Mahorais dans leur appartenance à la France », explique Fahad Idaroussi Tsimanda. « La France s’est basée sur sa Constitution pour demander le consentement des populations concernées lors d’un référendum en 1974 : les Comores ont décidé d’être indépendantes et non les Mahorais ».
« Les Comoriens participent à l’immigration clandestine, ce qui accroît leur vulnérabilité en n’étant pas répertoriées, en vivant dans des bidonvilles… », poursuit le professeur d’université de Montpellier 3.
Mayotte, département le plus pauvre de France, compte officiellement 320.000 habitants, « mais on estime qu’il y a 100.000 à 200.000 personnes de plus, compte tenu de l’immigration illégale », indiquait lundi à l’AFP une source proche des autorités. Près de la moitié de la population est composée d’immigrés venus des Comores voisines ou d’autres pays d’Afrique, selon l’Institut national de la statistique.
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