LIFESTYLE

Mayotte, palmes aux pieds

février 20, 2016 9:00, Last Updated: février 20, 2016 22:51
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Le grand lagon fermé du 101e département français est le cadre idéal pour un sport en vogue : la randonnée aquatique.

Ylang-ylang ou jasmin ? Nos nez encore peu exercés aux effluves de l’île hésitent en descendant de l’avion sur Petite-Terre. Colliers de fleurs, chants mahorais, jus de baobab et promesse d’une eau à 28 °C, il n’en faut pas plus pour effacer la nuit d’avion. À peine une heure de décalage horaire ici : c’est un jour de vacances gagné ! Le temps de troquer le manteau parisien contre le paréo et nous embarquons vers les îlots de sable blanc du sud de Grande-Terre, formés de poudre de corail entassée là par les courants. À marée haute, ils disparaissent presque totalement. À marée basse, c’est une étape incontournable lors des sorties d’observation des baleines et des dauphins.

La sortie en mer

Pour l’heure, le sable est brûlant. Impossible d’y débarquer. Nous glissons du bateau et donnons les premiers coups de palme vers le « platier », longue terrasse sous-marine que l’eau couvre et découvre au rythme des marées et qui descend en pente douce vers les tombants. Cette première sortie est une prise de contact pour l’évaluation de nos niveaux sportifs : entre ceux qui s’essoufflent à nager à contre-courant, les bons nageurs qui se laissent happer par la vie sous-marine et ceux pour qui elle restera un secret faute de masque à verres correcteurs adapté à leur myopie… Le bateau de sécurité doit veiller au grain ! Quelques conseils bien ciblés et nos nages palmées se synchronisent…

Le soir, en naviguant vers l’hôtel, nous croisons une bande de dauphins longs becs qui nous offrent un festival de saltos ! Fébrilement nous préparons masques et tubas puisqu’on nous a promis, photos à l’appui, qu’on nage ici autant avec les dauphins qu’avec les baleines. « Inutile », précise notre guide. « Ceux-ci sont craintifs et ne se laisseront pas approcher mais Mayotte compte 15 espèces de dauphins nous chercherons demain une espèce que la présence humaine ne stresse pas. Par exemple celle des cousins de Flipper ! »

Les tortues vertes nagent à quelques brasses du jardin Maoré. (Marie-Noëlle Delfosse)

Le lendemain la mise à l’eau se fait sur la plage de notre hôtel : le jardin Maoré. Dans deux mètres d’eau et à trois brasses des bungalows, 150 à 200 tortues vertes à écailles ont coutume de brouter l’herbier. La nuit, elles profitent d’une marée haute pour venir pondre dans les buissons près du rivage, mais le jour elles nagent, indifférentes ou presque à l’excitation des nageurs. Pour les repérer, il suffit de chercher leurs petites têtes brunes trouant la surface où elles viennent furtivement reprendre un peu d’air. La biologiste en stage à l’hôtel nous a « cadrés » la veille, à l’heure du punch. Personne ne s’accroche donc bêtement aux carapaces et on reste à distance !

Le tour de l’île

Retour sur le bateau pour un tour de l’île et de sa mangrove. La pluie nous y surprend et les couleurs sont encore plus chaudes. Après deux heures de « cabotage » nous choisissons pour déjeuner une plage où les tortues ont laissé les empreintes de leur ponte nocturne dans les buissons. Certaines sont sans traces de leur retour vers la mer… Braconnage ou prédateurs ? C’est Attoumani, guide mahorais très investi dans la défense de son île, qui répond le lendemain à toutes nos questions, tout en marchant sur le sentier de l’ylang-ylang. Au village de Bouéni, les femmes se maquillent pour le concours du village le plus accueillant et rejoignent en chantant les hommes déjà aux tambours sur la plage. Certains d’entre-nous dansent et les autres apprennent tout de la distillation de la fleur, de l’économie et de la politique de l’île en discutant avec les villageois.

Le Maki de Mayotte considéré comme une des sous-espèces du lémur fauve (Eulemur fulvus) de Madagascar. (Marie-Noëlle Delfosse)

Située à mi chemin de Madagascar et du continent africain, Mayotte en a les parfums et les couleurs. Mayotte est pourtant devenu le 101e département français depuis le 31 mars 2011. Sans surprise puisqu’au référendum sur l’indépendance de 1973, cette collectivité d’outre-mer s’était « détachée » de l’archipel des Comores en demandant la départementalisation comme l’y autorisait la loi sur l’outre-mer de février 2007. Depuis, la population s’impatiente de ne pas voir ses îles tirées vers le haut car elles souffrent depuis longtemps d’un problème devenu d’actualité sur le continent : l’immigration clandestine venue des Comores voisines. Ici aussi les migrants sont attirés par la richesse du nouveau département français. 40% du total des reconduites à la frontière aurait lieu à Mayotte…Conséquence de cette démographie galopante : les salles de classes sont bondées et le chômage ne baisse pas. On n’y sent par contre aucune hostilité envers les touristes comme cela a pu être le cas pour un autre département d’outre-mer, quand il revendiquait son indépendance. L’île de la Lune l’a voulu et ne regrette rien : elle est française.

Y aller

  • Une compagnie aérienne : Air Austral assure 12 vols par semaine depuis CDG via La Réunion, (ce qui permet de voir les deux destinations) et proposera des vols directs à partir de juin 2016. Durée actuelle du vol : environ 12 heures avec la correspondance.
  • Le tour opérateur : Mango Dream est spécialiste de l’océan indien.

Tél : 01 47 71 73 74    www.mango-dreams.fr.

L’hôtel Le Jardin Maoré est bien placé pour la randonnée palmée. Une semaine vol compris : 1 400€. Combiné avec Madagascar au même prix.

  • Un Service des Transports Maritimes avec transport de véhicules ainsi que des barges piétons assure la liaison en 15 minutes entre Grande-Terre et Petite-Terre (sur Facebook : Mayotte la barge).

Fiche d’identité du pays

  • Situé à l’entrée du canal du Mozambique, les îles de Mayotte se trouvent dans l’océan Indien entre l’Afrique et Madagascar. À 8 000 km de Paris.
  • Géographie : deux îles, Petite-Terre, capitale administrative où se trouve l’aéroport et Grande-Terre que l’on rejoint en barge.
  • Langue officielle : français.
  • Santé : pas de vaccins exigés à l’entrée. Paludisme : risque faible, voire nul, en saison sèche. Mais prévoir une protection efficace contre les piqûres de moustique (dengue et chikungunya présents).
  • Décalage horaire : -2 heures en hiver, -1 heure en été.
  • Électricité 220 volts (prises européennes)
  • Monnaie : euro. On est en France et Mayotte fait partie de l’Europe.
  • Religion majoritaire : islam modéré
  • Climat tropical maritime : saison des pluies (chaude) de novembre à mai (27 à 30°C) et saison sèche et«  fraîche » : de mai à octobre (22 à 25°C). Les météorologues ont constaté sur l’île une hausse de température de 1,5% en 10 ans et une augmentation du niveau de la mer de 5 cm sur la même période. On va vers un assèchement de la saison sèche et des saisons de pluie plus fortes…

Combiner randonnée aquatique et terrestre

  • Snorkeling, PMT(palmes, masque et tuba), randonnée aquatique : derrière ces trois vocables se cache une seule pratique : nager en eau libre et en surface, équipé de palmes, masque et tuba et vêtu d’une combinaison en néoprène. L’itinéraire s’adapte au niveau des nageurs, avec acheminement en bateau sur les sites les plus intéressants. La Fédération de sports sous marins attribue un label Rand’eau aux clubs initiateurs. Côté randonnée terrestre, le tour de Petite-Terre se fait en deux jours. À la journée : le mont Combani, Le mont Choungui, le lac Dziani-Moya et Mamoudzou. Combinés possibles randonnée aquatique et marches autour de Grande-Terre.
  • Équipement : palmes, masque (avec verres correcteurs au besoin), tuba avec clapet anti-refoulement et shorty en néoprène. Les prestataires peuvent prêter le matériel mais une combinaison à sa taille est plus confortable.
  • Quand ? Dauphins et tortues sont là toute l’année ; les baleines de juillet à octobre. L’eau est à peine plus trouble à la saison creuse (décembre à mars) et offre de beaux tête-à-tête avec les poissons…
  • Faune et flore remarquables : lémuriens, roussettes, tortues vertes et tortues imbriquées, dauphins et baleines à bosse et tous les poissons des récifs coraliens (barracudas, raies, rascasses volantes…), Baobabs, Bambous géants, manguiers.
  • Guides : Petit Futé ou Routard. – http://guide-mayotte.fr.
  • Comité départemental du tourisme : www.mayotte-tourisme.com
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